Lutter Contre Tout Ennemi. Джек Марс
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Elle redéménagerait dans la seconde à l’Observatoire naval si elle le pouvait – si elle n’avait pas laissé l’endroit à quelqu’un d’autre. Sa nouvelle Vice-Présidente, Marybeth Horning, allait y emménager dans les prochains jours. Elle sourit en pensant à Marybeth – cette sénatrice ultra-libérale de Rhode Island – qui était occupée à mener une enquête sur une atteinte aux droits de l’homme au sein d’exploitations avicoles en Iowa, le jour où avait eu lieu l’attaque au Mont Weather. Marybeth était une défenseuse acharnée des droits des travailleurs et des femmes, de l’environnement et de tout ce qui tenait à cœur à Susan.
L’élever au poste de Vice-Présidente avait été l’idée de Kat Lopez. Une idée parfaite – Marybeth était une gauchiste tellement fervente que personne de la droite ne voudrait jamais que Susan soit assassinée. Ils finiraient avec leur pire cauchemar en tant que Présidente. Et le nouveau règlement des services secrets stipulait que Susan et Marybeth ne pourraient jamais se retrouver au même endroit au même moment, jusqu’à la fin du mandat de Susan – d’où l’absence de Marybeth aux festivités d’aujourd’hui. C’était un peu dommage parce que Susan aimait vraiment beaucoup Marybeth.
Susan soupira et regarda autour d’elle. Son esprit se mit à vagabonder. Elle repensa au jour de l’attaque. Ça faisait deux ans qu’elle et Thomas étaient un peu plus distants. Mais ça ne l’avait pas tracassée. Elle aimait son boulot de Vice-Présidente et David Halstram – le chef de cabinet de Thomas – veillait à ce que son emploi du temps soit toujours bien rempli de rendez-vous et d’événements, loin du Président.
Mais ce jour-là, David lui avait demandé d’être aux côtés du Président. La cote de popularité de Thomas avait chuté et le Président de la Chambre avait demandé sa destitution. Il était assiégé de toutes parts, tout ça parce qu’il ne voulait pas entrer en guerre avec l’Iran. Bien sûr, le Président de la Chambre à cette époque, c’était Bill Ryan, l’un de ceux qui avaient comploté le coup d’état et qui, à cet instant précis, était incarcéré dans une prison fédérale, en attendant d’être transféré dans le couloir de la mort.
Elle se revit, occupée à examiner une carte du Moyen-Orient dans ce même bureau, en compagnie de Thomas. Ils ne parlaient de rien de sérieux. Ils se contentaient de plaisanter. Ce n’était pas une véritable réunion stratégique, juste une conversation.
Soudain, deux hommes avaient fait irruption dans la pièce.
« FBI ! » hurla l’un d’entre eux. « J’ai un message important pour le Président. »
L’un de ces hommes était l’agent Luke Stone.
Sa vie avait changé à cet instant et elle n’avait plus jamais été la même. Son mariage avait presque été anéanti par un scandale. Sa fille avait été kidnappée. Susan avait vieilli de dix ans en six mois et elle avait dû essuyer plusieurs attaques terroristes et politiques.
Maintenant, elle se retrouvait à devoir dormir toute seule dans cette vieille maison pleine de courants d’air. Ils avaient dépensé un milliard de dollars pour rénover l’endroit et elle n’avait pas envie d’y vivre. Hum. Il allait falloir qu’elle en parle à Kat.
« Susan ? »
Elle leva les yeux et vit Kurt Kimball. Son apparition soudaine la tira hors de sa rêverie. Kurt était un homme de grande taille et aux épaules larges, avec une tête ronde et lisse comme une boule de billard. Son regard était vif et alerte. Il était l’image même de la vitalité à l’âge de cinquante-trois ans. Il était ce genre de personnes à penser que la cinquantaine, c’était un peu comme la trentaine. Jusqu’à ce qu’elle devienne Présidente, Susan aurait sûrement été de son avis. Mais maintenant, elle n’en était plus aussi sûre. Il lui restait deux ans avant la cinquantaine. Et si les choses continuaient comme ça, au moment où elle atteindrait ce cap, la cinquantaine allait plutôt être pour elle l’équivalent de la soixantaine.
« Salut, Kurt. »
« Susan, l’agent Stone est là. Il a interrogé Don Morris au Colorado hier soir. Il pense avoir des informations qui pourraient nous intéresser. Je ne lui ai pas encore parlé, mais mes hommes m’ont appris qu’il avait été impliqué dans un incident quand il est rentré ce matin à Washington. »
« Un incident ? Quel genre d’incident ? » Ça n’avait pas l’air d’être une bonne nouvelle. Mais en même temps, quand est-ce que l’agent Stone n’avait pas été, d’une manière ou d’une autre, impliqué dans un incident ?
« Il y a eu une fusillade à Georgetown. Deux hommes dans un pickup ont apparemment essayé de le tuer. Luke en a descendu un, mais l’autre a réussi à s’enfuir. »
Susan regarda Kurt. « Est-ce que ça a quelque chose à voir avec Don Morris ? »
Kurt secoua la tête. « On ne sait pas. Mais c’est arrivé à deux pâtés de maisons de l’appartement de Trudy Wellington. Comme vous le savez, Wellington a disparu, mais apparemment Stone s’est rendu directement à son appartement après son entrevue avec Morris. Tout ça, c’est plutôt… inhabituel. »
Susan prit une profonde inspiration. Stone lui avait plus d’une fois sauvé la vie. Il avait également sauvé sa fille des griffes de kidnappeurs. Il avait sauvé d’innombrables vies au cours de l’attaque de l’Ébola et la crise nord-coréenne. Il avait même rendu service au monde en assassinant au passage le dictateur de la Corée du Nord. C’était un atout inestimable pour Susan. C’était un peu son arme secrète. Mais il était également instable. Il était violent et il s’impliquait parfois dans ce qu’il ne devrait pas.
« En tout cas, » dit Kurt, « il est ici pour faire son rapport. Je pense qu’on devrait inaugurer la nouvelle salle de crise et entendre ce qu’il a à nous dire. »
Susan hocha la tête. C’était presque un soulagement d’avoir quelque chose à se mettre sous la dent. La salle de crise de la Maison Blanche était un espace dédié uniquement à cet effet et ça n’avait rien à voir avec la salle de réunion qu’ils avaient utilisée à l’Observatoire naval. C’était un centre de commandement entièrement rénové et mis à jour, avec tout un équipement de pointe. Cela leur permettrait d’augmenter considérablement leur capacités stratégiques – en tout cas, c’était ce qu’on lui avait dit.
Le seul problème ? C’était que c’était au sous-sol et que Susan aimait les fenêtres.
« Donne-moi juste une minute pour aller me changer, OK ? » Susan montra la robe de designer qu’elle portait. « Je ne pense pas que ce soit très indiqué pour une réunion des renseignements. »
Kurt sourit. Il la regarda de haut en bas.
« Non, viens comme ça. Tu es superbe. Ils seront impressionnés – ça veut dire que tu t’es remise direct au travail après l’inauguration. »
Luke se trouvait dans l’ascenseur qui descendait vers la salle de crise. Il était fatigué – il avait été interrogé pendant deux heures par la police de Washington, avant de pouvoir se reposer quelques heures. Il avait complètement raté la cérémonie d’inauguration de la Maison Blanche.
Mais la reconstruction du bâtiment et son inauguration n’étaient pas vraiment des priorités à ses yeux. En entrant, il avait à peine fait attention aux lieux et à la foule qui s’extasiait devant.