Le Souvenir Zéro. Джек Марс
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Ou Kent.
Ou Zéro.
Ou Papa.
Alors, qui suis-je au juste ?
Il n’en savait rien. Mais il savait qu’il fallait qu’il le découvre par lui-même, parce que l’existence qu’il menait n’était pas une vie.
CHAPITRE DEUX
Zéro fut soulagé de ne pas avoir à parler d’elles. Et Alan n’était pas idiot : il n’avait posé aucune question sur les filles.
Reidigger resta encore quarante-cinq minutes avant de se lever de son transat, de s’étirer et d’annoncer comme à son habitude qu’il ferait mieux de retourner à son train-train.” Zéro lui fit une brève accolade, puis un signe de la main alors qu’il démarrait son pick-up et quittait l’allée, le remerciant silencieusement de ne pas avoir demandé des nouvelles de ses filles parce qu’en fait, si Alan lui avait demandé comment elles allaient, Zéro n’aurait pas été capable de répondre.
Il trouva Maria dans la cuisine avec un tablier par-dessus ses vêtements de travail, en train d’émincer un oignon. “Vous avez passé un bon moment ?”
“Ouais.”
Silence. Juste le bruit rythmé du couteau contre la planche à découper.
“Tu es prêt pour ce soir ?” demanda-t-elle au bout d’un long moment.
Il acquiesça. “Ouais, absolument.” Il ne l’était pas. “Qu’est-ce que tu prépares ?”
“Bigos.” Elle vida ce qui se trouvait sur la planche à découper dans une grande cocotte sur le feu qui contenait déjà de la saucisse kielbasa fumée, du chou, et d’autres légumes. “C’est un ragoût polonais.”
Zéro fronça les sourcils. “Bigos. Depuis quand tu fais des bigos ?”
“C’est ma grand-mère qui m’a appris.” Elle esquissa un sourire énigmatique. “Il y a encore pas mal de choses que tu ne sais pas sur moi, Monsieur Steele.”
“J’imagine.” Il hésitait, se demandant quelle était la meilleure façon d’aborder le sujet qu’il avait en tête. Puis, il décida que le mieux était d’être direct. “Hum… Et au fait, ce soir, tu crois que tu pourrais essayer de ne pas m’appeler Kent ?”
Maria s’arrêta, la lame de son couteau au-dessus d’un champignon séché. Elle fronça les sourcils, mais hocha la tête. “Ok. Comment veux-tu que je t’appelle ? Reid ?”
“Je…” Il allait acquiescer, quand il réalisa qu’il ne le voulait pas vraiment non plus. “Je ne sais pas.” Peut-être, pensa-t-il, qu’elle pourrait juste éviter de m’appeler tout court.
“Euh.” À voir son expression, il était évident qu’elle était inquiète et qu’elle voulait savoir ce qui se passait dans sa tête, mais ce n’était pas le moment de discuter de tout ça. “Et si je t’appelais seulement ‘cookie’ ?”
“Très drôle.” Il sourit malgré lui.
“Ou ‘cupcake’ ?”
“Je vais aller me changer.” Il venait de quitter la cuisine quand Maria le rappela en rigolant.
“Attends, j’ai trouvé. Je vais t’appeler ‘mon petit cœur en sucre.’”
“Je t’ignorerai,” lui répondit-il. Il appréciait ce qu’elle était en train de faire : tenter de détendre l’atmosphère avec un peu d’humour. Mais, alors qu’il atteignait le sommet du petit escalier menant à la mezzanine, l’anxiété le gagna à nouveau. Il était content qu’Alan soit venu, car il avait pu penser à autre chose. Il remerciait Alan de ne pas avoir parlé des filles car, ainsi, il n’avait pas eu à affronter la réalité ou ses souvenirs. Mais il ne pouvait plus l’éviter maintenant.
Maya venait dîner chez eux ce soir.
Zéro inspecta son jean, s’assura qu’il était exempt de trous ou de taches de café, puis troqua son tee-shirt contre une chemise rayée.
Tu es un menteur.
Il passa un coup de peigne dans ses cheveux. Ils devenaient trop longs et viraient lentement au gris, en particulier au niveau des tempes.
Maman est morte à cause de toi.
Il se mit de profil et s’inspecta dans le miroir, rejetant ses épaules en arrière et essayant de rentrer la petite bedaine qui s’était développée autour de son nombril.
Je te déteste.
Le dernier échange significatif qu’il avait eu avec sa fille aînée avait tourné au pugilat. Quand il lui avait dit la vérité sur la mort de leur mère dans la chambre d’hôtel du Plaza, Maya s’était levée de son lit. Elle avait commencé à parler d’une voix calme, mais elle était rapidement montée d’une octave. Son visage était devenu rouge pendant qu’elle l’insultait. Elle l’avait traité de tous les noms qu’il méritait. Elle lui avait dit exactement ce qu’elle pensait de lui, de sa vie et de ses mensonges.
Après ça, plus rien n’avait jamais été pareil. Leur relation avait instantanément et dramatiquement changé, mais ce n’était pas le plus triste. Au moins, elle était encore là physiquement à l’époque. Non, la combustion lente avait été bien pire. Après leur séjour à l’hôtel, une fois de retour dans leur maison d’Alexandria, Maya avait repris l’école afin de finir son année de première au lycée. Elle avait raté deux mois de cours, mais elle s’était plongée dans ses livres avec une intensité que Zéro avait rarement vue chez elle.
Puis, l’été était arrivé, mais elle était restée enfermée dans sa chambre à étudier. Il ne lui avait pas fallu longtemps pour comprendre ce qui se passait. Maya était diablement intelligent… trop intelligente pour son propre bien, disait-il souvent. Mais, dans ce cas, elle avait été trop intelligente pour son bien à lui.
Maya avait étudié et travaillé dur. De plus, grâce à un règlement peu connu dans la charte du district de son école, elle avait pu sauter la dernière année de lycée en passant et en réussissant tous les examens par anticipation. Elle avait obtenu son diplôme de fin d’études secondaires avant la fin de ce premier été, même s’il n’y avait eu aucune cérémonie, pas de chapeau carré et de robe, pas de défilé avec ses camarades de classe. Pas