Le Collier de la Reine, Tome II. Dumas Alexandre

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Le Collier de la Reine, Tome II - Dumas Alexandre

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que je le préférerais; la reine devenue mon obligée…

      – Monseigneur, quelque chose me dit que vous jouirez de cette satisfaction. Vous y êtes-vous préparé?

      – J'ai fait vendre mes derniers biens et engagé pour l'année prochaine mes revenus et mes bénéfices.

      – Vous avez les cinq cent mille livres, alors?

      – Je les ai; seulement, après ce paiement fait, je ne saurai plus comment faire.

      – Ce paiement, s'écria Jeanne, nous donne un trimestre de tranquillité. En trois mois, que d'événements, bon Dieu!

      – C'est vrai; mais le roi me fait dire de ne plus faire de dettes.

      – Un séjour de deux mois au ministère vous mettra tous vos comptes au net.

      – Oh! comtesse…

      – Ne vous révoltez pas. Si vous ne le faisiez pas, vos cousins le feraient.

      – Vous avez toujours raison. Où allez-vous?

      – Retrouver la reine, savoir l'effet qu'a produit votre présence.

      – Très bien. Moi je retourne à Paris.

      – Pourquoi? Vous seriez revenu au jeu ce soir. C'est d'une bonne tactique; n'abandonnez pas le terrain.

      – Il faut malheureusement que je me trouve à un rendez-vous que j'ai reçu ce matin avant de partir.

      – Un rendez-vous?

      – Assez sérieux, si j'en juge par le contenu du billet qu'on m'a fait tenir. Voyez…

      – Une écriture d'homme! dit la comtesse.

      Et elle lut:

      «Monseigneur, quelqu'un veut vous entretenir du recouvrement d'une somme importante. Cette personne se présentera ce soir chez vous, à Paris, pour obtenir l'honneur d'une audience.»

      – Anonyme… Un mendiant.

      – Non, comtesse, on ne s'expose pas de gaieté de cœur à être bâtonné par mes gens pour s'être joué de moi.

      – Vous croyez?

      – Je ne sais pourquoi, mais il me semble que je connais cette écriture.

      – Allez donc, monseigneur; d'ailleurs, on ne risque jamais grand-chose avec les gens qui promettent de l'argent. Ce qu'il y aurait de pis, ce serait qu'ils ne payassent pas. Adieu, monseigneur.

      – Comtesse, au bonheur de vous revoir.

      – À propos, monseigneur, deux choses.

      – Lesquelles?

      – Si, par hasard, il allait vous rentrer inopinément une grosse somme?

      – Eh bien! comtesse?

      – Quelque chose de perdu; une trouvaille! un trésor!

      – Je vous entends, espiègle, part à deux, voulez-vous dire?

      – Ma foi! monseigneur…

      – Vous me portez bonheur, comtesse; pourquoi ne vous en tiendrais je pas compte? Ce sera fait. L'autre chose à présent?

      – La voici. Ne vous mettez pas à entamer les cinq cent mille livres.

      – Oh! ne craignez rien.

      Et ils se séparèrent. Puis le cardinal revint à Paris dans une atmosphère de félicités célestes.

      La vie changeait de face pour lui en effet depuis deux heures. S'il n'était qu'amoureux, la reine venait de lui donner plus qu'il n'aurait osé espérer d'elle; s'il était ambitieux, elle lui faisait espérer plus encore.

      Le roi, habilement conduit par sa femme, devenait l'instrument d'une fortune que désormais rien ne pourrait arrêter. Le prince Louis se sentait plein d'idées; il avait autant de génie politique que pas un de ses rivaux, il entendait la question d'amélioration, il ralliait le clergé au peuple pour former une de ces solides majorités qui gouvernent longtemps par la force et par le droit.

      Mettre à la tête de ce mouvement de réforme la reine, qu'il adorait, et dont il eût changé la désaffection toujours croissante en une popularité sans égale: tel était le rêve du prélat, et ce rêve, un seul mot tendre de la reine Marie-Antoinette pouvait le changer en une réalité.

      Alors, l'étourdi renonçait à ses faciles triomphes, le mondain se faisait philosophe, l'oisif devenait un travailleur infatigable. C'est une tâche aisée pour les grands caractères que de changer la pâleur des débauchés contre la fatigue de l'étude. Monsieur de Rohan fût allé loin, traîné par cet attelage ardent que l'on nomme l'amour et l'ambition.

      Il se crut à l'œuvre dès son retour à Paris, brûla d'un coup une caisse de billets amoureux, appela son intendant pour ordonner des réformes, fit tailler des plumes par un secrétaire pour écrire des mémoires sur la politique de l'Angleterre, qu'il comprenait à merveille, et, depuis une heure au travail, il commençait à rentrer dans la possession de lui-même, lorsqu'un coup de sonnette l'avertit, dans son cabinet, qu'une visite importante lui arrivait.

      Un huissier parut.

      – Qui est là? demanda le prélat.

      – La personne qui a écrit ce matin à monseigneur.

      – Sans signer?

      – Oui, monseigneur.

      – Mais cette personne a un nom. Demandez-le-lui.

      L'huissier revint le moment d'après:

      – Monsieur le comte de Cagliostro, dit-il.

      Le prince tressaillit.

      – Qu'il entre.

      Le comte entra, les portes se refermèrent derrière lui.

      – Grand Dieu! s'écria le cardinal, qu'est-ce que je vois?

      – N'est-ce pas, monseigneur, dit Cagliostro avec un sourire, que je ne suis guère changé?

      – Est-il possible… murmura monsieur de Rohan, Joseph Balsamo vivant, lui qu'on disait mort dans cet incendie. Joseph Balsamo…

      – Comte de Foenix, vivant, oui, monseigneur, et vivant plus que jamais.

      – Mais, monsieur, sous quel nom vous présentez-vous alors… et pourquoi n'avoir pas gardé l'ancien?

      – Précisément, monseigneur, parce qu'il est ancien et qu'il rappelle, à moi d'abord, aux autres ensuite, trop de souvenirs tristes ou gênants. Je ne parle que de vous, monseigneur; dites-moi, n'eussiez-vous pas refusé la porte à Joseph Balsamo?

      – Moi! mais, non, monsieur, non.

      Et le cardinal, encore stupéfait, n'offrait pas même un siège à Cagliostro.

      – C'est

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