Œuvres complètes de lord Byron, Tome 3. George Gordon Byron

Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу Œuvres complètes de lord Byron, Tome 3 - George Gordon Byron страница 17

Œuvres complètes de lord Byron, Tome 3 - George Gordon Byron

Скачать книгу

à Athènes, 23 janvier 1811.

      Parmi les restes de la politique barbare des premiers âges, on trouve les traces de l'esclavage qui subsiste encore dans différentes contrées, dont les habitans, quoique divisés dans leur religion et leurs habitudes, s'accordent presque tous dans l'oppression qu'ils exercent.

      Les Anglais ont eu enfin compassion de leurs nègres; et, sous un gouvernement un peu moins empreint de bigoterie, le jour arrivera81 où ils affranchiront aussi leurs frères catholiques; mais l'intervention seule des étrangers peut émanciper les Grecs, qui, autrement, paraissent avoir peu de chances d'émancipation de la part des Turks, comme les Juifs de la part du genre humain en général.

      Nous connaissons de reste les Grecs anciens; au moins les jeunes gens de l'Europe consacrent à l'étude de leurs écrits et de leur histoire une grande partie de leur tems, qu'ils pourraient employer plus utilement à étudier leurs propres écrivains et leur propre histoire. Pour les Grecs modernes, nous les négligeons peut-être plus qu'ils ne le méritent; et tandis que chaque individu de quelque prétention au savoir passe sa jeunesse, et souvent son âge mûr, dans l'étude de la langue et des harangues des démagogues athéniens en faveur de la liberté, les descendans réels ou supposés de ces fiers républicains sont abandonnés à la tyrannie actuelle de leurs maîtres, quoique un léger effort de la part des nations européennes pût suffire pour briser leurs chaînes.

      De croire, comme les Grecs le font, au retour de leur ancienne supériorité, ce serait une prétention ridicule. Il faudrait pour cela que le reste du monde rentrât dans son ancienne barbarie, après avoir reconnu la souveraineté de la Grèce; mais il ne paraît pas y avoir de grands obstacles, excepté dans l'apathie des Franks, à ce que la Grèce devînt une utile dépendance de l'empire ottoman, ou même un état libre avec de convenables garanties. Cependant je n'avance cela que sauf correction, car beaucoup de personnes bien informées doutent que ce que je propose puisse être jamais mis en pratique.

      Les Grecs n'ont jamais perdu l'espoir de leur délivrance, quoiqu'ils soient maintenant très-divisés d'opinions au sujet de leurs probables libérateurs. Leur religion leur inspire de la confiance dans les Russes; mais ils ont déjà été deux fois trompés et abandonnés par cette puissance, et la leçon terrible qu'ils ont reçue après la désertion des Russes dans la Morée n'a pas encore été oubliée. Ils n'aiment pas les Français, quoique la soumission du reste de l'Europe doive être probablement suivie par la délivrance de la Grèce continentale. Les insulaires attendent des secours de l'Angleterre, en voyant qu'elle vient dernièrement de prendre possession de la république Ionienne, à l'exception de Corfou. Mais, quelle que soit la puissance qui prêtera le secours de ses armes aux Grecs, elle sera bienvenue par eux. Quand ce jour arrivera, que le ciel ait merci des Ottomans! ils ne peuvent compter sur la pitié des Giaours.

      Mais, au lieu de rappeler ce qu'ils ont été autrefois, ou de disserter sur ce qu'ils peuvent être à l'avenir, considérons comme ils sont présentement.

      Et ici il est impossible de concilier la divergence des opinions qui ont été manifestées par les marchands, en décriant les Grecs de toute leur force; par les voyageurs en général, en tournant nombre de périodes à leur louange, et en publiant de curieuses spéculations greffées sur leur premier état de splendeur, qui ne peut avoir plus d'influence sur leur sort actuel que l'existence des Incas n'en aura sur les destinées futures du Pérou.

      Un écrivain très-spirituel a nommé les Grecs les alliés naturels des Anglais; un autre, non moins ingénieux, avance qu'ils ne peuvent être les alliés de personne, et qu'ils ne descendent point des anciens Grecs; un troisième, plus ingénieux encore que les deux premiers, bâtit un empire grec sur des fondemens russes, et réalise (sur le papier) toutes les chimères de Catherine II. Quant à la question de leur origine, qu'importe que les Mainotes soient ou ne soient pas les descendans en ligne directe des Lacédémoniens; ou que les Athéniens actuels soient aussi indigènes que les abeilles de l'Hymette, ou que les cigales auxquelles ils se comparaient autrefois? Quel Anglais s'informe s'il est d'un sang danois, saxon, normand ou troyen? ou qui, excepté un Welche, est affligé du désir d'être descendu de Caractacus?

