Études: Baudelaire, Paul Claudel, André Gide, Rameau, Bach, Franck, Wagner, Moussorgsky, Debussy…. Jacques Rivière
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Les débauchés rentraient, brisés par leurs travaux[22].
Poésie pleine d'amour. Elle se partage entre tous les malheurs; elle accompagne chacun dans sa mansarde. Elle le devine, proche ou lointain, à travers les murs. Elle assiste toute la ville qui souffre et mène sa tâche. Elle
.... refait le lit des gens pauvres et nus[23].
Mais la pitié qui la tient est si violente qu'elle se tait[24].
Dans ces vers mesurés, que semblait guider une âme tranquille et artificieuse, pouvions-nous discerner de quels sentiments extrêmes nous ferait à la fin complices l'audience que nous leur prêtions? Mais il est trop tard pour échapper. Les plus grandes passions se sont insinuées en nous, si grandes, si vastes, si complètes, que les voici contradictoires. C'est toute notre âme avec la violence insoupçonnée de ses amours diverses que Baudelaire nous a rendue à nous-mêmes sensible. Il est possible que le don soit lourd et qu'il faille du courage pour le supporter. Cette poésie ne rassure pas; elle ne verse pas d'illusions. Mais elle s'adresse à ceux pour qui rien n'est plus beau que de connaître son cœur, que de le sentir peser en soi. Souvent j'écouterai la voix de cet ange savant et désespéré.
1910.
[1] Voir Semper eadem et Recueillement.
[2] "Le propre de la Confession, dit Péguy, ... est de montrer de préférence les pièces invisibles, et de dire surtout ce qu'il faudrait taire." (Victor-Marie, Comte Hugo, p. 14.)
[3] L'Ennemi, p. 101.
[4] Spleen, p. 199.
[5] Chant d'Automne, p. 172.
[6] Le Goût du Néant, p. 205.
[7] Sur Le Tasse en prison, p. 236. Cf. L'Irréparable, p. 168.
Pouvons-nous étouffer le vieux, le long Remords,
Qui vit, s'agite et se tortille,
Et se nourrit de nous comme le ver des morts,
Comme du chêne la chenille?
Pouvons-nous étouffer l'implacable Remords?
[8] Ciel brouillé, p. 160.
[9] Un Voyage à Cythère, p. 321.
[10] "Il a chanté, disait Claudel, la seule passion que le xixe siècle pût éprouver avec sincérité: le remords."
[11] L'Irrémédiable, p. 242.
[12] "Volupté saturée de douleur et de remords." (Œuvres Posthumes, p. 93.)
Derrière les décors
De l'existence immense, au plus noir de l'abîme
Je vois distinctement des mondes singuliers.
(La Voix, p. 225.)
Comparez:
Mais les ténèbres sont elles-mêmes des toiles
Où vivent, jaillissant de mon œil par milliers,
Des êtres disparus aux regards familiers!
(Obsession, p. 204.)
Et:
Promenant sur le ciel des yeux appesantis
Par le morne regret des chimères absentes.
(Bohémiens en voyage, p. 104.)
Dans les Posthumes on lit (p. 86): "Il y a des moments de l'existence où le temps et l'étendue sont plus profonds, et le sentiment de l'existence immensément augmenté."
[14] La Chevelure, p. 119. Comparez Parfum exotique, p. 118.
Une île paresseuse où la nature donne, etc.
[15] Mœsta et Errabunda, p. 184 et 185.
[16] L'Invitation au voyage, p. 167.
[17] S'adressant à sa Muse malade (p. 98), il dit:
Je voudrais qu'exhalant l'odeur de la santé
Ton sein de pensers forts fût toujours fréquenté,
Et que ton sang chrétien coulât à flots rythmiques
Comme les sons nombreux des syllabes antiques,
Où règnent tour à tour le père des chansons,
Phœbus, et le grand Pan, le seigneur des moissons.
[18] Je songe, dit-il:
A quiconque a perdu ce qui ne se retrouve
Jamais! jamais! à ceux qui s'abreuvent de pleurs...
(Le Cygne, p. 260.)
Comparez:
Pauvre grande beauté! Le magnifique fleuve
De tes pleurs aboutit dans mon cœur soucieux.
(Le Masque, p. 115.)
[19] Spleen, p. 199. Comparez le poème:
Je n'ai pas oublié, voisine de la ville, etc. (p. 282).