Aventures extraordinaires d'un savant russe: Le Soleil et les petites planètes. H. de Graffigny

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auquel cette question était plus spécialement posée, hocha la tête d'un air entendu.

      —Assurément, répondit-il; cette marche me paraît être celle qu'il faudrait suivre, si...

      —Si?...

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      —Si nous étions en possession de l'instrument indispensable, c'est-à-dire de la pile électrique.

      —Là n'est point l'obstacle, répliqua Fricoulet, car nous pouvons en construire une facilement.

      Et, au regard interrogateur du jeune comte, il répondit:

      —Le zinc qui double cette boîte, les sous que les uns et les autres nous avons dans nos poches, enfin un peu de drap emprunté à nos vêtements, ne voilà-t-il pas tous les éléments constitutifs d'une pile; nous la mouillerons d'eau additionnée d'un peu d'acide sulfurique, et le courant que nous obtiendrons sera plus que suffisant pour produire l'électrolyse du liquide...

      Et comme Gontran s'extasiait:

      —Ce procédé n'a rien de neuf, ajouta le jeune ingénieur; il date de l'an 1800 et fut employé par Nicholson et Carlisle pour faire la première analyse de l'eau terrestre.

      Tout en parlant, il avait découpé en rondelles un morceau du pan de sa redingote, pendant que Ossipoff en faisait autant du zinc arraché au couvercle de la boîte.

      Et M. de Flammermont les regardait monter la pile, en hochant la tête d'un air de doute.

      En dépit des explications qui lui avaient été fournies, il ne pouvait se faire à l'idée que de toutes ces manipulations sortirait quelque chose de nutritif et de stomachique.

      —Parbleu! pensait-il, s'il en était ainsi qu'ils le prétendent, l'expression terrestre «vivre de l'air du temps» se trouverait être juste!... et ce serait par trop bizarre.

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      Tout à coup il poussa une légère exclamation qui attira l'attention d'Ossipoff et de ses compagnons.

      —Qu'y a-t-il donc? demanda Fricoulet.

      —Le bâton de phosphore est éteint, répliqua M. de Flammermont.

      Le vieillard abandonna la pile aux mains de l'ingénieur et s'en fut chercher l'appareil.

      Après avoir retiré le phosphore de l'éprouvette et fait rapidement ses calculs, il s'écria triomphalement:

      —Hurrah!... je ne m'étais pas trompé dans mes suppositions.

      —Auriez-vous trouvé par hasard, un mouton dans cette éprouvette? demanda plaisamment le jeune comte.

      Ossipoff sourit et répliqua:

      —Non; mais quelque chose assurément qui pourrait peut-être remplacer la chair de ce quadrupède.

      Gontran ouvrit de grands yeux.

      —Il y a, poursuivit le père de Séléna, qu'au lieu d'être composé, comme sur la terre, de soixante-dix-neuf parties d'azote pour vingt-une parties d'oxygène, l'air que nous respirons est composé de volumes égaux de ces deux gaz!

      —Eh! s'écria Fricoulet, voilà pourquoi nous n'éprouvons aucune souffrance de la basse pression de l'air.

      Un instant après, Ossipoff et l'ingénieur demeuraient courbés sur le voltamètre, examinant en silence les bulles de gaz qui se dégageaient de la pile et remplissaient les éprouvettes.

      —C'est bizarre! murmura le vieillard à mi-voix.

      Fricoulet prit une goutte de l'eau soumise à l'analyse et l'étendit sur sa main.

      —Parbleu! exclama-t-il, j'en étais sûr.

      —De quoi étiez-vous sûr? demanda le vieux savant.

      L'ingénieur examina encore méticuleusement la goutte d'eau, et répondit:

      —Cette eau, pas plus que l'air lunaire, n'est composée de même que sur terre.

      —Que prétendez-vous donc?

      —Qu'elle contient deux fois autant d'oxygène que l'eau terrestre et qu'elle est composée de trois volumes de ce gaz pour un d'hydrogène.

      —Mais, en ce cas, fit Gontran, c'est de l'eau oxygénée!

      —Assurément.

      —Elle est imbuvable?

      —Pas le moins du monde, mais il faut auparavant la distiller pour la débarrasser de son surplus d'oxygène.

      Seul, Ossipoff ne disait rien; les lèvres pincées, les yeux à demi-voilés sous les paupières abaissées, le menton dans la main, il paraissait plongé en une méditation profonde.

      —À quoi pensez-vous donc, monsieur Ossipoff? demanda Gontran.

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      —Je songe que nous avons de l'oxygène, de l'hydrogène et de l'azote... et qu'il ne nous reste plus à trouver que du carbone.

      —Du carbone! exclama le jeune comte! Qu'en feriez-vous donc, si vous en aviez?

      —Je le mettrais en présence, et dans certaines proportions, des corps que nous possédons déjà... et de cette combinaison naîtrait la substance destinée à nous servir de nourriture.

      Gontran, en entendant ces mots, eut un haut-le-corps prodigieux.

      —Ah! par exemple! murmura-t-il, si je m'attendais à celle-là!...

      Fricoulet lui poussa le coude, et se penchant vers lui:

      —Un vrai savant, chuchota-t-il, doit s'attendre à tout.

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      M. de Flammermont comprit cet avertissement et se promit de dissimuler, à l'avenir, des étonnements capables de donner à Ossipoff des soupçons sur la capacité scientifique de son futur gendre.

      Le vieillard cependant demeurait silencieux, les regards fixés sur ses fioles de réactifs et ses appareils.

      Soudain ses compagnons l'entendirent répéter plusieurs fois, comme se parlant à lui-même:

      —C'est cela, oui, c'est bien cela.

      Puis, il leur fit de la main, signe de s'approcher et leur dit:

      —Voici comment nous allons procéder: nous commencerons par extraire de suite, au moyen de cette pile, l'oxygène et l'hydrogène de l'eau; pour l'air, nous absorberons l'oxygène par le phosphore afin de recueillir

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