Le Cabinet des Fées. Anonyme

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Le Cabinet des Fées - Anonyme

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autre fois, il alla se cacher dans un blé, tenant toujours son sac ouvert; et lorsque deux perdrix y furent entrées, il tira les cordons et les prit toutes deux.

      Il alla ensuite les présenter au roi, comme il avait fait du lapin de garenne. Le roi reçut encore avec plaisir les deux perdrix, et lui fit donner pour boire.

      Le Chat continua ainsi, pendant deux ou trois mois, à porter de temps en temps au roi du gibier de la chasse de son maître. Un jour qu'il sut que le roi devait aller à la promenade sur le bord de la rivière avec sa fille, la plus belle princesse du monde, il dit à son maître:

      --Si vous voulez suivre mon conseil, votre fortune est faite; vous n'avez qu'à vous baigner dans la rivière, à l'endroit que je vous montrerai, et ensuite me laisser faire.

      Le marquis de Carabas fit ce que son Chat lui conseillait, sans savoir à quoi cela serait bon.

      Dans le temps qu'il se baignait, le roi vint à passer; et le Chat se mit à crier de toute sa force:

      --Au secours! au secours! voilà M. le marquis de Carabas qui se noie!

      A ce cri, le roi mit la tête à la portière; et, reconnaissant le Chat qui lui avait apporté tant de fois du gibier, il ordonna à ses gardes qu'on allât vite au secours de M. le marquis de Carabas.

      Le Chat, ravi de voir que son dessein commençait à réussir, prit les devants; et ayant rencontré des paysans qui fauchaient un pré, il leur dit:

      Le roi ne manqua pas à demander aux faucheurs à qui était ce pré qu'ils fauchaient.

      --C'est à M. le marquis de Carabas, dirent-ils tous ensemble; car la menace du Chat leur avait fait peur.

      --Vous avez là un bel héritage, dit le roi au marquis de Carabas.

      --Vous voyez, sire, répondit le marquis, c'est un pré qui ne manque point de rapporter abondamment toutes les années.

      Le Chat, qui allait toujours devant, rencontra des moissonneurs, et leur dit:

      --Bonnes gens qui moissonnez, si vous ne dites que tous ces blés appartiennent à M. le marquis de Carabas, vous serez tous hachés menu comme chair à pâté.

      Le roi, qui passa un moment après, voulut savoir à qui appartenaient tous les blés qu'il voyait.

      --C'est à M. le marquis de Carabas, répondirent les moissonneurs.

      Et le roi s'en réjouit avec le marquis.

      Le Chat, qui allait devant la carrosse, disait toujours la même chose à tous ceux qu'il rencontrait; et le roi était étonné des grands biens de M. le marquis de Carabas.

      Le maître Chat arriva enfin dans un beau château, dont le maître était un Ogre, le plus riche qu'on ait jamais vu: car toutes les terres par où le roi avait passé étaient de la dépendance de ce château.

      Le Chat eut soin de s'informer qui était cet Ogre, et ce qu'il savait faire, et demanda à lui parler, disant qu'il n'avait pas voulu passer si près de son château sans avoir l'honneur de lui faire la révérence.

      L'Ogre le reçut aussi civilement que le peut un Ogre, et le fit reposer.

      --On m'a assuré, dit le Chat, que vous aviez le don de vous changer en toutes sortes d'animaux; que vous pouviez, par exemple, vous transformer en lion, en éléphant.

      --Cela est vrai, répondit l'Ogre brusquement, et, pour vous le montrer, vous m'allez voir devenir lion.

      Le Chat fut si effrayé de voir un lion devant lui, qu'il gagna aussitôt les gouttières, non sans peine et sans péril, à cause de ses bottes, qui ne valaient rien pour marcher sur les tuiles.

      Quelque temps après, le Chat, ayant vu que l'Ogre avait repris sa première forme, descendit et avoua qu'il avait eu bien peur.

      --On m'a assuré encore, dit le Chat, mais je ne saurais le croire, que vous aviez aussi le pouvoir de prendre la forme des plus petits animaux; par exemple, de vous changer en un rat, en une souris: je vous avoue que je tiens cela tout à fait impossible.

      --Impossible! reprit l'Ogre; vous allez le voir.

      Et en même temps il se changea en une souris, qui se mit à courir sur le plancher.

      Le Chat ne l'eut pas plus tôt aperçu, qu'il se jeta dessus et la mangea.

      Cependant le roi, qui vit en passant le beau château de l'Ogre, voulut entrer dedans.

      --Votre Majesté soit la bienvenue dans ce château de M. le marquis de Carabas!

      --Comment! monsieur le marquis, s'écria le roi, ce château est encore à vous? Il ne se peut rien de plus beau que cette cour, et que tous ces bâtiments qui l'environnent: voyons le dedans, s'il vous plaît.

      Le marquis donna la main à la jeune princesse; et, suivant le roi qui montait le premier, ils entrèrent dans une grande salle, où ils trouvèrent une magnifique collation que l'Ogre avait fait préparer pour ses amis, qui le devaient venir voir ce même jour-là, mais qui n'avaient pas osé entrer, sachant que le roi y était.

      Le roi, charmé des bonnes qualités de M. le marquis de Carabas, de même que sa fille, qui en était folle, et voyant les grands biens qu'il possédait, lui dit, après avoir bu cinq à six coups:

      Le

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