Œuvres complètes de lord Byron, Tome 3. George Gordon Byron

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Œuvres complètes de lord Byron, Tome 3 - George Gordon Byron

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3 de ce numéro contenait la revue d'une traduction française de Strabon; on y avait ajouté quelques remarques sur les Grecs modernes et leur littérature, avec une courte notice sur Coray, un des auteurs de la version française. Je me bornerai à un petit nombre d'observations sur les remarques, et le lieu où je les écris me justifiera, je l'espère, de les introduire dans un ouvrage lié, sous plusieurs rapports, à ce sujet. Coray, le plus célèbre des Grecs vivans, au moins parmi les Européens, naquit à Scio (dans la Revue on le fait naître à Smyrne, j'ai des raisons de croire que c'est inexact), et, outre la traduction de Beccaria, et d'autres ouvrages mentionnés par l'écrivain de la Revue, il a publié un lexique en romaïque et en français, si je dois en croire l'assurance que m'en ont donnée quelques voyageurs danois nouvellement arrivés de Paris. Mais le dernier lexique que nous ayons vu ici, en français et en grec, est celui de Grégoire Zolikoglou83. Coray a été récemment engagé dans une désagréable controverse avec M. Gail84, commentateur parisien et éditeur de quelques traductions de poètes grecs; parce que l'Institut de France lui avait adjugé le prix pour sa version d'Hippocrate: Περί ύδἀτων, etc., au désappointement, et par conséquent au mécontentement de M. Gail. Des éloges sont indubitablement dus aux travaux littéraires et au patriotisme de Coray, mais une part de ces éloges ne doit pas être enlevée aux deux frères Zozimado (marchands établis à Livourne), qui l'ont envoyé à Paris, et l'y ont maintenu, dans le but exprès de chercher à éclaircir les obscurités des anciens Grecs, et d'ajouter aux recherches modernes de ses compatriotes. Coray toutefois n'est pas aussi célèbre parmi ses compatriotes que quelques-uns qui vivaient dans les deux derniers siècles; plus particulièrement Dorothéus de Mitylène, dont les écrits helléniques sont si estimés par les Grecs, que Meletius les nomme: Μετα τόν Θουχύδιδην καί Ξενοφώντα άριστος Ελληνωυ. (P. 224, Histoire Ecclésiastique, vol. 4.)

      Panagiotes Kodrikas, le traducteur de Fontenelle, et Kamarasis, qui a traduit en français l'ouvrage d'Ocellus Lucanus, sur l'Univers; Christodoulos, et plus particulièrement Psalida, avec qui je me suis entretenu à Yanina, ont aussi beaucoup de réputation parmi les lettrés de leur pays. Le dernier a publié en romaïque et en latin un ouvrage sur le vrai bonheur, dédié à Catherine II. Mais Polyzoïs, qui est désigné par l'écrivain de la Revue comme le seul moderne, excepté Coray, qui se soit distingué par sa connaissance de l'hellénique, si c'est le Polyzoïs Lampanitziotis de Yanina, qui a publié nombre d'ouvrages en romaïque, il n'est ni plus ni moins qu'un marchand de livres ambulant, avec le contenu desquels livres il n'a rien de commun que son nom placé sur la page du titre pour lui en garantir la propriété dans la publication, et c'est, de plus, un homme entièrement dépourvu de connaissances classiques. Cependant, comme ce nom est commun, quelque autre Polyzoïs peut avoir été l'éditeur des lettres d'Aristhainetus.

      Il est à regretter que le système du blocus continental ait fermé toutes les communications par lesquelles les Grecs pouvaient faire imprimer leurs livres, particulièrement à Venise et à Trieste. Les grammaires communes à l'usage des enfans sont devenues même trop chères pour les basses classes. Parmi les livres originaux des Grecs modernes, on doit consulter la Géographie de Mélétius, archevêque d'Athènes, et une multitude d'in-quarto théologiques et de brochures ou pamphlets poétiques. Leurs grammaires et lexiques en deux, trois et quatre langues, sont nombreux et excellens. Leur poésie est rimée. La plus singulière pièce que j'en aie vue, il y a peu de tems, est une satire dialoguée entre un Russe, un Anglais et un Français, voyageurs, le waiwode de la Wallachie (ou Blakbey, comme ils le nomment), un archevêque, un marchand, et un Çogïa-Bachi (ou primat). Ils paraissent successivement dans la pièce, et l'écrivain leur attribue à tous l'avilissement actuel des Grecs sous les Turks.

      Leurs chants sont quelquefois gracieux et pathétiques; mais les airs sont généralement désagréables aux oreilles d'un Frank. Le meilleur de tous est le fameux: Δεύτε, παἵδες τὤν Ελλἠνων85! par l'infortuné Riga. Mais, dans un catalogue de plus de soixante auteurs que j'ai sous les yeux, on en peut trouver tout au plus quinze qui aient traité autre chose que de la théologie.

      Je suis chargé d'une commission par un Grec d'Athènes, nommé Marmarotouri, à l'effet de prendre des arrangemens, s'il est possible, pour faire imprimer à Londres une traduction en romaïque du Voyage d'Anacharsis de Barthélemy. Il n'a pas d'autres moyens de publier sa traduction, si ce n'est d'envoyer son manuscrit à Vienne par la mer Noire et le Danube.

