Correspondance, 1812-1876. Tome 1. Жорж Санд

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Correspondance, 1812-1876. Tome 1 - Жорж Санд

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une complication de maux peu agréable. Il ne me faudrait pas moins que vous pour me rendre ma bonne humeur et la santé.

      Que faites-vous maintenant, mon gros ami? avez-vous guéri ce vilain rhume qui vous fatiguait si fort, et êtes-vous un peu au courant de votre nouvel état de choses? Il y a bien longtemps aussi que Casimir dit tous les jours qu'il veut vous demander de vos nouvelles. Mais vous savez comme il est paresseux de l'esprit et enragé des jambes. Le froid, la boue, ne l'empêchent point d'être toujours dehors, et, quand il rentre, c'est pour manger ou ronfler.

      Votre belle Pauline est-elle toujours aussi grosse et aussi bonne? Maurice est un lutin achevé. Il a été abîmé d'une coqueluche qui lui a ôté, pendant deux mois, le sommeil et l'appétit. Heureusement il va à merveille maintenant.

      Quand vous viendrez, je veux que vous m'ameniez Pauline; vous savez que j'en aurai bien soin, et elle est si aimable et si douce, qu'elle ne vous sera guère à charge en route.

      Voyez-vous souvent la famille Saint-Agnan35? J'ai été si paresseuse envers elle, que je ne sais ce qu'elle devient.

      Maurice, qui s'endort sur mes genoux et me fatigue beaucoup, m'empêche de vous en dire davantage. Je laisse à Casimir le soin de vous répéter que nous vous aimons toujours et vous désirons vivement.

      XIX

      A MADAME MAURICE DUPIN, A PARIS

      Nohant, 7 avril 1828.

      Ma chère maman,

      Vous me traitez bien sévèrement, juste au moment où je venais de vous écrire, ne m'attendant guère à vous voir fâchée contre moi. Vous me prêtez une foule de motifs d'indifférence dont vous ne me croyez certainement pas coupable. J'aime à croire qu'en me grondant, vous avez un peu exagéré mes torts, et qu'au fond du coeur vous me rendiez plus de justice; car, vous m'aviez cru insensible à de si graves reproches, vous ne me les auriez pas faits.

      J'espère qu'en apprenant que ma maladie avait été la seule cause de ce long silence, vous m'avez entièrement pardonné. Dites-le-moi bien vite; c'est un mauvais traitement pour moi que vos reproches, et j'ai besoin, pour me mieux porter, de savoir que vous m'avez rendu vos bontés.

      J'ai appris de la famille Maréchal36 des nouvelles qui m'ont bien profondément affligée. J'en suis malade de chagrin et d'inquiétude. Je viens pourtant de recevoir une lettre d'Hippolyte m'annonçant que Clotilde est beaucoup mieux. Mais sa fille est morte! pauvre Clotilde, qu'elle est malheureuse! si bonne et si aimable! Elle ne méritait pas ces cruels chagrins. Elle ignore encore la perte de son enfant; mais il faudra qu'elle l'apprenne, et combien ce nouveau malheur lui sera amer! Je suis sûre que ma pauvre tante a le coeur brisé. Tout est chagrin et misère ici-bas.

      Vous me mandez que Caroline est malade. Qu'a-t-elle donc? J'espère que cela n'est pas sérieux, puisque vous m'en parlez si brièvement. Veuillez m'en parler avec plus de détails, ma chère maman, ainsi que de vous-même. Je ne sais si c'est pour me punir que vous me donnez de mauvaises nouvelles sans y ajouter un mot pour les adoucir. Ce serait trop de sévérité.

      Maurice va à merveille. Il est tous les jours plus aimable et plus joli.

      Mais je me reproche de vanter mon bonheur, quand je pense à cette pauvre Clotilde, dont le sort, à cet égard, est si différent. L'aisance et les plaisirs ne sont rien au coeur d'une mère en comparaison de ses enfants. Si je perdais Maurice, rien sur la terre ne m'offrirait de consolation dans la retraite où je vis. Il m'est si nécessaire, qu'en son absence, je ne passe pas une heure sans m'ennuyer.

