Recherches nouvelles sur l'histoire ancienne, tome I. Constantin-François Volney

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Recherches nouvelles sur l'histoire ancienne, tome I - Constantin-François Volney

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Où a-t-il puisé les harangues qu'il prête aux rois, aux grands-prêtres juifs, même aux patriarches? D'où a-t-il tiré tant de circonstances sur les actions, l'âge, la vie des princes juifs avant Sédéqiah? et cela, sans jamais citer ni indiquer de monuments à lui particuliers; en suivant, au contraire, toujours la trace des livres que nous avons, et qu'il paraphrase et commente quelquefois avec une licence qui touche à l'inexactitude. Il est clair que Josèphe, élevé dans l'idiome grec, sous le gouvernement romain, ayant passé la dernière partie de sa vie dans Rome (vers la fin du premier siècle de notre ère), a imité le goût et les mœurs de cette époque, et s'est permis d'introduire dans son récit des détails de convenance et d'ornement empruntés peut-être des traditions, ou imaginés par lui-même. Ce n'est donc qu'avec réserve et discussion que l'on peut user de son autorité: faisons-en un nouvel essai dans le sujet présent.

      Cet auteur nous fournit, sur la durée des juges, quatre passages principaux, dont les calculs comparés ne se trouvent pas exactement les mêmes; mais l'un d'eux est accompagné d'un fait qui semble authentique et qui peut nous devenir utile.

      1º «Avant les rois, nous dit-il, les Hébreux avaient été gouvernés par des juges pendant plus de 500 ans, depuis la mort de Moïse et du général Josué30

      Effectivement, Desvignoles31 trouve ces 500 ans dans un tableau des juges, qu'il dresse, dit-il, suivant Josèphe; mais, outre qu'il interpose Tholah et ses 23 ans, dont Josèphe ne dit pas un mot, et qu'il restitue les 8 ans d'Abdon, juge omis par cet auteur (qui cependant récite ses actions), Desvignoles s'écarte de la logique en séparant Moïse de Josué, quand le texte les unit par ces mots: «Depuis la mort de Moïse et du général Josué, etc.» Il faut admettre ou exclure l'un et l'autre: en restituant Moïse et ses 40 ans, nous aurions 540 ans, y compris Tholah; et seulement 517, si l'on écartait ce juge, comme l'on y est autorisé par le silence absolu de Josèphe.

      2º Dans un autre passage, Josèphe (lib. X, c. 8, nº 5) dit «que le temple fut brûlé 1062 ans et 6 mois après la sortie d'Égypte.»

      Retranchons les 514 ans qu'il a comptés ailleurs pour les vingt-un rois juifs, y compris les 20 ans de Saül; nous aurons 548 ans pour la durée des juges, ce qui diffère de 8 ans du calcul précédent (540); mais en comptant ces 1062 ans, Josèphe dit, dans la même phrase, que le temple avait été brûlé 470 ans après la fondation, c'est-à-dire 533 ans après l'avénement de Saül. Or, dans ce cas, il ne reste pour les juges et pour Moïse que 529 ou 530 ans.

      3º Il dit au liv. II, c. 4, v. 8, que depuis Saül, premier roi, jusqu'à la ruine du temple, la monarchie avait duré 532 ans. Soustrayons-les de 1062, nous avons 530 pour les juges et Moïse; ce qui revient au calcul que nous venons de voir, en s'écartant de 32 ans de celui que Josèphe fait dans la même phrase; car après les 533 des rois, il dit que les juges gouvernèrent plus de 500 ans.

      4º Enfin un autre passage nous donne encore un autre résultat.

      «Depuis la sortie d'Égypte, dit Josèphe32, jusqu'à la fondation du temple, il y eut de père en fils 13 grands-prêtres dans un espace de 612 ans.»

      De ces 612 ans, ôtons les 63 qui appartiennent aux règnes de Saül, David et Salomon, nous aurons pour la durée des juges depuis la sortie d'Égypte..... 549 ans.

      Ce nombre revient à celui du nº 2 ..... 548-1/2.

      De ces 548 ou 549 ôtons les 40 de Moïse, il nous reste pour les juges proprement dits..... 500 ou 501,

      ce qui revient au premier calcul sommaire de Josèphe.

      D'où l'on peut conclure que réellement cet auteur compte 500 ans pour les Juges; mais en même temps l'on peut assurer que ses calculs n'ont pas d'autres bases que le livre de ce nom, et les combinaisons que Josèphe a faites lui-même des divers passages de ce livre.

