Borgia. Michel Zevaco

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Borgia - Michel  Zevaco

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la connais ?

      – J’ignorais même que le comte eût une fille !… Mais, mon père, comment pouvez-vous supposer qu’une alliance soit pos-sible entre les Borgia et les Alma ?… Vous disiez que j’ai conquis les Romagnes… C’est vrai, mais je n’ai pu faire capituler la cita-delle de Monteforte, qui a résisté à six assauts et à un siège de quatorze mois ! Le comte Alma, seigneur de Monteforte demeure debout, insolent, superbe, comme une perpétuelle menace…

      – Eh ! tu mets le doigt sur la plaie… Monteforte est devenu le rendez-vous de tous les mécontents… de tous ceux que nous avons dépossédés et dépouillés. Intrigant, actif, courageux, le comte Alma a concentré autour de lui, en un faisceau, les haines et les rancunes éparses dans l’Italie… Vois-tu bien l’intérêt que nous avons à ce que Béatrix devienne ta femme ?…

      – Jamais le comte n’y consentira…

      – Tu l’y obligeras.

      – Comment ?

      – En enlevant sa fille, d’abord.

      César, soucieux, le front barré d’un pli de défiance, cher-chait dans sa tête les arguments pour se dispenser de cette opéra-tion qui lui souriait médiocrement. L’amour sauvage qui, d’heure en heure, grandissait dans ce cœur, n’y laissait plus de place pour l’aventure proposée.

      – Marcher sur Monteforte, reprit le pape, avec des forces suffisantes, s’emparer de ce dernier rempart, tenir le comte à ta merci, et alors lui proposer d’épouser sa fille : c’est un coup ma-gnifique, superbe… C’est la fin des révoltes… c’est l’apaisement définitif… la déroute de nos ennemis désormais découragés…

      » La fille est belle, sais-tu ?… Cette Béatrix est jolie à dam-ner un pape !…

      César haussa les épaules. Le pape se leva.

      – Je vois que cette affaire ne te convient pas…

      César demeura muet, obstiné.

      – Soit ! reprit le vieux Borgia en dardant sur lui un regard empreint d’une inexprimable malice. J’y renonce… Je trouverai bien le moyen de me défendre et de te défendre aussi, sans t’obliger à un désagréable mariage avec cette petite Primevère…

      César bondit. Il était devenu très pâle.

      – Qu’avez-vous dit, mon père ? fit-il d’une voix rauque.

      – J’ai dit : Primevère… C’est un surnom que des gens ont donné à Béatrix…

      – Vous dites ? Primevère est la fille du comte Alma ?

      – Je le dis ! Qu’y a-t-il qui puisse t’émouvoir ?

      César souffla bruyamment, assura son ceinturon et, se tour-nant vers le pape :

      – Mon père, quand faut-il marcher sur Monteforte ?…

      – Je te dirai cela d’ici quatre jours… Tu acceptes donc ?

      – Oui, fit César les dents serrées.

      – Bien !… Va maintenant t’occuper des funérailles de ce pauvre François. On me dit qu’il y a, à ce sujet, quelque fièvre parmi le peuple…

      César sortit en haussant les épaules avec mépris. Le pape écouta un instant le bruit décroissant de ses éperons qui réson-naient sur les dalles. Puis, simplement, il murmura :

      – Imbécile !…

      Quant à César, après avoir franchi un grand nombre de salles, il avait descendu un escalier, puis un autre… puis s’était enfin trouvé dans les vastes caves du Vatican. Personne ne l’accompagnait.

      Au fond des caves – immense enchevêtrement de sous-sols – il ouvrit une trappe et descendit encore. Alors, il parvint à un caveau circulaire.

      Il appuya des deux mains sur une pierre que rien ne distin-guait des autres – et la muraille s’entr’ouvrit, laissant le passage libre pour un homme. Une sorte d’étroit boyau, noir et humide, commençait là. César s’y engagea sans lumière.

      Ce boyau, c’était le fameux souterrain qui réunissait le Vati-can au château Saint-Ange. À cette époque-là, trois personnes seulement connaissaient l’existence de ce souterrain : le pape, César et Lucrèce.

      VIII. LE MOINE À L’ŒUVRE

      Après la pompeuse et ironique présentation du baron As-torre, la foule des courtisans s’était tournée vers le nouveau venu. Le chevalier salua avec cette grâce impertinente dont il avait le secret.

      – Messieurs, dit-il avec une modestie qui frisait de près l’insolence, M. le baron Astorre est trop bon de vous rappeler l’avantage que j’ai eu de le toucher six fois de suite.

      Astorre pâlit et, par un regard circulaire, implora l’aide de ses amis. Il était évident que, sur le terrain des allusions, il n’était pas de force à lutter avec le chevalier. Un jeune homme s’avança et, saluant Ragastens :

      – Ainsi, monsieur le chevalier est venu… Comment as-tu dit, Astorre ? Pour nous enseigner l’escrime ?

      – À votre disposition, monsieur, fit Ragastens avec son im-perturbable politesse.

      – Prends garde, cher Rinaldo, dit Astorre en riant. Monsieur porte un nom terrible : il s’appelle le chevalier La Rapière.

      Il y eut des éclats de rire tout autour de Ragastens.

      – Ma foi ! s’écria Rinaldo, je serais enchanté de voir jusqu’à quel point ce nom est justifié…

      – Cela vous sera difficile, monsieur, répondit Ragastens.

      – Et pourquoi donc, s’il vous plaît ?

      – Parce que je ne veux pas vous battre.

      – Dites que vous ne voulez pas vous battre…

      – Vous n’y êtes pas… je ne demande pas mieux que de vous donner la petite leçon dont vous paraissez avoir aussi grand be-soin que notre ami, le baron Astorre…

      Il s’était fait un grand silence, et chacun attendait la suite de la provocation. Le chevalier continua :

      – Malheureusement, j’ai fait hier un serment…

      – Celui de ne plus vous exposer ?…

      – Voyant combien il était facile de vous toucher, vous autres Romains…

      Des murmures menaçants se firent entendre.

      – J’ai été pris, continua Ragastens avec son sourire, de re-mords et de pitié…

      – Et alors ? s’écria Rinaldo, livide de fureur.

      – Alors, j’ai résolu de ne plus accepter de duel, à Rome, à moins d’avoir deux adversaires… Pour ma rapière, il faut deux épées – au moins !

      Trois épées étincelèrent,

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