Le Cabinet des Fées. Anonyme

Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу Le Cabinet des Fées - Anonyme страница 6

Автор:
Серия:
Издательство:
Le Cabinet des Fées - Anonyme

Скачать книгу

toujours devant leur miroir.

      Enfin l'heureux jour arriva: on partit, et Cendrillon les suivit des yeux le plus longtemps qu'elle put. Lorsqu'elle ne les vit plus, elle se mit à pleurer.

      Sa marraine, qui la vit tout en pleurs, lui demanda ce qu'elle avait.

      --Je voudrais bien.... je voudrais bien... Elle pleurait si fort, qu'elle ne put achever. Sa marraine, qui était Fée, lui dit:

      --Tu voudrais bien aller au bal, n'est-ce pas?

      --Hélas! oui, dit Cendrillon en soupirant.

      --Eh bien, seras-tu bonne fille? dit sa marraine; je t'y ferai aller.

      Elle la mena dans sa chambre, et lui dit:

      --Va dans le jardin, et apporte-moi une citrouille.

      Cendrillon alla aussitôt cueillir la plus belle qu'elle put trouver, et la porta à sa marraine, ne pouvant deviner comment cette citrouille la pourrait faire aller au bal.

      Ensuite elle alla regarder dans sa souricière, où elle trouva six souris toutes en vie.

      Elle dit à Cendrillon de lever un peu la trappe de la souricière, et à chaque souris qui sortait, elle lui donnait un coup de sa baguette, et la souris était aussitôt changée en un beau cheval; ce qui fit un bel attelage de six chevaux d'un beau gris de souris pommelé.

      --Je vais voir, dit Cendrillon, s'il n'y a point quelque rat dans la ratière, nous en ferons un cocher.

      --Tu as raison, dit sa marraine; va voir.

      Cendrillon lui apporta la ratière, où il y avait trois gros rats.

      La Fée en prit un d'entre les trois, à cause de sa maîtresse barbe; et, l'ayant touché, il fut changé en un gros cocher, qui avait une des plus belles moustaches qu'on ait jamais vues.

      Ensuite elle lui dit:

      --Va dans le jardin, tu y trouveras six lézards derrière l'arrosoir; apporte-les-moi.

      Elle ne les eut pas plus tôt apportés, que la marraine les changea en six laquais, qui montèrent aussitôt derrière le carrosse, avec leurs habits chamarrés, et qui s'y tenaient attachés comme s'ils n'eussent fait autre chose de toute leur vie.

      La Fée dit alors à Cendrillon:

      --Eh bien, voilà de quoi aller au bal; n'es-tu pas bien aise?

      --Oui, mais est-ce que j'irai comme cela, avec mes vilains habits?

      Sa marraine ne fit que la toucher avec sa baguette, et en même temps ses habits furent changes en des habits de drap d'or et d'argent, tout chamarrés de pierreries: elle lui donna ensuite une paire de pantoufles de verre, les plus jolies du monde.

      Quand elle fut ainsi parée, elle monta en carrosse; mais sa marraine lui recommanda sur toutes choses de ne pas passer minuit, l'avertissant que, si elle demeurait au bal un moment davantage, son carrosse redeviendrait citrouille, ses chevaux des souris, ses laquais des lézards, et que ses vieux habits reprendraient leur première forme.

      Elle promit à sa marraine qu'elle ne manquerait pas de sortir du bal avant minuit.

      Elle part, ne se sentant pas de joie.

      Le fils du roi, qu'on alla avertir qu'il venait d'arriver une grande princesse qu'on ne connaissait point, courut la recevoir: il lui donna la main à la descente du carrosse, et la mena dans la salle où était la compagnie.

      Il se fit alors un grand silence; on cessa de danser, et les violons ne jouèrent plus, tant on était attentif à contempler les grandes beautés de cette inconnue. On n'entendait qu'un bruit confus:

      --Ah! qu'elle est belle!

      Le roi même, tout vieux qu'il était, ne laissait pas de la regarder, et de dire tout bas à la reine qu'il y avait longtemps qu'il n'avait vu une si belle et si aimable personne.

      Toutes les dames étaient attentives à considérer sa coiffure et ses habits, pour en avoir, dès le lendemain, de semblables, pourvu qu'il se trouvât des étoffes assez belles et des ouvriers assez habiles.

      Le fils du roi la mit à la place la plus honorable, et ensuite la prit pour la mener danser. Elle dansa avec tant de grâce, qu'on l'admira encore davantage.

      On apporta une fort belle collation, dont le jeune prince ne mangea point, tant il était occupé à la considérer.

      Elle alla s'asseoir auprès de ses soeurs, et leur fit mille honnêtetés: elle leur fit part des oranges et des citrons que le prince lui avait donnés, ce qui les étonna fort, car elles ne la connaissaient point.

      Lorsqu'elles causaient ainsi, Cendrillon entendit sonner onze heures trois quarts: elle fit aussitôt une grande révérence à la compagnie, et s'en alla le plus vite qu'elle put.

      Dès qu'elle fut arrivée, elle alla trouver sa marraine; et, après l'avoir remerciée, elle lui dit qu'elle souhaiterait bien aller encore le lendemain au bal, parce que le fils du roi l'en avait priée.

      Comme elle était occupée à raconter à sa marraine tout ce qui s'était passé au bal, les deux soeurs heurtèrent à la porte: Cendrillon leur alla ouvrir.

      --Que vous êtes longtemps à revenir! leur dit-elle en se frottant les yeux, et en s'étendant comme si elle n'eût fait que de se réveiller.

      Elle n'avait cependant pas envie de dormir depuis qu'elles s'étaient quittées.

      --Si tu étais venue au bal, lui dit une de ses soeurs, tu ne t'y serais pas ennuyée: il est venu la plus belle princesse, la plus belle qu'on puisse jamais voir; elle nous a fait mille civilités; elle nous a donné des oranges et des citrons.

      Cendrillon ne se sentait pas de joie; elle leur demanda le nom de cette princesse; mais elles lui répondirent qu'on ne la connaissait pas; que le fils du roi en était fort en peine, et qu'il donnerait toute chose au monde pour savoir qui elle était.

      Cendrillon sourit, et leur dit:

      --Elle était donc bien belle! mon Dieu, que vous êtes heureuses! ne pourrai-je point la voir? hélas! mademoiselle Javotte, prêtez-moi votre habit jaune que vous mettez tous les jours.

      --Vraiment, dit mademoiselle Javotte, je suis de cet avis; prêtez votre habit à un vilain Cendron comme cela! il faudrait que je fusse bien folle.

      Cendrillon s'attendait bien à ce refus, et elle en fut bien aise; car elle aurait été grandement embarrassée si sa soeur eut bien voulu lui prêter son habit.

      Le lendemain les deux soeurs furent au bal, et Cendrillon aussi, mais encore plus parée que

Скачать книгу