Le Souvenir Zéro. Джек Марс

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Le Souvenir Zéro - Джек Марс Un Thriller d’Espionnage de L'Agent Zéro

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?” Elle leva les yeux en entendant son nom, et vit Greg la regarder avec l’air d’attendre sa réponse. “Oh. Ouais. C’est vrai.” Bon sang, il est encore en train de parler ?

      Greg n’était pas vraiment son petit ami. Du moins, ce n’était pas comme ça qu’elle voyait les choses. Ce n’était pas officiellement une relation sérieuse et engagée. Elle savait qu’il l’aimait bien, et ils s’étaient embrassés à quelques reprises, même si elle ne comptait pas le laisser aller plus loin que ça. Pourtant, elle ne pouvait s’empêcher de penser que c’était plus une question de statut pour lui qu’autre chose. Il venait d’une bonne famille, avec une mère en politique et un père haut placé à la NSA. Elle était la meilleure de sa classe et, selon l’avis de beaucoup, sûrement meilleure que lui dans la plupart des domaines, en particulier académiques. Certains des autres cadets de deuxième et troisième année plaisantaient en disant d’eux deux qu’ils étaient “le roi et la reine de la promo de West Point.”

      Il était beau, athlétique, et généralement plutôt gentil. Mais c’était aussi un égocentrique pur et dur, totalement inconscient de ses propres défauts.

      “Si vous voulez mon avis,” disait Greg, “Pierson aurait dû faire de la prison. Ma mère dit… Ma mère a été mairesse de Baltimore pendant deux ans, vous le saviez ? En tout cas, elle dit que sa négligence aurait suffi à le faire destituer ou, au moins, à le faire accuser quand il a quitté son poste…”

      Arrête de m’observer. Elle avait envie de le dire à haute voix, de le crier même, mais elle tint sa langue. Elle pouvait sentir à quel point son père voulait désespérément lui parler. C’était en partie pour ça qu’elle avait emmené Greg avec elle, afin qu’ils ne puissent pas aborder certains sujets durant sa visite. Elle savait qu’il voulait lui demander des nouvelles de Sara, qu’il voulait s’excuser, faire amende honorable et laisser toute cette sale histoire derrière eux.

      En vérité, elle ne le détestait pas. Plus maintenant. Haïr quelqu’un nécessitait de l’énergie, et elle mettait toute celle qu’elle possédait dans ses cours. Pour elle, c’était un faux problème. Cette visite n’était pas réconciliatoire, c’était de la bureaucratie. Du décorum. De l’étiquette. Les valeurs que l’académie instillait à ses cadets n’étaient pas entièrement applicables à la situation unique de Maya, mais elle en avait conclu qu’elle devait au moins garder contact avec l’homme qui l’avait élevée, cette coquille de son ancienne vie. Aussi, il fallait qu’elle se prouve qu’elle pouvait encore se tenir dans la même pièce que lui.

      Mais, à présent, elle souhaitait ne jamais être venue ce soir.

      “Alors,” dit soudain Maria. Greg s’était arrêté de parler assez longtemps pour fourrer un peu de ragoût dans sa bouche, et Maria sauta sur l’occasion de ce répit temporaire. “Maya, tu as parlé à ta sœur récemment ?”

      Elle fut prise de court par la question. Elle se serait attendue à ce que son père la lui pose, mais pas Maria. Toutefois, c’était une occasion comme une autre de mettre en pratique les compétences qu’elle avait développées. Elle refoula l’instinct d’afficher la moindre expression pouvant la trahir et se contenta d’un léger sourire.

      “Oui,” répondit Maya. “Pas plus tard qu’hier, en fait. Elle va bien.” Seule la moitié de ce qu’elle venait de dire était un mensonge.

      “Tu as une sœur ?” demanda Greg.

      Maya acquiesça. “Elle a deux ans de moins que moi. Elle est en Floride dans un programme étude-travail. Elle est très occupée.” Un autre mensonge, mais elle le débita avec facilité. Elle devenait meilleure de jour en jour et en disait souvent des petits, au pied levé, juste pour s’entraîner et, devait-elle admettre, pour ressentir une pointe de frisson.

