LUPIN - Les aventures du gentleman-cambrioleur. Морис Леблан

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LUPIN - Les aventures du gentleman-cambrioleur - Морис Леблан

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La justice, bien qu’elle ne pût établir sur des bases sérieuses la complicité de Lupin, avait décidé que l’affaire serait instruite, non pas en Seine-et-Oise, mais à Paris, et rattachée à l’instruction générale ouverte contre Lupin. Aussi Gilbert et Vaucheray furent-ils enfermés à la prison de la Santé. Or, à la Santé comme au Palais de Justice, on comprenait si nettement qu’il fallait empêcher toute communication entre Lupin et les détenus, qu’un ensemble de précautions minutieuses était prescrit par le Préfet de Police et minutieusement observé par les moindres subalternes. Jour et nuit, des agents éprouvés, toujours les mêmes, gardaient Gilbert et Vaucheray et ne les quittaient pas de vue.

      Lupin qui, à cette époque, ne s’était pas encore promu – honneur de sa carrière – au poste de chef de la Sûreté, et qui, par conséquent, n’avait pu prendre, au Palais de Justice, les mesures nécessaires à l’exécution de ses plans, Lupin après quinze jours de tentatives infructueuses, dut s’incliner. Il le fit la rage au cœur et avec une inquiétude croissante.

      « Le plus difficile dans une affaire, dit-il, souvent ce n’est pas d’aboutir, c’est de débuter. En l’occurrence, par où débuter ? Quel chemin suivre ? »

      Il se retourna vers le député Daubrecq, premier possesseur du bouchon de cristal, et qui devait probablement en connaître l’importance. D’autre part, comment Gilbert était-il au courant des faits et des gestes du député Daubrecq ? Quels avaient été ses moyens de surveillance ? Qui l’avait renseigné sur l’endroit où Daubrecq passait la soirée de ce jour ? Autant de questions intéressantes à résoudre.

      Tout de suite après le cambriolage de la villa Marie-Thérèse, Daubrecq avait pris ses quartiers d’hiver à Paris, et occupait son hôtel particulier, à gauche de ce petit square Lamartine, qui s’ouvre au bout de l’avenue Victor-Hugo.

      Lupin, préalablement camouflé, l’aspect d’un vieux rentier qui flâne, la canne à la main, s’installa dans ces parages, sur les bancs du square et de l’avenue.

      Dès le premier jour, une découverte le frappa. Deux hommes, vêtus comme des ouvriers, mais dont les allures indiquaient suffisamment le rôle, surveillaient l’hôtel du député. Quand Daubrecq sortait, ils se mettaient à sa poursuite et revenaient derrière lui. Le soir, sitôt les lumières éteintes, ils s’en allaient.

      À son tour, Lupin les fila. C’étaient des agents de la Sûreté.

      « Tiens, tiens, se dit-il, voici qui ne manque pas d’imprévu. Le Daubrecq est donc en suspicion ? »

      Mais le quatrième jour, à la nuit tombante, les deux hommes furent rejoints par six autres personnages, qui s’entretinrent avec eux dans l’endroit le plus sombre du square Lamartine. Et, parmi ces nouveaux personnages, Lupin fut très étonné de reconnaître, à sa taille et à ses manières, le fameux Prasville, ancien avocat, ancien sportsman, ancien explorateur, actuellement favori de l’Élysée, et, qui, pour des raisons mystérieuses avait été imposé comme secrétaire général de la Préfecture.

      Et brusquement Lupin se rappela : deux années auparavant, il y avait eu, place du Palais-Bourbon, un pugilat retentissant entre Prasville et le député Daubrecq. La cause, on l’ignorait. Le jour même, Prasville envoyait ses témoins. Daubrecq refusait de se battre.

      Quelque temps après, Prasville était nommé secrétaire général.

      « Bizarre… bizarre… », dit Lupin, qui demeura pensif, tout en observant le manège de Prasville.

      À sept heures le groupe de Prasville s’éloigna un peu vers l’avenue Henri-Martin. La porte d’un petit jardin qui flanquait l’hôtel vers la droite, livra passage à Daubrecq. Les deux agents lui emboîtèrent le pas, et, comme lui, prirent le tramway de la rue Taitbout.

      Aussitôt Prasville traversa le square et sonna. La grille reliait l’hôtel au pavillon de la concierge. Celle-ci vint ouvrir. Il y eut un rapide conciliabule, après lequel Prasville et ses compagnons furent introduits.

      « Visite domiciliaire, secrète et illégale, dit Lupin. La stricte politesse eût voulu qu’on me convoquât. Ma présence est indispensable. »

      Sans la moindre hésitation, il se rendit à l’hôtel, dont la porte n’était pas fermée, et, passant devant la concierge qui surveillait les alentours, il dit du ton pressé de quelqu’un que l’on attend :

      – Ces messieurs sont là ?

      – Oui, dans le cabinet de travail.

      Son plan était simple : rencontré, il se présentait comme fournisseur. Prétexte inutile. Il put, après avoir franchi un vestibule désert, entrer dans la salle à manger où il n’y avait personne, mais d’où il aperçut par les carreaux d’une baie vitrée qui séparait la salle du cabinet de travail, Prasville et ses cinq compagnons.

      Prasville, à l’aide de fausses clefs, forçait tous les tiroirs. Puis il compulsait tous les dossiers, pendant que ses quatre compagnons extrayaient de la bibliothèque chacun des volumes, secouaient les pages et vérifiaient l’intérieur des reliures.

      « Décidément, se dit Lupin, c’est un papier que l’on cherche… des billets de banque, peut-être… »

      Prasville s’exclama :

      – Quelle bêtise ! Nous ne trouvons rien…

      Mais sans doute ne renonçait-il pas à trouver, car il saisit tout à coup les quatre flacons d’une cave à liqueur ancienne, ôta les quatre bouchons et les examina.

      « Allons bon pensa Lupin, le voilà qui s’attaque, lui aussi, à des bouchons de carafe. Il ne s’agit donc pas d’un papier ? Vrai, je n’y comprends plus rien. »

      Ensuite Prasville souleva et scruta divers objets, et il dit :

      – Combien de fois êtes-vous venus ici ?

      – Six fois l’hiver dernier, lui fut-il répondu.

      – Et vous avez visité à fond ? Chacune des pièces, et pendant des jours entiers, puisqu’il était en tournée électorale.

      – Cependant… cependant…

      Et il reprit :

      – Il n’a donc pas de domestique, pour l’instant ?

      – Non, il en cherche. Il mange au restaurant, et la concierge entretient le ménage tant bien que mal. Cette femme nous est toute dévouée…

      Durant près d’une heure et demie, Prasville s’obstina dans ses investigations, dérangeant et palpant tous les bibelots, mais en ayant soin de reposer chacun d’eux à la place exacte qu’il occupait. À neuf heures, les deux agents qui avaient suivi Daubrecq firent irruption.

      – Le voilà qui revient…

      – À pied ?

      – À pied.

      – Nous avons le temps ?

      – Oh ! Oui !

      Sans trop se hâter, Prasville et les hommes de la Préfecture, après avoir jeté un dernier coup d’œil sur la pièce et s’être assurés que rien ne trahissait leur visite, se retirèrent.

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