La Cité Ravagée. Scott Kaelen
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Читать онлайн книгу La Cité Ravagée - Scott Kaelen страница 32
Oriken haussa les épaules. "Qui s'en soucie ? C'est ce que j'avais dit quand tu as vu les runes sur l'épée de Dagra la première fois. Bien sûr, c'est une arme singulière, mais pourquoi s'exciter à propos d'une langue morte ?"
"Je me demande quel trésor est le plus grand," soupira Jalis avec un sourire sarcastique. "Le joyau ou ta perspicacité légendaire."
"Tout ce que je dis, c'est qu'on a le joyau et qu'il vaut beaucoup plus que ce que Cela Chiddari nous donne. Même moi, je le vois."
"Nous sommes tous d'accord que nous avons trouvé une petite fortune," dit Dagra, "mais qui a les moyens de nous payer ce que ça vaut vraiment ? Certainement personne que je connaisse. Cinq cents dari d'argent, tout de même."
Jalis approuva d'un signe de la tête et jeta un coup d'œil à Oriken. "De plus, nous sommes liés par le code. Orik lui-même ne peut ignorer les règles de la guilde."
Oriken ajusta son chapeau. "Bien sûr que non. Loin de moi cette idée. Mais est-ce que ces règles avaient prévu comment extirper un bijou précieux enchâssé dans un solide morceau de granit ? Je préférerais livrer l'objet entier, si possible." Dagra haussa les épaules et regarda en direction de Jalis, qui secoua la tête. "Je veux dire," poursuivit Oriken, "ce n'est pas comme si on avait un marteau et un ciseau, n'est-ce pas ?"
Jalis se le reprocha à voix basse. "En rétrospective, voilà un oubli."
"Alors, comment on le déloge de là ?"
"Avec nos lames." Dagra pointa en direction des poignards que Jalis portait à sa ceinture. "Les tiens feraient très bien l'affaire, copine."
Jalis rigola. "Tu plaisantes ? Je ne vais pas abîmer mes lames sur ce bijou, peu importe la valeur qu'il a." Elle tapota le poignard à lame noire à sa hanche ainsi que celui plus fin en argent sur sa cuisse. "Dusklight et Silverspire sont plus que des armes ou des outils. Ce sont des œuvres d'art, elles sont irremplaçables."
Dagra soupira et rengaina son glaive. "D'accord. Laissez-moi m'en occuper." Il fit signe à Oriken de se retourner. Oriken obtempéra et Dagra défit la poche latérale de son sac à dos, fouilla à l'intérieur et en sortit le couteau de chasse à lame courte.
"Celui-ci ne porte pas de petit nom fantaisiste," dit Dagra à Jalis tout en levant un sourcil. "C'est un bon vieux morceau d'acier qu'Orik possède depuis notre enfance."
"En fait, je lui ai donné un nom," dit Oriken, une lueur dans l'œil. "Je l'ai nommé Akantu, du nom du patron des viles créatures."
"Non," dit Dagra. "Rien de tout ça. Et tu ne devrais pas te moquer des dieux, encore moins au fond de cette crypte."
Oriken railla. "Les patrons ne sont pas des dieux. Ce sont des hommes et des femmes, pas différents de... eh bien, pas différents de moi, ni de Jalis." Il fit un grand sourire à Dagra.
"Va te faire voir," lui offrit Dagra.
Il plaça la pointe de la lame recourbée dans l'interstice entre le granit et l'anneau d'argent et appliqua un mouvement de levier, progressant prudemment sur le pourtour du bijou.
"Ne glisse pas," dit Oriken.
"Je doute que ton couteau n'entaille le joyau," dit Jalis. "C'est pour ça que je ne veux pas émousser mes armes dessus. Ça m'a l'air plus dur que le diamant."
Le cœur de Dagra battit la chamade lorsque le couteau de chasse glissa sur l'anneau d'argent. Sa pointe acérée dérapa sur le joyau avec un crissement aigu.
"Par les pierres de Cherak, Dag !" dit Oriken. "Est-tu en train d'essayer de détruire notre récompense ?"
Dagra gonfla ses joues et laissa échapper un long souffle pour calmer ses nerfs. Il pensait avoir endommagé le trésor mais il n'y eut pas la moindre égratignure, sur aucune des facettes anguleuses de l'objet.
Jalis soupira. "Merci d'avoir confirmé mes doutes, Dagra," dit-elle platement. "Je crois que c'est maintenant établi."
La main de Dagra tremblait légèrement lorsqu'il réinséra la pointe de sa lame dans la rainure. Il fit tourner la lame de ci et de là et le crissement de l'acier contre la pierre se fit entendre dans tout le couloir.
"Vous croyez qu'il y a de la magie ?" demanda-t-il.
Oriken éclata de rire. "Ne sois pas ridicule."
"Peut-être qu'il y a des incantations gravées dessus. Vous vous souvenez de cette fille à je-sais-plus-où ?" Dagra fronça les sourcils pour essayer de s'en souvenir. "Celle que Maros a sauvée ?"
"Je ne dirais pas qu'il est venu à son secours," dit Oriken. "Elle était poursuivie par un essaim d'abeilles."
"Dag a raison," dit Jalis. "Cette fille a transformé un chêne en arbrisseau."
"C'est ce qu'on nous a dit."
Dagra se raidit. "Eh ben, après ça, ils l'ont expédiée dans l'Arkh, il y a du y avoir un brin de vérité dans tout ça." Le joyau commençait à se détacher.
Oriken renifla. "Si je l'avais vu de mes propres yeux, je l'aurais cru. Je ne prends pas tout ce que j'entends pour vrai."
"Je sais." Dagra soupira.
"C'était une feyborn, Orik," dit Jalis à voix basse. Dagra pouvait sentir son souffle sur son cou pendant qu'elle le regardait travailler. "Dis ce que tu veux sur tout ce que tu veux mais je peux t'assurer que les feyborn existent."
Oriken ne répondit pas et la conversation cessa. Dagra travaillait, tout comme son imagination. Dans son esprit, il revit la cavité remplie de toiles d'araignée. Quelque part derrière ce mur de soie gisait un parent décrépit de leur cliente. Et derrière la dalle sur laquelle il s'activait reposaient les os du plus ancien de leurs ancêtres, Cunaxa.
Un squelette à l'heure qu'il est, se rassura-t-il. Rien que des os. Pas de quoi avoir la frousse. Il imprima à la lame un mouvement d'avant en arrière et, avec une dernière torsion, le joyau funéraire se délogea de la pierre...
Des orbites remplies de toile d'araignée étaient fixées sur lui. Dans une horreur muette, il fut comme hypnotisé. L'anneau du joyau encerclait à présent les traits affaissés de Lady Cunaxa Chiddari recouverts de fils de soie et elle le regardait depuis le trou. Sa peau était tendue sur son crâne, comme du cuir bouilli, avec des touffes de cheveux colmatées sur sa chair momifiée. Ses sourcils et ses pommettes étaient couvertes de croûtes rugueuses et son horrible bouche sans lèvres lui faisait un rictus, comme si elle était ravie de sa compagnie après ces longs siècles de solitude. Ses dents noircies semblèrent bouger et s'écarter. Horrifié, Dagra regarda alors que les fils de soie se déchirèrent et que la mâchoire s'abaissa grande ouverte, puis celle-ci glissa derrière la dalle et tomba sur le sol dans un chtonk assourdi.
"Ah !" Dagra sauta en arrière, invoquant le nom des Dyades dans l'espoir qu'elles l'emportent loin de cet endroit impie et l’emmènent sur la lande. De la bile lui monta à la gorge alors qu'il arracha ses yeux