LUPIN - Les aventures du gentleman-cambrioleur. Морис Леблан

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LUPIN - Les aventures du gentleman-cambrioleur - Морис Леблан

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un secret que je lui ai révélé, et Rudolf garde ses secrets… surtout celui-ci…

      – Cependant il est indispensable que vous nous répondiez. Nous faisons actuellement sur Pierre Leduc une enquête qui doit aboutir sans retard, et vous seul pouvez nous éclairer, puisque M. Kesselbach n’est plus là.

      Enfin, quoi, s’écria Steinweg, paraissant se décider, que vous faut-il ?

      – Vous connaissez Pierre Leduc ?

      – Je ne l’ai jamais vu, mais depuis longtemps je suis possesseur d’un secret qui le concerne. À la suite d’incidents inutiles à raconter, et grâce à une série de hasards, j’ai fini par acquérir la certitude que celui dont la découverte m’intéressait vivait à Paris dans le désordre, et qu’il se faisait appeler Pierre Leduc, ce qui n’est pas son véritable nom.

      – Mais le connaît-il, lui, son véritable nom ?

      – Je le suppose.

      – Et vous ?

      – Moi, je le connais.

      – Eh bien, dites-le-nous.

      Il hésita, puis violemment :

      – Je ne le peux pas… je ne le peux pas…

      – Mais pourquoi ?

      – Je n’en ai pas le droit. Tout le secret est là. Or, ce secret, quand je l’ai dévoilé à Rudolf, il y a attaché tant d’importance qu’il m’a donné une grosse somme d’argent pour acheter mon silence, et qu’il m’a promis une fortune, une vraie fortune, pour le jour où il parviendrait, d’abord à retrouver Pierre Leduc, et ensuite à tirer parti du secret.

      Il sourit amèrement :

      – La grosse somme d’argent est déjà perdue. Je venais prendre des nouvelles de ma fortune.

      – M. Kesselbach est mort, prononça le chef de la Sûreté.

      Steinweg bondit.

      – Mort ! Est-ce possible ! Non, c’est un piège. Madame Kesselbach, est-il vrai ?

      Elle baissa la tête.

      Il sembla écrasé par cette révélation imprévue, et, en même temps, elle devait lui être infiniment douloureuse, car il se mit à pleurer.

      – Mon pauvre Rudolf, je l’avais vu tout petit… il venait jouer avec moi à Augsbourg… Je l’aimais bien.

      Et invoquant le témoignage de Mme Kesselbach :

      – Et lui aussi, n’est-ce pas, madame, il m’aimait bien ? Il a dû vous le dire… son vieux père Steinweg, comme il m’appelait.

      M. Lenormand s’approcha de lui, et, de sa voix la plus nette :

      – écoutez-moi. M. Kesselbach est mort assassiné Voyons, soyez calme, les cris sont inutiles Il est mort assassiné, et toutes les circonstances du crime prouvent que le coupable était au courant de ce fameux projet. Y aurait-il quelque chose dans la nature de ce projet qui vous permettrait de deviner ?…

      Steinweg restait interdit. Il balbutia :

      – C’est de ma faute… Si je ne l’avais pas lancé sur cette voie

      Mme Kesselbach s’avança suppliante.

      – Vous croyez… vous avez une idée Oh ! Je vous en prie, Steinweg…

      – Je n’ai pas d’idée… je n’ai pas réfléchi, murmura-t-il, il faudrait que je réfléchisse…

      – Cherchez dans l’entourage de M. Kesselbach, lui dit Lenormand… Personne n’a été mêlé à vos conférences à ce moment-là ? Lui-même n’a pu se confier à personne ?

      – À personne.

      – Cherchez bien.

      Tous deux, Dolorès et M. Lenormand, penchés sur lui, attendaient anxieusement sa réponse.

      – Non, fit-il, je ne vois pas.

      – Cherchez bien, reprit le chef de la Sûreté, le prénom et le nom de l’assassin ont comme initiale un L et un M.

      – Un L, répéta-t-il… je ne vois pas… un L un M.

      – Oui, les lettres sont en or et marquent le coin d’un étui à cigarettes qui appartenait à l’assassin.

      – Un étui à cigarettes ? fit Steinweg avec un effort de mémoire.

      – En acier bruni… et l’un des compartiments intérieurs est divisé en deux parties, la plus petite pour le papier à cigarettes, l’autre pour le tabac…

      – En deux parties, en deux parties, redisait Steinweg, dont les souvenirs semblaient réveillés par ce détail. Ne pourriez-vous me montrer cet objet ?

      – Le voici, ou plutôt en voici une reproduction exacte, dit Lenormand en lui donnant un étui à cigarettes.

      – Hein ! Quoi !… fit Steinweg en prenant l’étui.

      Il le contemplait d’un œil stupide, l’examinait, le retournait en tous sens, et soudain il poussa un cri, le cri d’un homme que heurte une effroyable idée. Et il resta là, livide, les mains tremblantes, les yeux hagards.

      – Parlez, mais parlez donc, ordonna M. Lenormand.

      – Oh ! fit-il comme aveuglé de lumière, tout s’explique.

      – Parlez, mais parlez donc…

      Il les repoussa tous deux, marcha jusqu’aux fenêtres en titubant, puis revint sur ses pas, et se jetant sur le chef de la Sûreté :

      – Monsieur, monsieur l’assassin de Rudolf, je vais vous le dire… Eh bien…

      Il s’interrompit.

      – Eh bien ?… firent les autres.

      Une minute de silence… Dans la grande paix du bureau, entre ces murs qui avaient entendu tant de confessions, tant d’accusations, le nom de l’abominable criminel allait-il résonner ? Il semblait à M. Lenormand qu’il était au bord de l’abîme insondable, et qu’une voix montait, montait jusqu’à lui… Quelques secondes encore et il saurait…

      – Non, murmura Steinweg, non, je ne peux pas…

      – Qu’est-ce que vous dites ? s’écria le chef de la Sûreté, furieux.

      – Je dis que je ne peux pas.

      – Mais vous n’avez pas le droit de vous taire ! La justice exige.

      – Demain, je parlerai, demain il faut que je réfléchisse… Demain je vous dirai tout ce que je sais sur Pierre Leduc… tout ce que

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