Le Cabinet des Fées. Anonyme

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Le Cabinet des Fées - Anonyme

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rel="nofollow" href="#ulink_7712fad6-623a-5888-80a8-9b6b42b54248">7 la carabine sur l'épaule, et ronflant de leur mieux. Il traverse plusieurs chambres pleines de gentilshommes et de dames dormant tous, les uns debout, les autres assis. Il entra dans une chambre toute dorée; et il vit sur un lit, dont les rideaux étaient ouverts de tous côtés, le plus beau spectacle qu'il eût jamais vu, une princesse qui paraissait avoir quinze ou seize ans, et dont l'éclat resplendissant avait quelque chose de lumineux et de divin.

      Il s'approcha en tremblant et en admirant, et se mit à genoux auprès d'elle. Alors, comme la fin de l'enchantement était venue, la princesse s'éveilla; et le regardant avec des yeux plus tendres qu'une première vue ne semblait le permettre:

      --Est-ce vous, mon prince? lui dit-elle; vous vous êtes bien fait attendre.

      Le prince, charmé de ces paroles, et plus encore de la manière dont elles étaient dites, ne savait comment lui témoigner sa joie et sa reconnaissance; il l'assura qu'il l'aimait plus que lui-même. Ses discours furent mal rangés; ils en plurent davantage: peu d'éloquence, beaucoup d'amour. Il était plus embarrassé qu'elle, et l'on ne doit pas s'en étonner: elle avait eu le temps de songer à ce qu'elle aurait à lui dire; car il y a apparence (l'histoire n'en dit pourtant rien) que la bonne fée, pendant un si long sommeil, lui avait procuré le plaisir des songes agréables. Enfin il y avait quatre heures qu'ils se parlaient, et ils ne s'étaient pas encore dit la moitié des choses qu'ils avaient à se dire.

      La reine dit plusieurs fois à son fils, pour le faire expliquer, qu'il fallait se contenter dans la vie; mais il n'osa jamais se fier à elle de son secret: il la craignait, quoiqu'il l'aimât; car elle était de race ogresse, et le roi ne l'avait épousée qu'à cause de ses grands biens.

      On disait même tout bas à la cour qu'elle avait les inclinations des ogres, et qu'en voyant passer de petits enfants, elle avait toutes les peines du monde à se retenir de se jeter sur eux.

      Ainsi le prince ne voulut jamais rien dire.

      Mais quand le roi fut mort, ce qui arriva au bout de deux ans, et qu'il se vit le maître, il déclara publiquement son mariage, et alla en grande cérémonie quérir la reine sa femme dans son château.

      On lui fit une entrée magnifique dans la ville capitale, où elle entra au milieu de ses deux enfants.

      Quelque temps après, le roi alla faire la guerre à l'empereur Cantalabutte, son voisin. Il laissa la régence du royaume à la reine sa mère, et lui recommanda fort sa femme et ses enfants.

      Il devait être à la guerre tout l'été; et dès qu'il fut parti, la reine mère envoya sa bru et ses enfants à une maison de campagne dans les bois, pour pouvoir plus aisément assouvir son horrible envie.

      Elle y alla quelques jours après, et dit un soir à son maître d'hôtel:

      --Je veux manger demain à mon dîner la petite Aurore.

      --Ah! madame! dit le maître d'hôtel.

      --Je le veux, dit la reine.

      Et elle le dit d'un ton d'ogresse qui a envie de manger de la chair fraîche.

      --Et je la veux manger à la sauce Robert.

      Ce pauvre homme, voyant bien qu'il ne fallait pas se jouer à une ogresse, prit son grand couteau, et monta à la chambre de la petite Aurore.

      Elle avait pour lors quatre ans, et vint en sautant et en riant se jeter à son cou, et lui demander du bonbon.

      Il se mit à pleurer; le couteau lui tomba des mains; et il alla dans la basse-cour couper la gorge à un petit agneau, et lui fit une si bonne sauce, que sa maîtresse l'assura qu'elle n'avait jamais rien mangé de si bon.

      Il avait emporté en même temps la petite Aurore, et l'avait donnée à sa femme pour la cacher dans le logement qu'elle avait au fond de la basse-cour.

      Huit jours après, la méchante reine dit à son maître-d'hôtel:

      --Je veux manger à mon souper le petit Jour.

      Cela était fort bien allé jusque-là; mais un soir, cette méchante reine dit au maître d'hôtel:

      --Je veux manger la reine à la même sauce que ses enfants.

      Ce fut alors que le pauvre maître d'hôtel désespéra de la pouvoir encore tromper. La jeune reine avait vingt ans passés, sans compter les cent ans qu'elle avait dormi: sa peau était un peu dure, quoique belle et blanche; et le moyen de trouver dans la ménagerie une bête aussi dure que cela! Il prit la résolution, pour sauver sa vie, de couper la gorge à la reine, et monta dans sa chambre dans l'intention de n'en pas faire à deux fois. Il s'excitait à la fureur et entra, le poignard à la main, dans la chambre de la jeune reine; il ne voulut pourtant point la surprendre, et lui dit avec beaucoup de respect l'ordre qu'il avait reçu de la reine mère.

      --Faites, faites, lui dit-elle en lui tendant le cou; exécutez l'ordre qu'on vous a donné; j'irai revoir mes enfants mes pauvres enfants, que j'ai tant aimés!

      Elle les croyait morts depuis qu'on les avait enlevés sans lui rien dire.

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