Le Cabinet des Fées. Anonyme

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Le Cabinet des Fées - Anonyme

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en votre place.

      Il la mena aussitôt à sa chambre, où, la laissant embrasser ses enfants et pleurer avec eux, il alla accommoder une biche, que la reine mangea à son souper avec le même appétit que si c'eût été la jeune reine. Elle était bien contente de sa cruauté; elle se préparait à dire au roi, à son retour, que les loups enragés avaient mangé la reine sa femme et ses deux enfants.

      L'ogresse reconnut la voix de la reine et de ses enfants; et, furieuse d'avoir été trompée, elle commanda, le lendemain au matin, avec une voix épouvantable qui faisait trembler tout le monde, qu'on apportât au milieu de la cour une grande cuve, qu'elle fit remplir de vipères, de crapauds, de couleuvres et de serpents, pour y faire jeter la reine et ses enfants, le maître d'hôtel, sa femme et sa servante. Elle avait donné ordre de les amener les mains liées derrière les dos.

       Table des matières

      Il était une fois une reine qui eut un fils si laid et si mal fait, qu'on douta longtemps s'il avait forme humaine. Une fée, qui se trouva à sa naissance, assura qu'il aurait beaucoup d'esprit: elle ajouta même qu'il pourrait, en vertu du don qu'elle venait de lui faire, donner autant d'esprit qu'il en aurait à la personne qu'il aimerait le mieux.

      Tout cela consola un peu la pauvre reine, qui était bien affligée d'avoir un si vilain marmot.

      Il est vrai que cet enfant ne commença pas plus tôt à parler, qu'il dit mille jolies choses, et qu'il avait dans toutes ses actions je ne sais quoi de si spirituel, qu'on en était charmé.

      Au bout de sept ou huit ans, la reine d'un royaume voisin eut deux filles.

      La première qui vint au monde était plus belle que le jour: la reine en fut si aise, qu'on appréhenda que la trop grande joie qu'elle en avait ne lui fit mal.

      La même fée qui avait assisté à la naissance du petit Riquet à la Houppe était présente; et, pour modérer la joie de la reine, elle lui déclara que cette petite princesse n'aurait point d'esprit, et qu'elle serait aussi stupide qu'elle était belle.

      Cela mortifia beaucoup la reine: mais elle eut, quelques moments après, un bien plus grand chagrin; car sa seconde fille se trouva extrêmement laide.

      --Ne vous affligez pas tant, madame, lui dit la fée: votre fille sera récompensée d'ailleurs, et elle aura tant d'esprit, qu'on ne s'apercevra presque pas qu'il lui manque de la beauté.

      --Dieu le veuille, répondit la reine; mais n'y aurait-il point un moyen de faire avoir un peu d'esprit à l'aînée qui est si belle?

      A mesure que ces deux princesses devinrent grandes, leurs perfections crûrent aussi avec elles; et on ne parlait partout que de la beauté de l'aînée et de l'esprit de la cadette.

      Il est vrai que leurs défauts augmentèrent beaucoup avec l'âge. La cadette enlaidissait à vue d'oeil, et l'aînée devenait plus stupide de jour en jour: ou elle ne répondait rien à ce qu'on lui demandait, ou elle disait une sottise. Elle était avec cela si maladroite, qu'elle n'eût pu ranger quatre porcelaines sur le bord de la cheminée sans en casser une, ni boire un verre d'eau sans en répandre la moitié sur ses habits.

      Quoique la beauté soit un grand avantage dans une jeune personne, cependant la cadette l'emportait presque toujours sur son aînée dans toutes les compagnies.

      D'abord on allait du côté de la plus belle, pour la voir et pour l'admirer; mais bientôt après on allait à celle qui avait le plus d'esprit, pour lui entendre dire mille choses

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