      L'écrivain de la Revue mentionne une école établie à Hécatonesi, et supprimée à l'instigation du général Sébastiani86. Le critique veut sans doute parler de Cidonie, ou en turc Haivali, ville située sur le continent, où cette institution, qui renferme une centaine d'étudians et trois professeurs, subsiste encore. Il est vrai que cet établissement a été inquiété par la Porte, sous le ridicule prétexte que les Grecs construisaient une forteresse au lieu d'un collége. Mais, après quelques démarches et le paiement de quelques bourses au Divan, la permission a été accordée de continuer l'enseignement. Le professeur principal, nommé Veniamin (c'est-à-dire Benjamin), est regardé comme un homme de talent, mais comme un franc penseur. Il est né à Lesbos, et a étudié en Italie: il enseigne l'hellénique, le latin, et quelques langues franques; outre cela, il a quelques notions sur les sciences.

      Quoique ce ne soit pas mon intention de m'étendre plus loin sur ce sujet que ce qui concerne l'article en question, je ne puis m'empêcher d'observer que les lamentations du critique de la Revue sur la décadence des Grecs paraissent singulières, lorsqu'il les termine par ces mots: «Ce changement doit être attribué à leurs infortunes plutôt qu'à une dégradation physique.» Il peut être vrai que les Grecs ne soient pas physiquement dégénérés, et que Constantinople contenait, le jour où elle changea de maîtres, autant d'hommes de six pieds et au-dessus que dans ses jours de prospérité. Mais l'histoire ancienne et les publicistes modernes nous enseignent que quelque chose de plus que la perfection physique est nécessaire pour conserver un état dans sa force et son indépendance; et les Grecs, en particulier, sont un triste exemple des rapports intimes qui existent entre la dégradation morale et la décadence d'une nation.

      L'écrivain de la Revue parle d'un plan qu'il croit, dit-il, imaginé par Potemkin pour perfectionner le romaïque. J'ai fait d'inutiles efforts pour me procurer des renseignemens sur son existence. Il y avait une académie à St. – Pétèrsbourg pour les Grecs; mais elle a été supprimée par Paul, et n'a point été rétablie par son successeur.

      C'est par une distraction de la plume du critique, et ce ne peut être qu'une distraction de sa plume (a slip of the pen) que, à la page 58, nº 31 de la Revue d'Édimbourg, on trouve ces mots: «Nous savons que, lorsque la capitale de l'Orient céda à Solyman…» Il est à présumer que, dans une seconde édition de la Revue, ce dernier mot sera remplacé par celui de Mahomet II87. «Les dames de Constantinople, ajoute la Revue, parlaient, à cette époque, un dialecte qui n'aurait pas défiguré les lèvres d'une Athénienne.» Je ne sais pas comment cela pourrait être; mais, il m'est pénible de le dire, les dames en général, et les Athéniennes en particulier, sont bien déchues maintenant, étant aussi loin de choisir leur dialecte ou leurs expressions, que toute la race athénienne ne justifie le proverbe:

      Ω Αθηνα πρστη χωρα

      Τι γαιδαρους τρεψεις τωρα.

      Dans Gibbon, vol. 10, p. 161, on trouve le passage suivant: «Le dialecte vulgaire de Constantinople était grossier et barbare, quoique les compositions d'église et de palais affectassent quelquefois de copier la pureté des modèles attiques.» Quoi qu'on ait pu dire à ce sujet, il est difficile de concevoir que les dames de Constantinople parlassent,

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<p>83</p>

J'ai en ma possession un excellent lexique, τριγλωσσον, que j'ai reçu de S.G., esq., en échange d'une petite pierre précieuse. Mes amis, antiquaires, ne l'ont jamais oublié, et ne me l'ont pas encore pardonné.

<p>84</p>

Dans le pamphlet de M. Gail contre Coray, il parle de jeter l'insolent helléniste par les fenêtres. Sur ce, un critique français s'écrie: «Oh! mon Dieu! jeter un helléniste par les fenêtres, quel sacrilége!» C'eût été certainement une sérieuse affaire pour les auteurs qui habitent dans des mansardes. Je n'ai cité ce passage que pour faire voir la ressemblance de style des controversistes de toutes les contrées policées. Londres et Édimbourg soutiendraient avantageusement, dans ce sens, le parallèle avec cette ébullition parisienne.

<p>85</p>

Écoutez, enfans des Grecs, etc. Ce chant sublime a beaucoup de rapport avec la fameuse Marseillaise: on pense que Riga s'en était inspiré.

(N. du Tr.)

<p>86</p>

Alors notre ambassadeur près la Porte-Ottomane.

(N. du Tr.)

<p>87</p>

Dans un précèdent numéro de la Revue d'Édimbourg, 1808, il est dit: «Lord Byron a passé quelques-unes de ses premières années en Écosse. Il aurait pu y apprendre que le mot pibroch ne signifie point une cornemuse, pas plus que duo ne signifie un violon.» Dites-moi, était-ce en Écosse que les jeunes gens de l'Edinburgh Review ont appris que Solyman signifie Mahomet II? et encore que critique signifie infaillibilité? mais voilà comme:

Cœdimus inque vicem prœbemus crura sagittis.

L'erreur semble si bien une distraction de plume (par la grande ressemblance des deux mots, et l'absence totale d'erreur du leviathan littéraire), que je l'aurais passée ici sous silence, ainsi que dans le texte, si je n'avais aperçu dans la Revue d'Édimbourg beaucoup de gaîtés facétieuses, à propos de telles découvertes, particulièrement une récente, dans laquelle les mots et les syllabes sont discutés et transposés. Le passage ci-dessus mentionné me porte involontairement à lui apprendre qu'il est plus facile de critiquer que de bien faire. Ces messieurs ayant si souvent joui d'un triomphe après de semblables victoires, qu'ils me permettent cette petite ovation pour le présent.