Masques De Cristal. Terry Salvini

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Masques De Cristal - Terry Salvini

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ses intentions, ou me donner la possibilité de me défendre. Elle mit ses mains sur ses hanches. Tu sais quoi? Je ne sais pas s'il mérite une explication, ou même si c'est juste de lui donner une seconde occasion de remédier à son comportement!

      –Rien n'est juste dans tout ça et je n'ai aucune envie de prendre le parti d'un de vous deux. Il serra les lèvres et prit une profonde respiration. Écoute, je vous aime tous les deux et ça me fait mal de vous voir comme ça. Il ne va pas bien non plus, je t'assure. Désolé, mais je ne peux rien te dire de plus; parle avec John.

      –Et je fais comment pour lui parler si je ne sais même pas où il est?»

      Ethan ne répondit pas tout de suite: il semblait compter les carreaux du sol avec de petits pas nerveux, en avant et en arrière, les mains dans les poches; jusqu'à ce qu'il s'arrête à nouveau face à elle et la regarde droit dans les yeux. «John est à Los Angeles.

      –Merci, Ethan.

      –Bonne chance!»

***

      La maison des Wallace était une construction de trois étages en briques rouges dans la soixante-et-onzième rue, proche du croisement avec la West End Avenue. Loreley ne dut même pas prendre la voiture pour s'y rendre, parce qu'elle était distante d'à peine un peu plus de deux cents mètres de chez elle. Elle était rentrée du bureau à la maison pour se rafraîchir et changer de chemisier avant de se rendre chez les parents de son client.

      La dame qui lui ouvrit la regarda comme si elle était contrariée et Loreley comprit que son fils ne l'avait pas prévenue de son arrivée. Ce ne fut que lorsqu'elle se fut présentée et eut expliqué la raison de sa visite qu'elle put la voir sourire et entrer.

      Le salon dans lequel elle fut accueillie était meublé sobrement, avec une tendance vers l'ancien: aucun signe d'extravagance, même dans les couleurs de la tapisserie ou dans un objet. Tout semblait à sa place, dans un ordre presque maniaque.

      La maîtresse de maison la fit s'installer sur un canapé de velours crème, avec une série de coussins de la même couleur appuyés contre le dossier.

      «Je peux vous offrir un thé, Mademoiselle Lehmann?» lui demanda la femme, debout, dans une posture raide.

      Loreley l'examina: robe noire, juste sous le genou, escarpins à talon moyen et des cheveux châtains lisses ramenés sur la nuque. Elle n'avait pas une trace de maquillage, mais semblait prête pour sortir. Et vite encore! Ses manières plutôt expéditives le confirmaient.

      «Non, merci, Madame Wallace; ça va comme ça.»

      Elle entendit la serrure de la porte d'entrée se déverrouiller, et des pas. Peu après, un jeune homme grand et mince apparut sur le seuil. D'aspect, il semblait avoir une trentaine d'années et ressemblait à madame Wallace, Loreley en déduisit donc qu'il s'agissait de Michael. Il ne semblait pas du tout être le frère de Peter, qui avait sûrement pris de son père.

      Il se tourna vers Loreley. «Bonjour, Maître Lehmann. J'espère que vous n'avez pas dû attendre trop longtemps. Il lui serra la main.

      –Michael, tu l'as fait exprès de ne rien me dire? intervint la mère. Qu'est-ce que tu me caches?

      Le jeune homme leva les yeux au ciel.

      –J'ai été occupé et j'ai oublié de te prévenir. Ne recommence pas à voir des complots partout.»

      La mère le foudroya du regard.

      «Je ne pensais pas que tu devais sortir justement maintenant» s'excusa-t-il.

      Madame Wallace parut peu convaincue, mais son fils ne se démonta pas.

      «Très bien! Elle s'adressa à Loreley. Ce fut un plaisir de rencontrer l'avocate de mon fils. Je suis désolée de ne pas être venue au tribunal, mais je ne raterai pas la prochaine audience. Je dois y aller maintenant: comme vous venez de l'apprendre, j'ai un rendez-vous» lui dit-elle en prenant congé.

      Loreley se réinstalla sur le canapé, tandis que Michael prenait une chaise rembourrée et s'asseyait devant elle.

      «Excusez-moi. Ma mère a ses délires paranoïaques.

      –J'aurais préféré parler avec madame également, il me semble vous l'avoir dit.

      Le jeune homme croisa les bras sur son torse et ensuite les jambes.

      –C'est mieux de laisser ma mère hors de cet entretien.

      Loreley fronça les sourcils.

      –Et pourquoi donc?

      –Vous voyez, c'est une femme très à cheval sur ses convictions et avec un sens moral très prononcé, ou un sens de ce qu'elle entend par ce mot. Disons qu'elle est un peu intolérante. Pour elle, Peter est un fainéant, capable seulement de créer des problèmes.

      –Vraiment?

      –Bien sûr, tout dépend de ce qu'une mère attend de son fils: la mienne a toujours voulu trop. Mais je dois admettre que cette fois, le problème que Peter a causé est vraiment gros, plus que lui… Et que nous.

      –Et vous, quelle est votre relation avec votre frère?

      –Et bien, quand j'étais petit, Peter se comportait avec moi comme si j'étais celui qui lui enlevait l'attention de maman, et pour se venger il me pinçait, pour que mes pleurs la stressent; ou bien il buvait le lait de mon biberon en cachette, maman me le laissait à la main une fois que je suis devenu assez grand pour le tenir seul. De temps en temps, quand il était adolescent, il cassait un objet et rejetait la faute sur moi, pour qu'elle m'enguirlande.

      –Ce sont tous des comportements qui rentrent dans un cadre familial commun: le grand frère très jaloux du petit et effrayé du fait que les parents puissent l'aimer plus que lui.

      –Oui, c'est vrai, mais Peter était exaspéré par ces comportements. Malgré les méchancetés que je subissais, il était mon idole. J'essayais toujours de l'imiter en tout: sa façon de s'habiller, de se coiffer, d'interagir avec les filles…»

      Il s'arrêta comme pour réfléchir, puis secoua la tête en souriant.

      «Il savait y faire: il avait une façon de se comporter qui allait au-delà de la beauté extérieure, déjà gagnante en soi! Mais tenter d'être comme mon frère ne me réussissait pas. Je l'enviais et avec le temps, j'ai même commencé à lui en vouloir pour ça. En représailles, je tentais d'être le premier de la classe à l'école, et j'ai dominé ma paresse en étudiant et en découvrant que c'était facile pour moi d'avoir de bons points, qui avaient toujours été mauvais avant. J'avais atteint mon objectif: mes parents me couvraient d'éloges et l'humiliaient pour ses mauvais résultats. C'est horrible, je sais, et je ne suis pas fier de ces années. Je n'y ai plus pensé depuis longtemps.»

      Autant pour le petit frère en adoration! Il semblait bien que celui qui avait passé son adolescence à être jaloux, en plus d'être envieux, c'était Michael, pensa Loreley en s'installant mieux sur les coussins. Mais elle ne savait pas jusqu'où le jeune homme voulait aller.

      «Et votre frère réagissait comment?

      –Dans ces cas-là, Peter préférait ne rien dire: c'était la seule forme de respect qu'il avait pour nos vieux. Il encaissait les reproches en silence, mais quand on se retrouvait seuls, il se fâchait: "Maman et papa n'arrivent vraiment pas à comprendre que moi, contrairement à toi,

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