Esclave, Guerrière, Reine . Морган Райс
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Читать онлайн книгу Esclave, Guerrière, Reine - Морган Райс страница 4
Ceres sentit la compassion lui envahir le cœur, car elle avait ressenti la même faim et savait que les soldats ne se gêneraient pas pour être cruels.
“Laissez partir ce garçon”, dit calmement le marchand costaud d'un geste de la main qui fit briller son anneau d'or au soleil. “Ça ne va pas me ruiner de lui donner une pomme. J'ai des centaines de pommes.” Il gloussa un peu, comme pour montrer que la situation n'était pas si grave.
Cependant, la foule se rassembla autour d'eux et se fit silencieuse quand les soldats se tournèrent vers le marchand en faisant cliqueter leur armure brillante. Ceres ressentit un pincement au cœur, inquiète pour le marchand, car elle savait que personne ne prenait jamais le risque de se mettre l'Empire à dos.
Le soldat s'avança vers le marchand d'un air menaçant.
“Tu défends un criminel ?”
Le marchand regarda les deux soldats l'un après l'autre, moins sûr de lui-même qu'avant. Alors, le soldat se tourna et frappa le garçon au visage. Le coup produisit un craquement qui fit frissonner Ceres.
Le garçon tomba par terre avec un bruit sourd et la foule eut le souffle coupé.
En désignant le marchand du doigt, le soldat dit : “Pour prouver ta loyauté envers l'Empire, tu vas tenir le garçon pendant qu'on le fouette.”
Le regard du marchand se durcit et il transpira du front. A la grande surprise de Ceres, il refusa de céder.
“Non”, répondit-il.
Le second soldat fit deux pas vers le marchand d'un air menaçant et mit la main au pommeau de son épée.
“Fais-le, ou tu perdras ta tête et on brûlera ta boutique”, dit le soldat.
Le visage rond du marchand s'affaissa et Ceres comprit qu'il était vaincu.
Il s'avança lentement vers le garçon et le saisit par le bras en s'agenouillant devant lui.
“Pardonne-moi, je t'en prie”, dit-il, les larmes aux yeux.
Le garçon gémit puis se mit à crier en essayant de se dégager de son emprise.
Ceres voyait que l'enfant tremblait. Elle voulait continuer à avancer vers le Stade pour éviter d'assister à cette triste histoire. Cependant, elle avait les pieds figés au milieu de la place et les yeux rivés sur la brutalité qui se déroulait devant elle.
Le premier soldat ouvrit violemment la tunique du garçon pendant que le second soldat faisait tourner un fouet au-dessus de sa tête. La plupart des badauds encourageaient les soldats, même si quelques-uns partaient en murmurant, la tête basse.
Personne ne défendit le voleur.
Avec une expression avide, presque exaspérante, le soldat frappa violemment le dos au garçon avec le fouet, le faisant crier de douleur pendant qu'il le fouettait. Le sang suinta des nouvelles lacérations. Le soldat fouetta encore et encore le garçon jusqu'à ce qu'il ait la tête qui pende en arrière sans plus crier.
Ceres ressentait un besoin fort de se précipiter en avant et de sauver le garçon. Cependant, elle savait que, si elle le faisait, elle encourrait la peine de mort, pour elle comme pour tous ceux qu'elle aimait. Elle laissa tomber les épaules, se sentant désespérée et vaincue. En son for intérieur, elle se promit de se venger un jour.
Elle tira violemment Sartes vers elle et lui couvrit les yeux dans une tentative désespérée de le protéger, de lui donner quelques années d'innocence de plus, bien que l'innocence soit étrangère à ce pays. Cependant, elle se força à ne pas céder à cette impulsion. Sartes était un homme et, en tant que tel, il fallait qu'il voie ces exemples de cruauté, pas seulement pour s'adapter mais aussi pour participer avec force à la rébellion quand le temps serait venu.
Les soldats retirèrent le garçon des mains du marchand puis jetèrent son corps inerte à l'arrière d'une charrette en bois. Le marchand se plaqua les mains contre le visage et sanglota.
En quelques secondes, la charrette partit et l'espace auparavant dégagé se remplit à nouveau de gens qui erraient sur la place comme s'il ne s'était rien passé.
Ceres sentait une sensation nauséeuse monter en elle. C'était injuste. A l'instant même, elle apercevait une demi-douzaine de pickpockets, des hommes et des femmes qui avaient atteint un tel degré de perfection dans leur art que même les soldats de l'Empire ne pouvaient pas les attraper. La vie de ce pauvre garçon était maintenant gâchée à cause de son manque d'habileté. Si on les attrapait, les voleurs, jeunes ou vieux, perdaient leurs membres ou pire encore, selon l'humeur dont étaient les juges ce jour-là. Si le voleur avait de la chance, on ne le tuerait pas et il serait condamné à travailler dans les mines d'or toute sa vie. Ceres préférerait mourir que devoir supporter de telles conditions d'emprisonnement.
Ils continuèrent le long de la rue, le moral à zéro, serrés comme des sardines les uns contre les autres. La chaleur devenait presque insupportable.
Un chariot doré s'arrêta à côté d'eux en forçant tout le monde à se sortir et à se plaquer contre les maisons qui se trouvaient sur les côtés. Violemment bousculée, Ceres leva les yeux et vit trois adolescentes vêtues de robes en soie colorées, leur coiffure agrémentée de broches en or décorées de pierres précieuses. Une des adolescentes jeta en riant une pièce en or dans la rue et une poignée de roturiers se mit à quatre pattes pour récupérer ce morceau de métal qui suffirait à nourrir une famille pendant un mois entier.
Ceres ne se baissait jamais pour ramasser les aumônes. Elle préférait avoir faim qu'accepter les cadeaux de ce genre de personnes.
Elle regarda un jeune homme saisir la pièce et un homme plus âgé le plaquer à terre et lui serrer fermement la main autour du cou. De l'autre main, l'homme plus âgé arracha la pièce à la main du jeune homme.
Les adolescentes rirent et montrèrent la scène du doigt avant que leur chariot ne continue à se faufiler au travers des masses.
Ceres en eut l'estomac noué par le dégoût.
“Bientôt, l'inégalité disparaîtra définitivement”, dit Rexus. “J'y veillerai.”
En l'écoutant parler, Ceres se sentit ragaillardie. Un jour, elle se joindrait à la rébellion avec lui et avec ses frères.
Alors qu'ils approchaient du Stade, les rues s'élargirent et Ceres sentit qu'elle pouvait respirer à nouveau. L'air vrombissait. Elle était tellement excitée qu'elle avait l'impression qu'elle allait éclater.
Elle passa sous une des dizaines d'arches d'entrée et leva les yeux.
Des milliers de roturiers grouillaient dans le magnifique Stade. Le bâtiment ovale s'était effondré vers le haut du côté nord et la plus grande partie des auvents rouges étaient déchirés et ne protégeaient que peu du soleil écrasant. Des bêtes sauvages grognaient derrière des portes en fer et Ceres voyait les seigneurs de guerre qui se tenaient prêts derrière les portes.
Bouche bée, émerveillée, Ceres observait l'endroit dans ses moindres détails.
Avant d'avoir pu s'en apercevoir, Ceres leva les yeux et se rendit compte