      Ne me laissez pas plus longtemps avec le chagrin de vous savoir mécontente. Écrivez-moi, ma chère maman; j'ai le coeur bien triste, et un mot de vous en ôterait un grand poids.

      Casimir vous embrasse tendrement.

      XX

      A M. CARON, A PARIS

      Nohant, 16 avril 1828.

      Je reçois à l'instant votre lettre, mon bon Caron. Elle me fait tant de plaisir, que j'y veux répondre tout de suite. Vous êtes mille fois aimable de vous être décidé à nous venir trouver. Nous en sautons de joie, Casimir et moi. Je vais, par le même courrier, renouveler mon invitation à madame Saint-Agnan, que j'aurai le plus grand plaisir à recevoir, comme je le lui ai dit vingt fois et comme, j'espère, elle n'en doute pas.

      Je ne sais combien de filles elle m'amènera. Je sais qu'il y en a une en pension; mais, les eût-elles toutes, la maison est assez grande pour les loger, et nous avons des poulets dans la cour en suffisante quantité pour approvisionner un régiment.

      J'ai encore une demande à vous faire: c'est, au cas où madame Saint-Agnan voudrait emmener une femme de chambre, de l'en dissuader, comme si cela venait de vous, en lui disant qu'elle n'en aura pas besoin ici, puisque j'en ai une qui n'a rien à faire et qui sera à son service. Je ne voudrais pas qu'elle s'aperçût de ma répugnance à cet égard, parce qu'elle croirait peut-être que j'y mets de la mauvaise grâce. Elle se tromperait; car je serai enchantée de la recevoir, elle et sa famille. Vous savez aussi que ce n'est pas la crainte de nourrir une personne de plus, puisqu'il s'en nourrit dans ma maison plus que je ne le sais souvent moi-même. Je crains ici les domestiques étrangers, parce que mes Berrichons sont de simples et bons paysans ignorant toutes les rubriques des gens de Paris.

      L'année dernière, la femme de chambre de madame Angel avait mis la maison en révolution par ses plaintes, ses propos. Les uns me demandaient leur compte pour aller à Paris, où elle se faisait fort de les placer; les autres voulaient doubler leurs gages, etc., etc. Je vous entretiens de ces balivernes parce qu'un mot dit en passant à madame Saint-Agnan peut m'épargner ces petits désagréments. Si cependant elle insiste, qu'il n'en soit plus question et prenez que je n'ai rien dit. Vous pensez qu'une aussi petite considération ne refroidira pas le plaisir que j'aurai à la voir.

      Adieu, mon bon ami; venez au plus vite. Votre chambre vous attend; le lit de Pauline sera auprès du vôtre, ou, si vous voulez dans ma chambre, à côté de celui de Maurice. Nous vous attendons avec une grande impatience, et je vous embrasse de tout mon coeur.

      Votre fille

      AURORE.

      Les amis de la Châtre vont être bien joyeux de la bonne nouvelle de votre arrivée.

      XXI

      A MADAME MAURICE DUPIN, A PARIS

      Nohant, 4 août 1828.

      Ma chère maman,

      Il est vrai que j'ai été bien longtemps sans vous écrire; mai je n'ai pas cessé de demander de vos nouvelles à Hippolyte. Il pourra vous le dire aussi, trois fois de suite je lui ai demandé votre adresse sans qu'il me l'envoyât. J'ai cherché dans vos lettres précédentes. Je n'y ai pas trouvé celle que vous m'avez désignée. Ce n'est que sa dernière lettre (qui m'est arrivée à peu près en même temps que la vôtre) qui me l'a apprise. J'étais fort contrariée, je vous assure, de ne savoir où vous étiez. Je suis enfin bien heureuse de vous savoir installée de nouveau à Paris, bien portante et avec la société de votre enfant37. Embrassez-le bien de ma part, je vous en prie et gardez-le le plus longtemps possible; car j'ai bien envie de le voir.

      A cet égard, je ne sais pas du tout quand j'aurai le bonheur de vous embrasser. Je crois que je ferai tranquillement

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<p>35</p>

Amie de George Sand habitant Paris.

<p>36</p>

Oncle et tante de George Sand

<p>37</p>

Oscar Cazamajou, son petit-fils.