LUPIN - Les aventures du gentleman-cambrioleur. Морис Леблан

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LUPIN - Les aventures du gentleman-cambrioleur - Морис Леблан

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à gauche de la maison, moi je faisais le tour à droite. Il y avait une fenêtre ouverte. J’y suis monté au moment même où ces deux bandits voulaient descendre. J’ai tiré sur celui-ci – il désigna Vaucheray – et j’ai empoigné son camarade.

      Comment eût-on pu le soupçonner ? Il était couvert de sang. C’est lui qui livrait les assassins du domestique. Dix personnes avaient vu le dénouement du combat héroïque livré par lui.

      D’ailleurs le tumulte était trop grand pour qu’on prît la peine de raisonner ou qu’on perdît son temps à concevoir des doutes. Dans le premier désarroi, les gens du pays envahissaient la villa. Tout le monde s’affolait. On courait de tous côtés, en haut, en bas, jusqu’à la cave. On s’interpellait. On criait, et nul ne songeait à contrôler les affirmations si vraisemblables de Lupin.

      Cependant la découverte du cadavre dans l’office rendit au commissaire le sentiment de sa responsabilité. Il donna des ordres à la grille afin que personne ne pût entrer ou sortir. Puis, sans plus tarder, il examina les lieux et commença l’enquête.

      Vaucheray donna son nom. Gilbert refusa de donner le sien, sous prétexte qu’il ne parlerait qu’en présence d’un avocat. Mais comme on l’accusait du crime il dénonça Vaucheray, lequel se défendit en l’attaquant, et tous deux péroraient à la fois, avec le désir évident d’accaparer l’attention du commissaire. Lorsque celui-ci se retourna vers Lupin pour invoquer son témoignage, il constata que l’inconnu n’était plus là.

      Sans aucune défiance, il dit à l’un des agents :

      – Prévenez donc ce monsieur que je désire lui poser quelques questions.

      On chercha le monsieur. Quelqu’un l’avait vu sur le perron allumant une cigarette. On sut alors qu’il avait offert des cigarettes à un groupe de soldats, et qu’il s’était éloigné vers le lac, en disant qu’on l’appelât en cas de besoin.

      On l’appela, personne ne répondit.

      Mais un soldat accourut. Le monsieur venait de monter dans une barque et faisait force de rames.

      Le commissaire regarda Gilbert et comprit qu’il avait été roulé.

      – Qu’on l’arrête cria-t-il… Qu’on tire dessus ! C’est un complice…

      Lui-même s’élança, suivi de deux agents, tandis que les autres demeuraient auprès des captifs. De la berge, il aperçut, à une centaine de mètres, le monsieur qui dans l’ombre faisait des salutations avec son chapeau.

      Vainement un des agents déchargea son revolver.

      La brise apporta un bruit de paroles. Le monsieur chantait, tout en ramant :

      Va petit mousse

      Le vent te pousse…

      Mais le commissaire avisa une barque, attachée au môle de la propriété voisine. On réussit à franchir la haie qui séparait les deux jardins et, après avoir prescrit aux soldats de surveiller les rives du lac et d’appréhender le fugitif s’il cherchait à atterrir, le commissaire et deux de ses hommes se mirent à sa poursuite.

      C’était chose assez facile, car, à la clarté intermittente de la lune, on pouvait discerner ses évolutions, et se rendre compte qu’il essayait de traverser le lac en obliquant toutefois vers la droite, c’est-à-dire vers le village de Saint-Gratien.

      Aussitôt, d’ailleurs, le commissaire constata que, avec l’aide de ses hommes, et grâce peut-être à la légèreté de son embarcation, il gagnait de vitesse. En dix minutes il rattrapa la moitié de l’intervalle.

      – Ça y est, dit-il, nous n’avons même pas besoin des fantassins pour l’empêcher d’aborder. J’ai bien envie de connaître ce type-là. Il ne manque pas d’un certain culot.

      Ce qu’il y avait de plus bizarre, c’est que la distance diminuait dans des proportions anormales, comme si le fuyard se fût découragé en comprenant l’inutilité de la lutte. Les agents redoublaient d’efforts. La barque glissait sur l’eau avec une extrême rapidité. Encore une centaine de mètres tout au plus, et l’on atteignait l’homme.

      – Halte ! commanda le commissaire.

      L’ennemi, dont on distinguait la silhouette accroupie, ne bougeait pas. Les rames s’en allaient à vau-l’eau. Et cette immobilité avait quelque chose d’inquiétant. Un bandit de cette espèce pouvait fort bien attendre les agresseurs, vendre chèrement sa vie et même les démolir à coups de feu avant qu’ils ne pussent l’attaquer.

      – Rends-toi ! cria le commissaire…

      La nuit était obscure à ce moment. Les trois hommes s’abattirent au fond de leur canot, car il leur avait semblé surprendre un geste de menace.

      La barque emportée par son élan, approchait de l’autre.

      Le commissaire grogna :

      – Nous n’allons pas nous laisser canarder. Tirons dessus, vous êtes prêts ?

      Et il cria de nouveau :

      – Rends-toi… sinon…

      Pas de réponse.

      L’ennemi ne remuait pas.

      – Rends-toi… Bas les armes… Tu ne veux pas ?… Alors, tant pis… Je compte… Une… Deux…

      Les agents n’attendirent pas le commandement. Ils tirèrent, et aussitôt, se courbant sur leurs avirons, donnèrent à la barque une impulsion si vigoureuse que, en quelques brassées, elle atteignit le but.

      Revolver au poing, attentif au moindre mouvement, le commissaire veillait.

      Il tendit les bras.

      – Un geste, et je te casse la tête.

      Mais l’ennemi ne fit aucun geste, et le commissaire, quand l’abordage eut lieu, et que les deux hommes, lâchant leurs rames, se préparèrent à l’assaut redoutable, le commissaire comprit la raison de cette attitude passive : il n’y avait personne dans le canot. L’ennemi s’était enfui à la nage, laissant aux mains du vainqueur un certain nombre des objets cambriolés, dont l’amoncellement, surmonté d’une veste et d’un chapeau melon, pouvait à la grande rigueur, dans les demi-ténèbres, figurer la silhouette confuse d’un individu.

      À la lueur d’allumettes, on examina les dépouilles de l’ennemi. Aucune initiale n’était gravée à l’intérieur du chapeau. La veste ne contenait ni papiers ni portefeuille. Cependant on fit une découverte qui devait donner à l’affaire un retentissement considérable et influer terriblement sur le sort de Gilbert et de Vaucheray c’était, dans une des poches, une carte oubliée par le fugitif, la carte d’Arsène Lupin.

      À peu près au même moment, tandis que la police, remorquant le vaisseau capturé, continuait de vagues recherches, et que, échelonnés sur la rive, inactifs, les soldats écarquillaient les yeux pour tâcher de voir les péripéties du combat naval, ledit Arsène Lupin abordait tranquillement à l’endroit même qu’il avait quitté deux heures auparavant.

      Il y fut accueilli par ses deux autres complies,

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