Le serment des hommes rouges: Aventures d'un enfant de Paris. Ponson du Terrail
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Читать онлайн книгу Le serment des hommes rouges: Aventures d'un enfant de Paris - Ponson du Terrail страница 10
—Et, dit-elle encore, il faut que mous soyons seuls.
Je tressaillis et je songeai à mes trois amis.
—Je vais quitter le bal dans une heure, continua-t-elle.
—Et puis?
—En sortant du faubourg, vous vous dirigerez vers le Danube.
—Bien.
—Vous verrez une petite maison blanche, isolée de toute autre habitation.
—Je la connais.
—Cette maison est inhabitée. Vous irez vous asseoir sur le seuil de la porte et vous attendrez!
A mesure que la comtesse parlait, mon coeur battait avec violence.
—Ah! soupira la jeune fille au moment où la valse finissait, je n'ai, hélas! foi qu'en vous...
Et comme je lui demandais l'explication de ces étranges paroles:
—Ne m'interrogez pas, dit-elle; dans une heure vous saurez tout.
J'allais la reconduire auprès de son père et sortir du bal, mais, en ce moment, je vis Maurevailles, Lacy et Lavenay qui s'avançaient vers nous.
Maurevailles avait à la main son tricorne qui renfermait nos quatre noms.
—Présentez-nous donc! fit-il.
Je devins fort pâle; mais je parvins néanmoins à me dominer, et, souriant à la jeune fille, je lui dis:
—Permettez-moi, comtesse, de vous présenter mes trois amis les hommes rouges.
Elle les salua avec une grâce charmante.
—Madame, lui dit alors Maurevailles, nous avons fait un pari, mes amis et moi.
—En vérité, fit-elle souriante.
—Nous avons une expédition à entreprendre. Il faut que l'un de nous se dévoue, me hâtai-je d'ajouter.
—Ah! mon Dieu! dit-elle. Mais vous êtes en pleine trêve, messieurs?
—Il ne s'agit point de guerre, madame.
—C'est différent, en ce cas.
—Et nous avons mis nos quatre noms dans un chapeau.
—Eh bien?
—Nous cherchons une main innocente pour remplir le rôle du destin; il était impossible d'en trouver une plus pure et plus belle, murmurai-je.
Elle eut un frais éclat de rire.
—Ah! comme vous voudrez! dit-elle.
Et elle mit sa main blanche dans le chapeau de Maurevailles.
Une violente émotion s'empara sans doute de mes trois rivaux, car je les vis pâlir.
Gaston de Lavenay, surtout, devint livide.
VI
OU TONY VOIT LE MARQUIS ALLER A UN
RENDEZ-VOUS
Quant à moi, lut encore le commis à mame Toinon, j'éprouvai, pendant que la comtesse plongeait sa jolie main dans le chapeau de Maurevailles, un supplice qu'il me serait impossible de décrire.
La jeune fille, souriante et calme, retira sa main et nous montra un des quatre rouleaux de papier.
—Voici le nom du gagnant, dit-elle.
Et elle s'apprêtait à dérouler le papier; mais Gaston de Lavenay l'arrêta d'un geste.
—Pas encore! murmura-t-il.
La jeune fille le regarda avec étonnement.
—C'est pour la suite du pari, dit Marc de Lacy.
—Comtesse, ajouta Maurevailles, veuillez garder un moment ce billet.
Il s'approcha d'une cheminée et jeta les trois autres noms dans le feu.
Puis il revint vers nous.
—M'expliquerez-vous cette énigme? demanda la belle Hongroise en se tournant vers moi.
Mais Maurevailles prit encore la parole et dit:
—Comtesse, nous nous sommes fixé un but tous les quatre.
—Ah!
—Ce but doit être la récompense de celui dont le nom se trouve roulé entre vos jolis doigts.
—Eh bien?
—Mais chacun de nous doit le poursuivre.
—Je ne comprends pas, dit naïvement la jeune fille.
—C'est peut-être une énigme, ajouta Gaston de Lavenay, qui avait fini par sourire.
—Et cette énigme?
—Nous devons concourir à la déchiffrer tous les quatre.
—Je comprends de moins en moins.
—Eh bien, dit Maurevailles, voulez-vous nous donner huit jours pour vous l'expliquer!
—Oh! de grand coeur...
—Et, en attendant, gardez ce billet sans l'ouvrir.
—Par sainte Haydée, ma patronne, je le jure, répondit la jeune fille.
Une Hongroise mourrait plutôt que de trahir son serment.
Nos trois amis s'inclinèrent, laissant le billet aux mains de la comtesse Haydée, et je demeurai seul avec elle une minute encore.
—Qu'est-ce que cette nébuleuse plaisanterie?
—Je ne sais...
—Comment! fit-elle.
—Ou plutôt, ajoutai-je me remettant tout à fait de mon trouble, je ne puis vous l'expliquer aujourd'hui.
—C'est juste, me dit-elle; comme vos amis, vous êtes lié par un serment sans doute?
—Oui, comtesse.
Elle me sourit.
—Soit, dit-elle, gardez votre secret, mais n'oubliez pas que je vous attends dans une heure. Adieu.
Elle me tendit le bout de ses doigts