      Le fait des 13 générations de grands-prêtres, mentionné dans le dernier passage, mérite une attention particulière. Citons le passage entier:

      Josèphe continue de détailler avec ordre le reste des 83; mais parce qu'alors la succession ne fut plus régulière, et que les pontifes furent déposés, tantôt par les rois, tantôt par des rivaux, nous laissons cette suite.

      Ce passage demande plusieurs observations. D'abord il est étonnant que Josèphe compte 70 ans de captivité, en lui donnant pour limites, d'une part, la ruine du temple, d'autre part, la seconde année du règne de Kyrus; ces deux points sont bien fixés, le dernier à l'an 537, et le premier à l'an 586; or, entre ces deux dates il n'y a que 49 ou 50 ans; et Josèphe, qui avait en main l'historien Bérose, aurait dû sentir son erreur, d'autant plus qu'il observe que le grand-prêtre Jésus, qui revint de Babylone l'an 2 de Kyrus, était le propre fils de Iosedek, grand-prêtre emmené par Nabukodonosor, ce qui serait presque impossible dans un intervalle de 70 ans; mais Josèphe paraît avoir été lié ici par l'opinion canonique des docteurs juifs, de qui l'ont empruntée plusieurs des anciens chronologistes chrétiens.

      Ce dénombrement des grands-prêtres est par lui-même un fait important, et qui paraît d'autant plus digne de confiance, qu'à raison de la constitution politique des Hébreux, leurs familles sacerdotales avaient un intérêt puissant à conserver leurs généalogies et leurs titres de descendance, sur lesquels se fondaient leurs droits aux charges du temple, et même au pontificat. C'est ce que Josèphe atteste dans son premier livre contre Appion, et l'on n'a point de difficulté raisonnable à y opposer. Depuis l'organisation régulière du service du temple par Salomon, la liste des grands-prêtres fut aussi authentique que celle des rois.... La même exactitude n'est pas également prouvée pendant la période des juges; mais il est facile de concevoir qu'outre les motifs d'intérêt qu'avaient les lévites à tenir registre de la succession, le peuple même ne dut guère manquer de faire attention aux mutations de personnes, et de remarquer que chaque nouveau grand-prêtre était le tantième depuis la conquête: le changement de pontife produisait une sensation générale au temps de la Pâque, et le calcul de son numéro de succession était un fait simple et frappant qui dut devenir une tradition nationale conservée jusqu'au temps de la monarchie et de la fondation du temple où elle fut recueillie par la chancellerie, et convertie officiellement en fait historique.

      Ici Josèphe suscite une difficulté, lorsque dans un autre passage33 il ne nomme que 5 grands-prêtres depuis Ithamar, fils d'Aaron, jusqu'à Héli: mais, outre les inconséquences habituelles de Josèphe, il est facile de sentir que par le laps de temps, par les accidents des guerres et de la dispersion, les détails de la liste ancienne furent négligés et perdus, surtout lorsque la ligne directe d'Aaron fut éteinte et n'eut plus de représentants intéressés à garder ses titres: alors les noms purent s'oublier, et cependant le souvenir du nombre se conserver dans l'opinion publique, ce nombre étant un fait simple à retenir. On peut donc regarder la liste des cinq citée par Josèphe, comme une liste tronquée, et cela avec d'autant plus de raison, que puisqu'il y eut 13 grands-prêtres entre Aaron et la fondation du temple, il est impossible que 8 d'entre eux se soient succédés de père en fils depuis Héli jusqu'à cette fondation dans un intervalle de 75 ans seulement.

      Josèphe laisse encore une équivoque dans une circonstance de ce nombre, car après avoir dit «qu'il y eut 13 grands-prêtres depuis que Moïse établit l'arche dans le désert, jusqu'à la fondation du temple; il ajoute que ces 13 furent la postérité des deux fils d'Aaron.....» Mais alors ces deux fils d'Aaron devraient être comptés pour une génération, et nous donner le nombre total 14.

      Quoi

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<p>30</p>

Antiq. jud. lib. XI, cap. 4, nº 8.

<p>31</p>

Chronologie, tome 1, pag. 136.

<p>32</p>

Antiq. jud., lib. XX, cap. 10, pag. 700 à 702

<p>33</p>

Antiq. jud., lib. V, cap. 6, in fine.