      Les pauvres Grecs ne sont déjà pas si abondamment pourvus des biens de la terre pour que leurs prétentions à une antique origine soient un objet d'envie. Alors il est bien cruel, dans M. Thornton, de les troubler dans la possession de tout ce que le tems leur a laissé, c'est-à-dire leur descendance, chose à laquelle ils sont le plus attachés, comme c'est la seule chose qu'ils puissent appeler leur bien propre. Il serait curieux, dans cette circonstance, de publier et de comparer les ouvrages de MM. Thornton et de Paw, Éton et Sonnini; paradoxes d'un côté et prévention de l'autre. M. Thornton prétend qu'il a des droits à la confiance publique, par une résidence de quatorze années à Péra. Cela pourrait être au sujet des Turks; mais ce long séjour ne lui a pas plus donné de lumières sur le véritable état de la Grèce et de ses habitans, que plusieurs années passées dans le quartier des marins de Londres ne lui eussent fait connaître les montagnes de l'Écosse occidentale.

      Les Grecs de Constantinople habitent le fanal; et si M. Thornton n'a pas plus souvent traversé la Corne Dorée que ses confrères les marchands n'ont coutume de le faire, je n'ai pas une grande confiance dans ses renseignemens. J'ai entendu dernièrement un de ces messieurs se vanter de leurs communications très-rares avec la cité, et assurer avec un air de triomphe que pour sa part il n'avait été que quatre fois à Constantinople dans un pareil nombre d'années.

      Pour ce qui regarde les voyages de M. Thornton dans la mer Noire sur des vaisseaux grecs, ils doivent lui donner la même idée de la Grèce qu'une navigation à Berwick sur un bateau pêcheur anglais lui donnerait des extrémités de l'Écosse. Alors sur quels fondemens s'arroge-t-il le droit de condamner en masse un peuple dont il connaît si peu d'individus? C'est un fait curieux que M. Thornton, qui blâme si souvent Pouqueville toutes les fois qu'il parle des Turks, recoure cependant à lui comme une autorité en parlant des Grecs, et le nomme un observateur impartial. Et pourtant le Dr. Pouqueville n'a pas plus de droit à ce titre que M. Thornton n'en a à le lui conférer.

      Le fait est que nous sommes déplorablement privés de renseignemens certains sur les Grecs, et particulièrement sur leur littérature; et il n'y a pas de probabilité que nous en recevions avant que nos relations ne deviennent plus intimes, ou que leur indépendance soit consommée. Les rapports des voyageurs sont aussi peu dignes de confiance que les invectives passionnées des traficans. Mais, jusqu'à ce que nous puissions en avoir de meilleurs, nous devons nous contenter du peu que nous pouvons apprendre de certain à de pareilles sources.

      Quelque défectueuses qu'elles puissent être cependant, elles sont préférables aux paradoxes des hommes qui n'ont lu que superficiellement les anciens, et qui n'ont rien vu des modernes, comme de Paw, qui, lorsqu'il affirme que la race des chevaux anglais est ruinée par New-Market82, et que les Spartiates furent lâches sur le champ de bataille, trahit une égale connaissance des chevaux anglais et des anciens Spartiates. Ses Observations philosophiques auraient une prétention plus juste au titre de Rêveries. On ne doit pas attendre que celui qui condamné si libéralement quelques-unes des plus célèbres institutions des anciens, ait quelque indulgence pour les Grecs modernes; et il arrive heureusement que l'absurdité de ses hypothèses sur leurs ancêtres réfute ses assertions sur eux-mêmes.

      Ainsi, croyons qu'en dépit des prophéties de de Paw, et des doutes de M. Thornton, il existe une espérance raisonnable de délivrance en faveur d'un peuple qui, quelles que puissent être les erreurs de sa politique et de sa religion, a été amplement puni par trois siècles et demi de captivité.

      III

      Athènes, au couvent Franciscain, le 17 mars 1811.

      Je dois avoir un entretien

Скачать книгу


<p>81</p>

Ce jour est arrivé, mais peut-être par la force des choses.

(N. du Tr.)

<p>82</p>

Endroit où se font les courses de chevaux.