La maison d'un artiste, Tome 2. Edmond de Goncourt
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Mademoiselle Lecouvreur. – «Lettre à mylord D*** sur Baron et la demoiselle Lecouvreur où l'on trouve plusieurs particularités théâtrales, par Georges Wink. Paris, 1730.»
– Notice sur Adrienne Lecouvreur, par Lemontey, in-4o, sans date; composée pour la Galerie française.
Mademoiselle Mezeray. – Lettre d'amour autographe de Mezeray avec son original cachet l'annonçant ainsi: C'est de moi.
Si je ne réponds pas à votre lettre aussi bien que je le voudrois, c'est à mon esprit qu'il faut le reprocher et non à mon cœur qui, je vous jure, n'en mérite aucun. Il ne recèle rien que je ne puisse vous ouvrir avec plaisir et franchise, et cela dans tous les temps de ma vie.
Votre lettre m'afflige, je vous dirai en quoi. Je remets à jeudi à vous dire ce que j'en pense. J'ai trop d'amitié pour vous, pour me plaindre du peu de justice que vous rendez à votre amie.
Bonjour, je ne puis vous en dire plus, ce qui me fâche… Mais à jeudi à dîner, peut-être vous verrai-je avant, je l'espère et le désire toujours.
Mademoiselle Quinault. – Lettre autographe (sans date) à madame de Graffigny, qui commence ainsi: Je ne sais pas si c'est de trop manger, mais j'ai la valeur de quatre indigestions, et elle termine en disant: Mes chats et moi nous vous baisons les pattes.
Mademoiselle Raucourt18. – «La Liberté, ou mademoiselle Raucourt. A toute la secte anandrine assemblée au foyer de la Comédie-Française. Se trouve dans les coulisses de tous les théâtres, 1791», avec une figure libre. Texte différent de celui publié dans «l'Espion anglais» sous le titre: «Apologie de la secte anandryne, ou Exhortation à une jeune tribade par mademoiselle de Raucourt, prononcée le 28 mars 1778»19.
Mademoiselle Sainval cadette. – «Lettres de madame la comtesse de Mal… à madame la marquise d'A… Paris, 10 mai 1779.»
– «Lettre de mademoiselle Sainval cadette à la Comédie-Françoise, du 14 janvier 1784.»
Deux brochures concernant la querelle de mademoiselle Sainval, soutenue par le public contre madame Vestris, protégée par le maréchal duc de Duras et les gentilshommes de la chambre.
– Lettre autographe signée, à la date du 11 août 1785, relative au duel entre les deux femmes qui dure jusqu'à la Révolution.
Monseigneur,
Je suis si touchée, si pénétrée de la manière pleine de bonté dont vous m'avez reçue que je ne puis taire tout le plaisir que j'ai eu, que j'ai encore, et que je dis à tout le monde.
Si les personnes, Monseigneur, qui vous indisposoient sans cesse contre moi, qui grossissoient mes torts, m'en donnoient toujours et mettoient un voile épais sur mes foibles qualités, m'avoient abandonné à votre bonté naturelle, les méchants qu'ils sont, m'auroient épargné bien des chagrins: puissent-ils être les derniers, et je leur pardonne de bon cœur.
Vous avez daigné, Monseigneur, écouter des détails, que j'ai abrégés, parce que je ne les faisois pas pour vous apprendre les torts de mes ennemis, mais je vous ai supplié, Monseigneur, de me permettre de vous rappeler ma conduite à la Comédie, celle que l'on a tenue avec moi, pour vous bien convaincre que je ne suis ni folle, ni méchante. Madame Vestris par des procédés et des vexations insupportables, pendant huit ans, étoit parvenue à me dégoûter de mon état, à me faire désirer de quitter Paris, préférant ma tranquillité à tout. Elle y a mis le comble en faisant à mon insçu imprimer une lettre écrite, dans un moment de douleur, à mes camarades, et qui ne devoit être connue que d'eux. Le libelle qu'elle y joignit, les mensonges qu'il contenoit, la cour, la ville, les provinces qui en ont été assaillies! Jugez-la, Monseigneur, et jugez-nous. Vous désirés maintenant pour le bien général, pour l'intérêt particulier, que je sacrifie mon juste ressentiment, que je regarde madame Vestris comme une femme ordinaire pour moi; je ne la hais plus, Monseigneur, mais je me rappelle, malgré moi, tout ce qu'elle m'a fait, tout ce qu'elle peut faire, et j'ai toujours peur… Je vous ai promis, Monseigneur, de jouer avec elle, puisque vous le désirés, et je ferai, pour vous seul, ce que la crainte ne pourroit obtenir de moi; mais, Monseigneur, que je puisse au moins dire au public: J'ai été vaincue par les bienfaits de monsieur le Maréchal de Duras…
Mademoiselle de Seine. – «Lettre de mademoiselle de Seine, comédienne ordinaire du Roy, à Messieurs de l'Académie françoise au sujet de la lettre de cachet décernée contre elle, sur la réquisition de messieurs les premiers gentilshommes de la chambre, 1735.» (Copie manuscrite du temps.)
