Le Souvenir Zéro. Джек Марс
Чтение книги онлайн.
Читать онлайн книгу Le Souvenir Zéro - Джек Марс страница 9
Ils répondirent, mais Zéro ne les entendit même pas. Il était bien trop occupé à examiner cette personne relativement inconnue dans sa maison… et il ne parlait pas de Greg. Maya était en train de devenir une jeune femme, avec sa nouvelle coupe et ses vêtements impeccables, son petit ami, son école et ses objectifs de carrière… et il n’était pas inclus là-dedans. Dans rien de tout ça.
Malgré tout ce qui s’était passé, Maya n’avait pas dévié de l’objectif qu’elle s’était fixé presque deux ans plus tôt. Elle voulait être agent de la CIA. Plus que ça, elle voulait devenir la plus jeune agente de toute l’histoire de la CIA. Mais ça n’avait rien à voir avec le fait de suivre les traces de son père. Elle avait vécu des expériences traumatisantes, en particulier le fait d’avoir été kidnappée et remise à un réseau de trafiquants d’êtres humains. Voilà pourquoi elle voulait faire partie des protecteurs qui se battaient pour empêcher que ça n’arrive à d’autres jeunes femmes.
Une fois achevée sa dernière année de lycée, Maya avait postulé à l’académie militaire de West Point dans le dos de Zéro. Même si son bulletin était excellent, elle n’avait aucune expérience du corps d’entraînement des officiers réservistes, ni aucun plan de service militaire, donc elle ne représentait pas la candidate idéale. Mais elle avait une fois de plus prévu son coup.
Avec une ruse sacrément fourbe qui laissait présager d’une illustre carrière dans les opérations sous couverture, Maya était passée outre son père pour s’adresser à son collègue agent (et ami) Todd Strickland. Par son intermédiaire, et sous le prétexte d’être la fille de l’Agent Zéro, elle avait réussi à obtenir une lettre de recommandation du président de l’époque, Eli Pierson, qui avait pensé accorder ainsi une faveur personnelle à Zéro. Elle avait été acceptée à West Point et avait déménagé à New York avant la fin de ce premier été qui avait suivi la découverte de la vérité à propos de sa mère.
Zéro avait découvert tout ça alors qu’elle faisait ses valises. Il était déjà trop tard pour l’arrêter, même si ce n’était pas faute d’avoir essayé. Mais aucune supplique ne l’avait dissuadée.
Elle était à présent en deuxième année et, même si les liens entre le père et la fille étaient presque coupés, Maria prenait des nouvelles de Maya aussi régulièrement que possible et tenait Zéro au courant. Il savait qu’elle était la meilleure de sa classe, excellant dans tout ce qu’elle entreprenait et faisant la fierté de son université. Il savait qu’elle se dirigeait vers une grande carrière.
Il espérait juste que son chemin de carrière soit plus heureux que le sien qui avait conduit au meurtre de sa mère et ruiné ses relations avec son père.
“Alors.” Greg se râcla la gorge, assis à côté de Maya sur le canapé, tandis que Zéro était face à eux dans un fauteuil. “Maya m’a dit que vous êtes comptable ?”
Zéro esquissa un léger sourire. Bien sûr, Maya avait choisi un travail particulièrement fade pour sa couverture. “En effet,” dit-il. “En finance d’entreprise.”
“C’est… intéressant.” Greg s’efforça de sourire en retour.
Quel flagorneur. Qu’est-ce qu’elle lui trouve à ce type ? “Et toi, Greg ?” demanda-t-il. “Qu’est-ce que tu comptes faire ensuite ? Devenir officier ?”
“Non, non, je ne crois pas que ce soit fait pour moi.” Le gamin secoua la main comme s’il rejetait cette idée. “Je prévois de rejoindre la NCAVC. À l’UAC exactement…” Il s’interrompit et émit un petit rire. “Désolé, Monsieur Lawson, j’avais oublié que je parlais à un civil. Je veux devenir agent du FBI de l’Unité d’Analyses Comportementales à la Division des Crimes Violents. Vous savez, les types qui traquent les tueurs en série, les terroristes nationaux, etc.”
