La maison d'un artiste, Tome 2. Edmond de Goncourt

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La maison d'un artiste, Tome 2 - Edmond de Goncourt

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toutefois bien petit et restreignant ses annonces aux personnes de condition, ajoute en 1779 aux personnes de condition «et les autres vivant noblement». En 1782, il saute le fossé, et se grossit d'une seconde partie «contenant les noms et demeures des différents bourgeois, gens d'affaires, marchands, artistes, etc.» Et il va ainsi jusqu'en 1791 où il s'intitule démocratiquement: «Almanach des Adresses de Paris et de celles des Députés de l'Assemblée Nationale.» En 1792, c'est «l'Almanach des Demeures des ci-devant Nobles et celles des Avocats, Notaires, Hommes de Loi».

      Mais le commerce, besoigneux de publicité, et n'en trouvant pas d'abord, ou n'en trouvant qu'une très restreinte dans l'Almanach des gens de condition, avait, dès 1769, fait les frais d'un gros livre, ayant en tête une estampe de Marillier, où M. de Marigny, le protecteur et directeur général des Arts et Manufactures de France, distribuait en empereur romain des prix aux plus célèbres artistes. Cet in-octavo a pour titre: «Essai sur l'Almanach Général d'indication d'adresse personnelle et domicile fixe des six corps, Arts et Métiers, contenant par ordre alphabétique les noms, surnoms, état et domicile actuel des principaux Négocians, Marchands, Agens d'Affaires, Courtiers Artistes et Fabricans les plus notables du Royaume. Paris, veuve Duchesne, 1769.» Et ce livre ne suffisant bientôt pas, on voyait paraître «les Tablettes de renommée» des Musiciens, et les tablettes de Renommée des principales maisons de commerce d'Épicerie-Droguerie, et le Tableau des Maîtres Distillateurs, Limonadiers, Vinaigriers, et la «Liste des six-vingt seuls Huissiers – Commissaires-priseurs, vendeurs de Biens Meubles, reçus et immatriculés au Châtelet de Paris», et le «Tableau général de tous les Maîtres et Marchands, Orfèvres – Joyailliers – Bijoutiers, Batteurs et Tireurs d'or, suivant l'ordre de leur réception», et le «Catalogue des Maîtres-Rôtisseurs de la Ville et faubourgs de Paris», et le «Catalogue des Maîtres Queulx – Cuisiniers – Traiteurs – Rôtisseurs – Patissiers, de la ville, faubourgs et banlieue de Paris».

      Les secs almanachs sont suivis des Descriptions, des Tableaux, des États de Paris.

      Au milieu du siècle, paraît en quatre volumes la consciencieuse «Description de la ville de Paris et de tout ce qu'elle contient de plus remarquable par Germain Brice, nouvelle édition enrichie d'un nouveau plan et de nouvelles figures dessinées et gravées correctement. Paris, chez les librairies associés, 1752». Dans les descriptions, il faut aussi ranger le «Mémorial de Paris et de ses environs» publié en 1749.

      Les Tableaux débutèrent par le «Journal du Citoyen, La Haye 1754», livre embryonnaire suivi en 1760 de l'État ou Tableau de la ville de Paris, considérée relativement au Nécessaire, à l'Utile, à l'Agréable: livre dans lequel vous trouvez toute la constitution du Paris contemporain, et ses marchés et ses hôpitaux, et ses collèges et ses académies, et ses commissaires, et son guet à pied et à cheval, et ses bureaux de parchemins timbrés, et ses coches, et ses baigneurs-étuvistes, et ses hôtels du faubourg Saint-Germain et ses hôtels de la Grève, où la chambre garnie coûte de 3 à 4 livres par mois, et où les repas vont de 4 à 8 sols.

      Ici, je ne puis résister au désir de donner la description d'un de ces hôtels-auberges de la Grève, de celui de l'Image Notre-Dame, que je me suis amusé à graver d'après une peinture de Raguenet, datée de 1751. Cette auberge typique du temps, à l'angle de la rue de la Mortellerie, et comme enclavée dans les constructions de l'Hôtel de Ville, était une maison au pignon pointu, aux quatre étages surplombant portés sur des poutrelles, au rez-de-chaussée défendu par une grille de fer de la hauteur d'un homme. Une grande maison de plâtras et de bois, rappelant l'architecture des constructions de la Belgique et de la Hollande, et qui, sur une console peinte en bleu, avait exposée une petite figurine historiée de la Vierge.