Pamphlet dans lequel est surtout maltraité le marquis de Nesle, le père des sœurs maîtresses de Louis XV.
COMÉDIE-ITALIENNE
Mademoiselle Camille. – «Éloge de mademoiselle Camille.» (Tiré du Nécrologe.)
Mademoiselle Dufayel l'aînée. – «Mémoire pour la demoiselle Dufayel l'aînée, actrice de la Comédie-Italienne, pensionnaire du Roi.»
Brochure dans laquelle l'actrice de la Comédie-Italienne s'indigne contre le bruit calomnieux qui l'accuse d'avoir essayé d'empoisonner sa sœur cadette dans un verre d'eau, présenté par sa femme de chambre, pendant un entr'acte de Zémire et Azor.
Madame Favart. – «Éloge de madame Favart.» (Tiré du Nécrologe.)
– «Manuscrit trouvé à la Bastille, concernant deux lettres de cachet lâchées contre mademoiselle de Chantilly et M. Favart, par le maréchal de Saxe, 1789.»
Mademoiselle Mazarelli. – «Mémoire pour demoiselle Claire Mazarelli, fille mineure, accusatrice contre le sieur L'Homme, écuyer, ancien échevin de la ville de Paris, et ses fils et complices, accusés.»
Mémoire qui nous a conservé la figure de cette danseuse, qui n'a dansé qu'un an, de cette courtisane bocagère que nous avons peinte dans «la Femme du dix-huitième siècle», se promenant sur son batelet ou conduisant sa petite chaise et ses deux chevaux, cortégée par un chœur de paysannes, habillées comme elle, par un costumier des Menus.
Mademoiselle Régis. – «Mémoire pour Claude d'Hennequin d'Herbouville, demoiselle majeure. Contre la Rey ou Régis.»
Exposé de fait curieux dans lequel la demoiselle d'Herbouville se défend d'être responsable d'un vol commis chez ladite actrice et se refuse à payer 1,668 livres que la Régis lui réclame pour la perte de 9 corsets, 8 casaquins, 11 fichus, 6 nappes, 3 douzaines de serviettes, 4 draps de maître, 36 mouchoirs, 14 tabliers de mousseline, 20 jupons, 40 coeffures, 22 chemises, 38 paires de bas, 1 toilette de mousseline et peignoirs.
– «Mémoire pour Antoine Bonaventure Pitrot, maître des ballets de la Comédie-Italienne. Intimé et incidemment demandeur et défenseur. Contre Louise Regis sa femme, soi-disante aussi fille majeure, danseuse au même théâtre, appelante comme d'abus, demanderesse, incidemment en séparation de corps et d'habitation, défenderesse.»
Mémoire, dans lequel la Régis appelle comme d'abus de la célébration de son mariage, au moyen de ce fabuleux récit: «Un beau jour, dit-elle, – et cela se passe après la naissance de deux enfants, – Pitrot excite
18
La notice la plus complète sur Mlle Raucourt se trouve dans un recueil bien inconnu. Ce sont les Dix Mélanges,
19
Mlle Raucourt n'a point été calomniée. Vignères a vendu, il y a une quinzaine d'années, une collection de lettres de la Raucourt adressées à des femmes, qui avaient la tendresse et la passion des lettres d'un amant.