Aventures extraordinaires d'un savant russe: Le Soleil et les petites planètes. H. de Graffigny

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Aventures extraordinaires d'un savant russe: Le Soleil et les petites planètes - H. de Graffigny

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il releva la tête et s'écria:

      —Sharp n'atteindra pas Vénus avant vingt-cinq jours... c'est dans un mois seulement que la planète arrivera en conjonction avec le Soleil et à sa plus grande proximité de la Terre, dont elle ne sera plus séparée que par douze millions de lieues à peine.

      —Une futilité, murmura amèrement le jeune comte, ce n'est vraiment pas la peine d'en parler.

      —Avez-vous tenu compte, dans vos calculs, demanda Fricoulet, du poids moins considérable que transporte l'obus?

      —Parfaitement, et j'ai trouvé que la durée du voyage se trouve diminuée de quatre jours, dix-huit heures, quatorze minutes, trente secondes, par suite de la suppression des deux cent quatre-vingt-cinq kilos que nous représentons tous les quatre.

      —Cependant le poids de Sharp doit être défalqué de cet allégement.

      Ossipoff inclina la tête.

      —J'y ai pensé: Sharp pesant quatre-vingts kilos, ces quatre-vingts kilos retranchés de deux cent quatre-vingt-cinq donnent, pour l'allégement de l'obus, un poids de deux cent cinq kilos, lesquels représentent, effectivement, une augmentation de vitesse qui se traduit par quatre jours...

      —Dix-huit heures, quatorze minutes, trente secondes de moindre durée dans le voyage, ajouta Gontran.

      —C'est bien cela.

      —Et à quoi tendent ces calculs? demanda railleusement le jeune comte.

      —À ceci tout simplement, répondit Fricoulet qui coupa sans façon la parole au vieillard: qu'il nous faut trouver un moyen de locomotion assez rapide, pour que dans vingt-cinq jours nous arrivions, nous aussi, sur Vénus, afin de happer ce coquin de Sharp et de délivrer Mlle Séléna.

      Ossipoff tendit silencieusement la main au jeune ingénieur et la serra avec énergie.

      Gontran demanda:

      —En vérité, mon pauvre ami, ne te berces-tu pas là de vaines espérances?

      —Eh! exclama Fricoulet; je te répète qu'à nous trois, nous arriverons à vaincre les difficultés les plus insurmontables... du reste, moi j'ai pris comme devise, cette parole vieille comme le monde, mais qui a toujours réussi à ceux qui ont eu foi en elle: «Aide-toi, le ciel t'aidera.»

      Puis, frappant sur l'épaule de son ami:

      —Quant à toi, cette défiance de toi-même provient d'un excès de modestie... l'amour de la science t'a déjà fait accomplir des miracles... tu ne me feras pas croire que Mlle Séléna ne soit pas capable de te faire faire des choses plus surprenantes encore...

      Le jeune comte, malgré sa tristesse, ne put s'empêcher de sourire.

      Après un court silence, le jeune ingénieur reprit:

      —Donc, par suite du vol de ce coquin de Sharp, nous voici à peu près dans la même situation que Robinson sur son île, avec cette différence cependant que Robinson pouvait cueillir aux arbres des fruits qui, sans l'engraisser précisément, l'empêchaient tout au moins de mourir de faim, tandis que nous...

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      Tout à coup, il s'interrompit, se frappa le front d'un geste inspiré et, s'accroupissant sur le sol, tira de sous la couchette de M. Ossipoff une caisse qu'il ouvrit.

      Elle contenait quelques douzaines de biscuits et quatre boîtes de conserves.

      —Comme quoi, dit-il, une bonne action est toujours récompensée.

      —Qu'est-ce que c'est que cela? demanda le vieillard.

      —Une attention de Mlle Séléna à l'égard de Sharp, ne voulant pas l'abandonner ici sans ressources, elle avait exigé de moi que je lui laissasse, sans en rien dire à personne, cette petite réserve.

      —Cette enfant a toujours eu un cœur d'or, murmura le vieux savant tout attendri.

      —Aussi, cette bonne action va-t-elle lui profiter, riposta Fricoulet.

      —Comment l'entends-tu? demanda Gontran.

      —Dame! pour que nous puissions l'arracher à son ravisseur, il faut que nous construisions un moyen de locomotion... or, pour cela, il nous faut du temps, et pendant ce temps-là, nos estomacs réclameront leurs droits.

      M. de Flammermont désigna le contenu de la boîte.

      —Est-ce là-dessus que tu comptes pour nous sustenter tous les trois?

      —Non, mais pour nous donner le temps de construire d'autres aliments.

      —Construire! exclama Gontran, le mot est joli.

      Puis, sérieusement:

      —Alors, ajouta-t-il, tu en reviens à ton idée première de fabriquer gigots et côtelettes.

      En entendant ces mots, Ossipoff fixa sur l'ingénieur des regards surpris.

      —M. de Flammermont plaisante, n'est-ce pas? dit-il.

      —Assurément, car telle n'est pas ma pensée.

      —Explique-toi, alors, exclama Gontran un peu piqué.

      —Je veux, tout simplement, chercher à nous procurer des éléments assimilables et permettant à notre organisme de réparer les pertes de substance journalières, causées par les dépenses de forces auxquelles nous nous livrons.

      M. de Flammermont haussa les épaules.

      —Eh! tu vois bien, dit-il; tu en reviens à mes moutons, dont les gigots sont, je crois, les seules substances assimilables susceptibles de nous rendre les services réparateurs dont tu parles.

      —Mais, mon pauvre ami, riposta Fricoulet, la perte de ta fiancée te tourne absolument la tête; autrement tu te rappellerais que dans cette viande, base de la nourriture humaine, l'eau, absolument inutile, entre pour les quatre cinquièmes du poids,... le cinquième restant est composé de matières solides, telles qu'albumine, fibrine, créatine, gélatine, chondrine, etc...

      —Je suis d'accord avec toi sur ce point, répliqua M. de Flammermont railleur... fabriquons donc de la viande, car pour l'eau, nous en avons en quantité... allons! où se trouvent ton albumine, ta fibrine, etc, etc...

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      Ossipoff lui répondit:

      —Point n'est besoin de tout cela, mon cher enfant; car, parmi les substances qui composent la viande, il en est un certain nombre absolument impropres à la nutrition, partant complètement inutiles; la chondrine et la gélatine, par exemple. D'autres comme la fibrine, l'albumine, ne sont point des corps simples, mais des combinaisons, suivant des proportions connues, d'oxygène, d'hydrogène, de carbone, et d'azote. Nous n'avons donc aucunement besoin de pain et de viande pour notre nourriture. Tous nos efforts doivent tendre à extraire

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