Études: Baudelaire, Paul Claudel, André Gide, Rameau, Bach, Franck, Wagner, Moussorgsky, Debussy…. Jacques Rivière

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Études: Baudelaire, Paul Claudel, André Gide, Rameau, Bach, Franck, Wagner, Moussorgsky, Debussy… - Jacques Rivière

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Ce n'est pas un accord préconçu de nuances qui s'impose au tableau et remplace les teintes naturelles. Gauguin use seulement de son pouvoir sur les choses; il leur persuade de se laisser détourner légèrement de ce qu'elles sont. Il appelle leurs tons du sein du désordre; il les tente avec subtilité, il les invite à se reformer. Il invoque en silence les éléments dispersés et les rejoint par une sorte d'influence, ainsi qu'en soufflant sur des braises on les ranime en une seule flamme.

      A ce moment naît l'accord du tableau. Toutes les diverses couleurs, sous l'inspiration cachée, consentent un pacte. Les objets ont été amenés doucement à se correspondre; leurs visages délicats et différents sont tournés vers moi. Je reconnais chacun, je goûte longuement sa nuance agrandie et je sens avec délice comment elle est confirmée en ce même moment à l'autre extrémité du tableau par une touche imperceptible qui l'imite, dissimulée. Délicatesse des rappels secrets! Souvenir parmi les feuilles du ton le plus exposé! Jardin des balancements!

      1910.

       PAUL CLAUDEL

       Table des matières

       Table des matières

      Certes le nom de Cœuvre ne

       s'éteindra point dans les âges.

      (Paul Claudel, La Ville).

      I

      O toi, qui comme la langue résides dans un lieu obscur!

      S'il est vrai, comme l'eau jaillit de la terre,

      Que la nature pareillement entre les lèvres du poète nous ait ouvert une source de paroles,

      Explique-moi d'où vient ce souffle par ta bouche façonné en mots.

      Car quand tu parles, comme un arbre qui de toute sa feuille

      S'émeut dans le silence de Midi, la paix en nous peu à peu succède à la pensée.

      Par le moyen de ce chant sans musique et de cette parole sans voix, nous sommes accordés à la mélodie de ce monde.

      Tu n'expliques rien, ô poète, mais toutes choses par toi nous deviennent explicables[1].

      Seules les paroles du poète sont dignes de lui être adressées. Et quelles diraient mieux le mystère de son génie? Il ne faut que l'entendre parler, que livrer notre cœur à son murmure: déjà nous sommes initiés au secret de l'univers; avant d'avoir compris le contenu de ses mots, nous sentons éclore en nous une explication ineffable de toutes choses. Le sens du monde nous est révélé: "Nous sommes accordés à la mélodie de ce monde." Ce n'est pas que nous pensions pouvoir désormais assigner à chaque effet sa cause, ni que nous ayons conquis la raison mathématique de la nature; mais c'est une conscience, une certitude, une pénétration de tout en profondeur: "La paix en nous peu à peu succède à la pensée."

      Il y a en effet dans le mot une secrète vertu dont le poète sait se rendre maître. Le mot est plus qu'un signe conventionnel. Il est, prononcé, un rythme qui reproduit le rythme constitutif de l'objet désigné. Il est la forme essentielle de l'objet copiée par l'attitude physique de celui qui le dit[2]. Par lui le poète évoque directement la chose, la rend présente, sensible, lui restitue l'existence:

      Proférant de chaque chose le nom,

      Comme un père tu l'appelles mystérieusement dans son principe, et selon que jadis

      Tu participas à sa création, tu coopères à son existence[3]!

      Il peut ainsi expliquer le monde, non point en en donnant des raisons, mais en le suscitant par sa voix dans son ordre vrai, en le re-présentant à nos yeux sous sa forme authentique. Il "légifère"; il ordonne aux êtres de surgir en les appelant et il fait sentir leur relation profonde. Les mots qu'il prononce n'ont pas une signification abstraite, qu'il faille extraire et qui rende compte logiquement de l'univers; mais, étant les choses concrètes elles-mêmes, ils exhalent par leur simple arrangement un sens. Ce sens est le sens du monde, c'est-à-dire sa direction, son intention, sa fin. Et il pénètre en nous, enveloppé dans les images sensibles, sans que nous sachions comment:

      Le son des paroles et leur sens, fondus en une phrase commune,

      Ont de si subtils échanges et de si secrets accords, que l'âme recueillie sur l'esprit

      Aperçoit que l'idée pure ne se refusera pas à un attouchement délectable.

      Telles sont, ô Cœuvre, les noces où tu nous convies[4].

      Comment oser briser cette si parfaite union du verbe et de l'idée, comment séparer l'art de la doctrine, la poésie de sa signification? Pour parler dignement de Claudel il faudrait tout dire à la fois et présenter son œuvre entière d'un seul coup, dans sa somptuosité, dans sa complexité infinie et dans son unité profonde. Mais mieux vaudrait se taire. Et puisqu'il s'agit ici d'expliquer, il faut bien se résoudre à dissocier ce que le génie créa inséparable.

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