      Passé l'auberge, la rue de la Mortellerie s'ouvrait noire et fauve, avec des rayonnements roux à l'intersection des ruelles qui s'y jetaient, sous un peu de pâle soleil, blanchissant au faîte des mansardes: l'éclairage d'une sale rue d'alors dans le ciel pluvieux de Paris. De l'autre côté de la rue de la Mortellerie, en face l'Image de Notre-Dame, une haute maison recevant la pluie et le vent, par ces baies sans fermetures, et dont le bas était occupé par un corps de garde, à la porte duquel un militaire, le mousqueton sur l'épaule, était en faction, tandis que deux autres assis sur un banc, sous un édit du Roi fraîchement placardé, regardaient passer les demoiselles du Port au Bled. Et sur la berge sans quai, une perspective de cheminées, de fenêtres à guillotine, de volets peints en ocre, de petits carreaux verdâtres, de murailles tachées de haut en bas comme de la descente d'eaux de purin, murailles que rasait un carrosse aux roues rouges, à la caisse dorée.

      Ces tableaux de Paris ont pour annexe: «le Provincial a Paris, ou État actuel de Paris… en quatre volumes in-24 et cinq cartes nouvelles… chez le sieur Wattin fils, 1787», petit ouvrage rare, indiquant tout ce que chaque rue renferme d'intéressant, et dont cette page, dans un des volumes que j'ouvre au hasard, peut donner une idée:

      Rue des Fossés Saint-Germain des Prés.

      • 11, Café de Procope.

      • 14, Bureaux de M. Paul, inspecteur de Police.

      • 18, Cour du commerce.

      • 38, Poudre de fleur dentifrice par le sieur Courtois, dentiste.

      • 39, Monseigneur le Dauphin et Madame fille du Roi, estampes d'après madame Lebrun, gravées par le sieur Blot.

      • 42, Ancienne salle de la Comédie-Française.

      • 52, Écusson de Me Boutet, notaire.

      Un autre état, encore plus rare que celui-ci, et rédigé sur le même plan, où Paris est divisé en quatre grands quartiers, a paru en 1803. Il a pour titre: «État actuel de Paris. An XI. A Paris, chez l'auteur le citoyen Précien, rue Apolline, no 34.»

      Après ces descriptions, ces tableaux, ces états, la nombreuse série des livres décrivant Paris, sous des titres divers, et dans des années différentes.

      «Le Géographe Parisien, ou Conducteur chronologique et historique des rues de Paris, 1769.» «Recherches critiques, historiques et topographiques sur la ville de Paris… par le S. Jaillot 1775»; «Dictionnaire historique de la ville de Paris et de ses environs, par MM. Hurtault et Magny… 1779»; «Description historique de Paris et de ses plus beaux monuments gravés en taille-douce par Martinet, ingénieur et graveur du cabinet du Roy… par Beguillet, 1779»; «Voyage pittoresque de Paris, ou indication de tout ce qu'il y a de plus beau dans cette grande ville en peinture, sculpture et architecture par M. D. (d'Argenville), 1757»; «Dictionnaire pittoresque et historique… par Hébert, 1766»; «Almanach du voyageur à Paris par Thiery, 1784»; ouvrage, qui avait été précédé, en 1780, de «l'Almanach pittoresque et historique et alphabétique des riches monuments que renferme la ville de Paris»; «Nouvelle Description des curiosités de Paris, par Dulaure, 1786»; «le Voyageur a Paris… par Thiery, 1788»; «le Voyageur a Paris, tableau pittoresque et moral de cette capitale, 1797»; «les Ruines Parisiennes depuis la Révolution de 1789, avec des remarques historiques sur chacun des Établissements qui ne subsistent plus… an VII.»

      Et en dernier lieu, les livres sur les environs de Paris, dont les monuments sont gracieusement indiqués sur les estampes du temps, non par des étoiles, mais par le vol d'une, deux, trois hirondelles: livres de Dulaure, de Villiers, de Delort, et livres peu connus parmi lesquels je n'en citerai que deux: «Description d'une partie de la ville de Montmorency, par M. ***, ancien professeur de grammaire à l'École Militaire, Tempé 1784», volume où se trouve la description de la maison de la comtesse d'Houdetot, du parc de Montmorency appartenant à la duchesse de Luxembourg, de l'habitation du comte de Tressan à Franconville, et, près d'Aubonne, du jardin curieux d'Audinot, le directeur de l'Ambigu, avec sa faisanderie, son temple, et sa rivière en verre, jouant l'eau aux lumières de la nuit: un exemplaire venant de Debure et contenant 26 planches au lieu

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