      “Et, euh…” Son père se râcla la gorge. “Elle s’en sort ? Elle a tout ce qu’il lui faut ?”

      “Mm-hum,” répondit brièvement Maya sans le regarder. “Tout va bien.”

      Greg minauda en se tournant vers son père. “Vous demandez ça comme si vous ne lui parliez pas, Monsieur Lawson.”

      “Comme Maya l’a dit,” répondit son père à voix basse, “Sara est très occupée.”

      Maya savait que son propre départ soudain avait été un véritable coup dur pour lui. Mais si tel était le cas, alors celui de Sara avait été une attaque mortelle.

      Durant ce premier été, seulement quelques mois après que leur père sauve la vie du Président Pierson, qu’il leur révèle la vérité sur la mort de leur mère et que la tension à la maison atteigne des sommets, Maya avait fait part de ses plans à sa sœur. Elle avait dit à Sara qu’elle avait passé l’examen de fin de lycée et qu’elle était en cours d’admission à West Point.

      De toute sa vie, elle n’oublierait jamais l’expression paniquée sur le visage de sa petite sœur. Je t’en prie. S’il te plaît, ne fais pas ça, l’avait suppliée Sara. Ne me laisse pas seule avec lui. Je ne le supporterai pas.

      Même si ça lui avait brisé le cœur, Maya avait un plan et comptait le mener à bien. Aussi, Sara avait fait le sien. Elle était allée sur internet et avait trouvé un avocat qui pouvait s’occuper de son cas pro bono. Puis, elle avait rempli un dossier d’émancipation. Elle savait que ce combat serait de longue haleine : il n’y avait aucune preuve ou indice de négligence, d’abus ou de quoi que ce soit du genre.

      Mais, à la grande surprise des deux sœurs, leur père ne s’était pas battu. Moins de deux semaines après le départ de Maya pour l’école militaire à New York, son père s’était rendu à la convocation du tribunal et, devant le juge, avait dit à sa fille âgée de quinze ans à l’époque que si elle désirait tant être libre qu’elle était prête à aller devant les tribunaux pour ça, alors elle pouvait avoir sa liberté.

      Ce soir-là, un autre événement s’était produit que Maya n’était pas près d’oublier. Son père l’avait appelée. Elle n’avait pas répondu. Elle le détestait toujours à l’époque. Il avait laissé un message sur sa boîte vocale qu’elle n’avait écouté que deux jours plus tard. Quand elle avait fini par le faire, elle l’avait regretté. D’une voix tremblante et hachée, il lui avait dit que Sara était partie. Il lui avait avoué mériter tout ça et plus encore. Il s’était excusé par trois fois et lui avait dit qu’il l’aimait.

      Il allait s’écouler six mois de plus avant qu’ils ne se parlent à nouveau.

      Mais Maya avait gardé le contact avec sa sœur. Après son émancipation, Sara avait empaqueté tout ce qu’elle pouvait emporter et était montée dans un bus. Elle avait atterri en Floride et pris le premier boulot qu’elle avait trouvé, en tant que caissière dans une friperie. Elle y travaillait toujours. Elle vivait en colocation dans une maison louée avec cinq autres personnes. Elle partageait une chambre avec une fille âgée de deux ans de plus qu’elle, et une salle de bains avec tous les autres.

      Maya s’assurait d’appeler sa sœur au moins une fois par semaine, et plus souvent encore quand son emploi du temps le lui permettait. Sara affirmait toujours qu’elle allait bien, mais Maya n’était pas sûre de pouvoir la croire. Elle avait quitté le lycée en promettant qu’elle y retournerait, mais elle ne l’avait jamais fait. Ces derniers temps, Maya n’essayait même plus de la convaincre d’y retourner. Elle poussait plutôt Sara à passer les tests GED, équivalence du diplôme académique de niveau lycée. Encore une chose que Sara clamait qu’elle ferait… un jour.

      Maya

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