Masques De Cristal. Terry Salvini

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Masques De Cristal - Terry Salvini

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une robe en la faisant porter par des filles anorexiques ou sur le point de le devenir.

      Bien sûr, une silhouette svelte possédait plus d'élan qu'une plus pleine et curviligne, mais l'exacerber à ce point signifiait envoyer un message erroné au monde féminin, au risque de manipuler les esprits les plus jeunes. En outre, certaines des robes qu'elle venait de voir auraient été plus belles, surtout aux yeux des hommes, si elles avaient été remplies de façon adéquate aux endroits stratégiques.

      Elle sourit. Bah, oui, au fond l'exténuante recherche de la beauté extérieure n'a-t-elle pas pour but de séduire, enchanter et plaire au sexe opposé, en plus de satisfaire cette pointe de narcissisme présente en chacun de nous?

      Elle avait pensé que ce serait amusant d'assister à plusieurs “ciak” de cinéma, mais elle se sentit presque ennuyée et fatiguée de rester debout à observer ce défilé continuellement interrompu: une fois pour ajuster le cadrage des caméras, une autre pour modifier la séquence de sortie des mannequins.

      Dans d'autres cas, il fallait de nouveau répéter la scène, à cause d'erreurs dans les dialogues ou de mouvements effectués avec peu d'efforts.

      Elle se faufila hors de son coin en soupirant. Elle avait très soif. Lorsqu'elle vit un distributeur automatique de boissons au fond du couloir, elle s'y rendit, inséra de la monnaie et composa le numéro mentionné sous la petite bouteille d'eau. Un bourdonnement l'informa que la machine s'était mise en route; mais la bouteille avait à peine bougé et restait en équilibre, sans tomber dans le collecteur en dessous.

      En pensant que cet énorme engin ne bougerait pas d'un millimètre, même à force de coups de pied, comme elle aurait voulu le faire, elle ouvrit à nouveau son portefeuille pour en sortir de la monnaie et réessayer.

      «Attendez, je m'en occupe, dit une voix qui la prit par surprise. Parfois, ces pompes à fric ne fonctionnent pas comme elles devraient.»

      Loreley fit un pas en arrière pour laisser la place au type qui avait parlé; elle ne regarda son visage de profil que lorsqu'il donna un coup violent au distributeur.

      Elle écarquilla les yeux de stupeur. Sonny!

      La bouteille tomba avec un bruit sourd et il se baissa pour ouvrir la trappe et la prendre. Quand il se releva et se retourna, Loreley rencontra ses iris ambrés.

      «Bon sang! s'exclama-t-il. Toi… Ici?

      Elle observa la fine mèche de cheveux lisse et sombre qui était retombée devant ses yeux, donnant à son visage un air presque sauvage.

      –Mon frère m'a demandé une faveur. Je dois confier un courrier à Mike Gambit.» Elle dévissa le bouchon de la bouteille, la porta à ses lèvres et but une gorgée d'eau.

      Il lui sourit. Sa dentition blanche et régulière ressortait sur sa peau bronzée. «Je compose la bande sonore d'un film, l'informa-t-il en dégageant les cheveux de son front d'un rapide mouvement des doigts. Je ne me serais jamais attendu à te trouver à mille miles de distance de la maison!

      –Moi non plus. C'est mieux que j'y aille maintenant, lui dit-elle avant qu'il ne puisse lui poser d'autres questions. Bon travail, Sonny.»

      Elle regagnait son point de départ quand elle se retrouva au milieu d'un groupe de personnes qui papotaient entre eux. Ils portaient des costumes de carnaval. Le chef du groupe écarta un grand rideau rouge et fit signe aux autres de le suivre.

      Peut-être par pure curiosité, ou juste parce qu'elle devait occuper le temps d'attente d'une façon ou l'autre, elle se laissa entraîner à l'intérieur. Elle fut catapultée dans un salon de style Belle Époque, avec de grands chandeliers qui pendaient du plafond; des canapés et des fauteuils entouraient les côtés de la pièce, qui comportait en son centre une surprenante piste de danse

      Elle avait toujours aimé les masques de carnaval, mais n'en avait jamais porté.

      «Allez, remuez-vous. On a peu de temps! ordonna une voix féminine. Vous êtes tous là?»

      Loreley se tourna vers la femme aux vaporeux cheveux roux qui avait parlé.

      «Il nous faut deux autres figurants femmes, dit la rousse. Elle la montra. Toi! Va te préparer, qu'est-ce que tu attends?

      –Je n'ai rien à voir: je suis ici pour d'autres raisons» expliqua Loreley embarrassée.

      La rousse jeta un oeil au pass que Loreley avait épinglé sur la poche de sa chemise: Hans le lui avait procuré avant qu'elle ne parte.

      «Vu que vous êtes ici maintenant, vous pourriez nous aider. Ça ne prendra qu'une petite heure, deux au maximum. Vous verrez que vous vous amuserez, en plus de gagner un petit quelque chose!» Sur ces mots, elle la poussa jusqu'à arriver devant un homme, quelques mètres plus loin, qui n'avait de masculin que les hanches étroites et une ombre de barbe rasée.

      «Allez avec Fabian: il vous trouvera un costume à votre taille. On pensera plus tard à s'occuper des formalités administratives.»

      Elle n'eut pas le temps de répliquer: Fabian la prit par le bras et l'emmena dans une pièce toute proche.

      Mais qu'est-ce qu'elle faisait? se demanda-t-elle comme étourdie.

      Avant de se mettre à la recherche d'un costume adapté, il l'examina des pieds à la tête, l'index et le pouce sur le menton. Puis, il secoua la tête avec désapprobation. «Tu es habillée comme une employée de bureau» commenta-t-il gentiment.

      Loreley baissa les yeux vers sa jupe crayon noire jusqu'aux genoux et sa chemise blanche, et haussa les épaules. Mieux valait que cet homme ne sache pas ce qu'elle faisait comme travail.

      «Je suis habituée à m'habiller comme ça… Et ça ne me déplaît pas.»

      Il s'éloigna d'un pas et tourna autour d'elle. «Tu devrais mettre tes longues jambes et ta belle poitrine en valeur. Si tu étais plus mince, tu pourrais très bien aller défiler sur les passerelles.

      –Ça me semble déjà trop de me trouver ici. Et si tu penses que je vais me déshabiller devant toi, oublie.

      Fabian soupira.

      –Que d'histoires! Il y a une salle de bain là, lui dit-il en lui indiquant une petite porte en métal verni. C'est petit, mais utile pour ce qu'on va en faire.»

      Loreley jeta un coup d'oeil à la pièce oppressante, munie d'une douche et d'une cuvette minuscule. «Mais pourquoi je fais ça?» se demanda-t-elle en secouant la tête.

      Le premier costume qu'il lui fit essayer avait des pantalons trop courts, et le second une jupe qui, en plus de lui laisser les chevilles découvertes, était aussi trop étroite.

      «Avec toi, il faut en choisir un qui n'a pas de problème de longueur de jambes. Voyons un peu…» Il sortit de la réserve une robe rouge avec une jupe à volants, un bord asymétrique et un corsage semi-rigide.

      Elle le regarda, peu convaincue.

      «Vas-y, mets-la; je suis sûr qu'elle t'ira bien.»

      Dès qu'elle l'eut enfilée, Fabian la fit se regarder dans le miroir et l'image qu'elle vit lui causa un rire ébahi.

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