Masques De Cristal. Terry Salvini

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Masques De Cristal - Terry Salvini

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reçu de réponse convaincante.

      –J'ai trébuché dans les escaliers de l'hôtel, à Paris, mais je ne me suis pas fait trop mal heureusement: juste un genou gonflé et quelques points à la tête.

      –Je fais un saut chez toi.

      –Pas maintenant. Je dois encore récupérer du voyage. Il ne manquerait plus qu'il vienne chez elle: il constaterait l'absence de Johnny.

      –Je viendrai plus tard, tu auras tout le temps de te reposer comme ça.

      –J'ai besoin de rester un peu au calme. N'insiste pas! Et je te préviens: si tu viens quand même, je ne t'ouvre pas.

      Quelques secondes de silence s'écoulèrent.

      –D'accord, mais on se voit pendant la semaine, compris?

      –C'est moi qui viendrai te voir dans ce cas, je suis souvent dans le coin de toute façon. Je verrai aussi Ester comme ça.

      –Ça lui fera sûrement plaisir. Parle-moi de cet homme maintenant: tu as dit l'avoir rencontré à l'hôpital. Un médecin?

      –C'est celui qui m'a recousue. Et je répète: ce type est le portrait craché de Jack avec la barbe; mais quand je l'ai entendu parler, je me suis dit que ça ne pouvait pas être lui: son anglais n'est pas parfait comme celui de l'autre, et la cadence est française. En plus, le personnel s'adressait à lui comme au docteur Jacques Legrand. Il est donc clair que ça ne peut pas être ton beau-frère. Il me regardait comme une inconnue.

      –Les hasards de la vie sont vraiment étranges…

      Loreley eut l'impression de percevoir un soupçon d'inquiétude dans la voix de son frère, en plus de la perplexité.

      –C'est aussi ce que j'ai pensé.

      –S'il te plaît, ne raconte pas à Ester ce que tu viens de me dire. Il lui a fallu du temps pour accepter la disparition de la seule personne de sa famille qu'il lui restait.

      –Bien sûr que non! Ne t'inquiète pas.

      –Et John?

      –Il va bien, bien mieux que moi. Il est au travail en ce moment. Elle en était certaine.

      –Salue-le pour moi. Je dois te laisser, désolé: j'ai une réunion dans quelques minutes. Préviens maman que tu es à la maison, et essaie de te reposer.»

      Encore du repos et pour recommencer à marcher correctement, il lui faudrait de la kinésithérapie! pensa-t-elle en soupirant.

      «Je dois retourner au travail demain ou Kilmer va vraiment me licencier.

      –Essaie de tenir bon avec lui, ne te laisse pas intimider. On se voit dans la semaine.»

      8

      Sonny referma le piano et plaça feuille et crayon sur le couvercle de l'instrument: la nouvelle composition exigeait beaucoup de concentration, qui lui manquait ces derniers jours.

      Il se leva de la banquette, sortit du studio et ouvrit la porte-fenêtre du salon pour aller au jardin: il avait besoin d'air froid pour se secouer.

      Depuis qu'il avait revu Loreley à la patinoire, il pensait souvent à elle et, bien qu'il cherche à s'impliquer dans son travail, il n'arrivait pas à chasser de son esprit les images de ce visage à la beauté nordique et de cette unique fois ensemble. Cela lui était déjà arrivé de coucher avec une femme pour une seule nuit et de dormir ensuite tranquillement; il ne comprenait pas pourquoi cela devait être différent avec Loreley, pensa-t-il en entendant un piétinement.

      Il vit la gouvernante, une femme d'âge moyen au visage émacié, s'approcher en secouant un vêtement gris foncé.

      «Monsieur Marshall, il fait froid dehors! Mettez cette veste, lui dit-elle dès qu'elle fut assez près pour la lui tendre.

      –Merci, mais je me sens bien comme ça.

      –Vous allez tomber malade avec seulement une chemise… Et à moitié ouverte en plus! Elle posa la veste sur son bras et ferma les premiers boutons de la chemise. Il l'arrêta.

      –Louise, je ne suis pas un enfant. Je sais ce que je fais.»

      Une bourrasque souleva un tas de feuilles mortes du sol: quelques-unes finirent dans les cheveux de la femme qui, agacée, tenta de les enlever. «Vous voyez quel temps? Il y aura bientôt une averse! Laissez-moi faire.» Elle le regarda d'un air résolu, de ses petits yeux sombres enfoncés dans leur orbite.

      Sonny lui prit la veste du bras et la posa sur ses épaules. Il savait qu'elle ne partirait pas avant qu'il ne se soit couvert. Le zèle de la gouvernante était parfois aussi agaçant qu'une piqûre de moustique, mais elle l'appréciait et semblait n'avoir d'autre façon de lui montrer son affection, sinon de le tenir à l'oeil.

      Quand Louise retourna à ses tâches, Sonny reprit sa promenade le long du sentier qui le mènerait jusqu'à la fontaine.

      Il la regarda à une certaine distance, se concentrant sur les deux jets d'eau: le premier se dressait pour ensuite s'incurver et retomber dans la vasque en dessous; le second au contraire descendait dans celle au sol en une cascade de minces ruisseaux.

      «Ester. Cascades et fontaines la fascinent…» murmura-t-il.

      Sa voix trahissait la souffrance qu'il éprouvait encore.

      Il secoua la tête: pourquoi encore penser à cette femme? Elle avait fait son choix et était heureuse avec Hans aujourd'hui; cela allégeait la douleur de l'avoir perdue. Un sourire amer lui échappa. Il ne pouvait pas perdre ce qu'il n'avait jamais eu.

      «Mais s'il n'était pas là, Ester serait ici avec moi maintenant, dans cette maison et…»

      Il chassa ces mots gênants de la main. Ça suffit! Il devait détourner son attention sur autre chose ou sur quelqu'un d'autre. Sur une jeune femme aux longs cheveux blonds et aux yeux bleus par exemple.

      Loreley revint occuper ses pensées, qui se troublèrent en cherchant un ordre logique, tandis que les images devenaient par moments nettes, par moments floues, suivant les souvenirs de cette unique nuit passée avec elle. Il éprouva le désir de l'avoir là, même juste pour bavarder, peut-être devant une coupe de champagne. Mais cette fille lui échappait toujours, elle ne semblait pas disposée à vouloir le revoir. L'idée qu'elle s'en était voulue de s'être donnée à lui ne le laissait pas en paix avec lui-même.

      Au diable! Les deux seules femmes qu'il avait aimées ne lui avaient procuré que des ennuis et de la souffrance: il n'avait pas l'intention d'en ajouter une troisième.

      «Salut Sonny! le salua une voix féminine dans son dos.

      Un léger soupir lui échappa avant de se retourner.

      –Salut, Lucy. Comment se fait-il que tu sois venue jusqu'ici? Le Comté de Nassau était loin de Manhattan.

      –Quel accueil chaleureux! Ne t'épuise pas trop à m'embrasser, je ne voudrais pas que tu froisses tes vêtements. Je ne le prends pas mal, et je te le prouve immédiatement…» Sans quitter son visage des yeux, elle agita une main en l'air, comme pour réclamer l'attention de quelqu'un.

      Sonny détourna le regard derrière elle et vit la gouvernante se diriger

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