Masques De Cristal. Terry Salvini

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Masques De Cristal - Terry Salvini

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demanda son frère surpris. Et depuis quand?

      –Quelques jours. Elle évita de le regarder en face.

      –Je suis désolée, lui dit Ester en lui serrant la main. Tu verras qu'il reviendra: on se dispute souvent, et puis on fait la paix.

      Elle secoua la tête.

      –Le sujet est trop sérieux! D'un côté, je voudrais aller lui parler, de l'autre j'ai vraiment envie de l'envoyer au diable et de poursuivre ma route; mais je n'y arrive pas.

      –S'il compte pour toi, mettez les choses au clair, déclara Hans.

      –Je devrais voler jusqu'au Pacifique pour le faire.

      Hans soupira.

      –Il est de nouveau parti à Los Angeles? Éviter les problèmes au lieu de les affronter ne sert à rien. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé entre vous, mais si John s'obstine à rester loin, ou tu vas le voir et tu tentes de sauver votre couple, ou tu mets fin à l'histoire, immédiatement.

      Si elle avait été la seule concernée, ce serait déjà fait depuis des jours!

      –Loreley, ne prends pas de décisions trop rapide, intervint Ester en lançant un regard de reproche à son mari.

      –Je suis perdue… Indécise en fait. Elle posa sa fourchette: elle n'arrivait pas à manger le poulet. Elle regarda sa belle-soeur d'un air d'excuse.

      –Ne t'inquiète pas! Tu peux venir me donner un coup de main par là?» demanda Ester en se levant. Elle la prit par la main pour l'entraîner avec elle, sans écouter ses protestations.

      Une fois dans la cuisine, Ester se tourna vers elle. «Écoute, Loreley: je sais que ce ne sont pas mes affaires, mais je t'apprécie beaucoup. Je suis une romantique et donc, j'aime les histoires qui finissent bien. Elle lui sourit. Maintenant qu'on est seules, tu peux me dire pourquoi vous vous êtes disputés?

      –Je n'ai pas envie d'en parler, excuse-moi.

      –Le problème est plus grave que je ne le pensais dans ce cas. Dis-moi: tu veux que John fasse partie de ta vie? Tu l'aimes encore?»

      Elle ne sut quoi répondre à cette question, et se limita à la fixer.

      «Je le prendrai pour un oui. Va à Los Angeles et parle-lui: si tu décides d'en finir maintenant, sans même avoir essayé, tu passeras les prochaines années à te demander comment ça se serait passé si tu n'avais pas été si orgueilleuse. Dans le cas où il refuse tout net, tu n'auras plus de doutes ou de regrets à l'avenir.

      –Je ferai une tentative» lui dit-elle pour clore rapidement cette conversation. Elle le devait à son enfant.

***

      Avant de partir pour Los Angeles, Loreley demanda à Ethan de l'informer de toutes les nouveautés dans l'affaire Wallace. Elle lui demanda également de lui fournir une copie de tous les examens effectués sur la victime. L'audience était fixée au mois suivant et elle avait tout le temps de rentrer de Los Angeles, aller parler avec son client et étudier à nouveau le dossier complet. Kilmer était une autre paire de manches: elle devait lui demander la permission de s'absenter encore quelques jours du cabinet.

      Comme prévu, le patron explosa. Il tempêta une dizaine de minutes et la jeta hors de son bureau; avec la menace que ce seraient ses dernières vacances. Dès qu'elle aurait un peu plus d'expérience, elle ouvrirait un cabinet d'avocats à son propre compte, se repromit-elle après une énième phrase à la chaux vive de la part de Kilmer. D'un point de vue financier, elle pourrait le faire immédiatement, mais l'expérience ne s'achète pas.

      Ce soir-là, elle quitta le bureau en programmant chaque étape.

      Une fois à la maison, elle fouilla dans les documents que son compagnon avait laissé dans le tiroir, jusqu'à trouver le numéro de téléphone et l'adresse du bureau du père de Johnny sur une carte de visite. Colin Austin aussi était architecte; son fils avait travaillé avec lui avant de déménager à New York. Elle mit la carte dans son portefeuille et prépara un bagage léger avec le strict nécessaire: il ne s'agissait pas de vacances. Si elle avait besoin de quoi que ce soit d'autre, elle l'achèterait à Los Angeles. Le billet d'avion était déjà dans son sac: Sarah avait pensé à tout.

      Elle prit une douche pendant que Mira lui préparait à dîner. Si les choses n'évoluaient pas dans le bon sens, elle devrait peut-être lui parler à son retour, et la licencier. Son estomac se retourna à cette idée et le peu de faim qu'elle ressentait s'évanouit.

      Loreley était à table, occupée à fixer son verre d'eau, quand elle entendit son téléphone sonner. C'était Hans.

      «Salut, Loreley. J'ai besoin de te demander une faveur: tu pourrais confier un pli à Mike Gambit, le réalisateur, quand tu iras à Los Angeles?

      Comment avait-il su qu'elle partait? se demanda-t-elle surprise. Elle ne l'avait dit qu'à son patron, à Ethan et à Sarah, personnes qui n'avaient aucun rapport avec son frère.

      –Tu ne peux pas lui envoyer par coursier ou par la poste?

      –Si je te le demande, c'est parce que je me fie plus à cette façon de faire, tu ne penses pas? Je sais que tu as d'autres choses à penser, mais tu dois juste aller à Hollywood et demander après lui. Mike t'attend. Ça te prendra peu de temps et tu m'éviteras un voyage.

      –D'accord, je lui donnerai. Je partirai un peu plus tôt demain, comme ça je pourrai passer à ton bureau prendre l'enveloppe. Elle ne lui demanda pas qui l'avait informé: cela n'avait aucune importance.

      –Tu es un ange! À demain, alors… Et bonne chance avec John. S'il se comporte comme un con, tu l'étends!»

      Un sourire lui échappa. C'était Ester qui lui avait dit qu'elle irait peut-être à Los Angeles, pensa-t-elle

***

      Les six heures de voyage lui parurent plus longues que celles passées pour arriver à Paris. L'angoisse de devoir chercher Johnny et de le voir avait comme dilué le temps.

      À la sortie de l'aéroport LAX, Loreley jeta un regard vers le ciel: le soleil semblait régner dans le bleu infini et clair, impossible à comparer avec celui qu'elle avait laissé à New York des heures plus tôt, couvert de gros nuages gris. La température était agréable et le manteau qu'elle portait finit posé sur son bras.

      Elle rejoignit le “Beverly Wilshire Hotel” sur le boulevard du même nom à Los Angeles en taxi et, après une douche rapide et une petite heure de repos, se promena le long de Rodeo Drive d'un peu meilleure humeur. Elle observa les nombreux magasins de grandes marques qui longeaient la rue ornée de longues rangées de palmiers; le shopping ne l'avait jamais beaucoup enthousiasmée et elle ne s'arrêta donc que pour acheter le nécessaire.

      Loreley ne s'était amusée qu'une seule fois en courant les boutiques: l'année précédente, avec Ester, quand elles avaient acheté une robe élégante que sa belle-soeur avait ensuite portée le soir où Leen… Non! Elle ne devait pas repenser à cet évènement tragique.

      Elle ralentit le pas, pensive: elle ne savait plus quoi faire. Elle pouvait aller voir la famille Austin et résoudre de suite la question avec Johnny, mais elle voulait être au calme au moins une journée avant de l'affronter. Elle décida alors de penser d'abord à la faveur que Hans lui avait demandée.

***

      Des filles trop minces, aux jambes kilométriques, défilaient

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