“Ça a l’air cool,” répondit platement Zéro. Bien sûr qu’il savait ce qu’était la NCAVC et l’UAC, tout comme n’importe quelle personne qui allume la télévision en prime time, mais il ne s’en vanta pas. En fait, il était presque sûr que si ce sale gosse en face de lui savait qu’il était l’Agent Zéro, il ravalerait son sourire mielleux pour se transformer en admirateur à ses pieds en moins de cinq secondes.
Mais il ne pouvait rien dire de tout ça. Aussi, il ajouta, “Ça semble ambitieux également.”
“Greg peut le faire,” claironna Maya. “C’est le premier des deuxièmes classes.”
“Ça veut dire ‘junior,’” expliqua Greg à Zéro. “Mais nous ne l’appelons pas ainsi à West Point. Et Maya est la meilleure des troisièmes classes.” Il tendit la main et serra doucement le genou de Maya.
Zéro dut se retenir physiquement de grimacer de dégoût. Soudain, il comprit pourquoi Maya était venue avec ce garçon. Il jouait plus qu’un simple rôle de tampon entre eux. Puisqu’il était ici, ils ne pouvaient pas parler ouvertement. Il n’y aurait pas de discussion sur la CIA ou sur le passé. Bon sang, il n’était même pas sûr de pouvoir lui demander ce qu’il voulait savoir avant tout, c’est-à-dire des avoir des nouvelles de Sara.
Le départ de l’école de Maya l’avait anéanti. Mais Sara… même après tout ce temps, c’était comme si le clou dans le cercueil avait directement transpercé son cœur.
Greg parlait toujours, à propos du FBI et de faire le ménage à la suite du scandale qui avait ébranlé l’ancienne administration, et de sa famille qui avait des connexions, ou quelque chose du genre. Zéro ne l’écoutait pas. Il la regardait elle, sa fille, la jeune femme qu’il avait élevée et à qui il avait donné tout ce qu’il pouvait. Il avait changé ses couches, lui avait appris à marcher, à parler, à écrire, à jouer au ballon et à utiliser une fourchette. Il l’avait éduquée, prise dans ses bras quand elle pleurait, égayé ses journées quand elle n’avait pas le moral, collé des pansements sur ses genoux éraflés. Il lui avait sauvé la vie et causé la mort de sa mère.
Quand il levait les yeux vers elle pour essayer de croiser son regard, elle détournait les yeux.
Et c’est à ce moment-là qu’il comprit qu’il n’y aurait pas de réconciliation, du moins pas ce soir. C’était une formalité. C’était le moyen que Maya avait trouvé pour dire tu mérites de savoir que je suis vivante et que je vais bien, mais rien de plus.
Elle regardait au sol, le regard pensif, pendant que Greg pérorait sur une chose ou une autre. Son sourire s’évanouit et, alors qu’il disparaissait, les espoirs de récupérer sa fille s’envolèrent chez Zéro.
CHAPITRE TROIS
Maya trempa un bout de pain dans le ragoût polonais et se mit à le mâcher lentement. C’était délicieux, bien meilleur que la bouffe qu’ils servaient à l’académie, mais elle n’avait pas beaucoup d’appétit. Son père était assis en face d’elle à la petite table, avec Maria à sa gauche et Greg à sa droite.
Il la regardait à nouveau.
Elle regrettait d’être venue. Elle ne lui devait rien. Et elle savait qu’elle ne parviendrait pas à lever les yeux, à le regarder en face et à voir la douleur démasquée dans leurs regards. Au lieu de ça, elle gardait les yeux rivés sur un bout de kielbasa dans son assiette.
Être ici, dans cette nouvelle maison, et le voir vivre avec Maria, des cernes noirs se formant