Président Élu. Джек Марс
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– Elle a perdu, répéta-t-elle. Elle doit tourner la page et se préparer à remettre les rênes du pouvoir au vainqueur.
– Gunner ? apostropha Luke, ignorant Audrey à présent. On peut faire quelques pas ensemble ?
– J’ai dit à Rebecca, en termes clairs, de ne pas vous épouser. Je lui ai dit que ça finirait en catastrophe. Mais je n’aurais jamais imaginé qu’on en arriverait là.
– Gunner ? répéta Luke.
Mais le garçon regardait ailleurs à présent. Luke vit une larme rouler le long de sa joue. Le gosse déglutit avec peine.
– Je voudrais juste m’excuser.
Les mots sortaient mal. Des excuses ? Ce ne serait pas suffisant, Luke le savait. Il allait falloir bien plus que des excuses pour rétablir la situation, si c’était même possible. Il voulait le dire à Gunner. Il voulait lui dire qu’il ferait tout et n’importe quoi si seulement il le laissait revenir dans sa vie.
Il avait commis une terrible erreur. Il la réparerait, dût-il y consacrer le restant de ses jours.
Gunner le regarda, pleurant sans retenue cette fois. Les larmes roulaient sur ses joues.
– Je ne veux pas te parler. (Il secoua la tête.) Je ne veux pas te voir. Je veux juste t’oublier, tu comprends pas ?
Luke hocha la tête.
– Okay, okay, je peux le respecter. Mais sache que je t’aime et que je suis toujours prêt à t’écouter. Tu as toujours mon numéro ? Tu n’as qu’à m’appeler si tu changes d’avis.
– Je n’ai pas ton numéro, rétorqua Gunner. Et je ne changerai pas d’avis.
Luke opina de nouveau.
– En ce cas, je te laisse…
La voix d’Audrey poursuivit Luke sur le chemin :
– Ça me paraît une bonne idée : laissez ce garçon tranquille.
Elle se mit à rire, un caquètement insane qui aurait pu passer pour une quinte de toux si Luke ne la connaissait pas.
– Laissez-nous avec nos morts !
Luke rejoignit sa voiture, enclencha la vitesse et arriva presque aux grilles du cimetière avant de se mettre à pleurer à son tour.
CHAPITRE CINQ
16:57, heure normale de l’Est
Bar Chez Bubba
Chester, Pennsylvanie
Personne ne se rappelait qui était Bubba.
La petite taverne était sise à un coin de rue au sud-est de Chester, près de la rivière, depuis peu après la Seconde Guerre mondiale. Elle avait été tenue par une dizaine de personnes, à un moment où un autre, et s’était toujours appelée Chez Bubba, d’aussi loin qu’on s’en souvienne. Mais nul ne savait pourquoi.
– J’imagine qu’elle va jeter l’éponge, avança un homme au bar.
– Y s’rait temps, grogna un autre.
C’était Marc Reeves qui tenait le manche aujourd’hui. Marc était un vieux routier de 67 ans. Il avait servi de la bière dans ce bar, par intermittence, pendant les vingt-cinq dernières années, survivant à trois patrons différents. Depuis ce bar, il avait regardé toute la ville partir à vau-l’eau. Dans une ville où presque tout était fermé ou sur le point de l’être, Chez Bubba faisait figure de success-story. Pour autant, personne ne le gardait très longtemps.
Le problème, c’était que l’endroit était au point mort : il ne perdait pas d’argent, mais n’en gagnait pas non plus. Il valait mieux y travailler, ou y boire, que le posséder. Au moins on recevait quelque chose pour sa peine.
Une grosse vieille télé cathodique était fixée sur une barre de fer derrière le bar. À cette heure de l’après-midi, quatre ou cinq buveurs s’alignaient le long du comptoir, ruinant leurs chèques de la sécurité sociale et ce qui restait de leur foie. D’habitude, la télévision était calée sur n’importe quel jeu en cours. Or aujourd’hui, c’est différent. Aujourd’hui, la présidente tenait sa première conférence de presse depuis qu’elle avait perdu l’élection.
Marc avait été sceptique à son sujet lorsqu’elle est entrée en fonction, surtout vu les circonstances, mais elle avait grandi dans son estime. Il pensait qu’elle avait fait un assez bon travail, dans l’ensemble. Elle et le pays avaient affronté beaucoup de tempêtes. Hier, il avait donc fait une chose qu’il faisait rarement : il avait voté pour elle. Il n’était pas entré dans un bureau de vote depuis douze ans.
Tout le monde n’avait pas partagé sa décision.
– J’aime bien ce nouveau gars, déclara un gros type au comptoir.
On l’appelait Skipper, bien qu’il n’ait sans doute jamais mis les pieds sur un bateau de sa vie.
– Qu’est-ce que Susan Hopkins a jamais fait pour Chester, Pennsylvanie ? reprit-il. C’est ce que j’aimerais savoir. De toute façon, il est temps que quelqu’un mette un coup d’arrêt à tous ces Chinois qui envahissent le pays.
– Et nous rende nos boulots, pendant que tu y es, renchérit un dénommé Steve-O.
Steve-O était si mince qu’il ressemblait à l’un de ces cure-pipes à forme humaine. Il venait ici tous les jours siffler bière et bourbon. Marc n’avait jamais vu Steve-O avaler la moindre parcelle de nourriture. Il semblait ne tenir que par l’alcool.
Marc essuyait des pintes tout juste sorties du lave-vaisselle.
– Steve-O, tu es en invalidité depuis vingt ans.
– J’ai pas dit me rendre mon boulot, répliqua Steve-O.
Quelques-uns s’esclaffèrent.
À la télé apparut une tribune vide, flanquée de drapeaux américains.
– Mesdames et messieurs, la présidente des États-Unis, annonça une voix feutrée.
Susan Hopkins gagna la tribune par la droite. Elle portait un tailleur pantalon brun-roux, ses cheveux blonds étaient coupés court. Très belle. Marc se souvenait d’elle à l’époque où elle était mannequin, en particulier d’un certain numéro de Sports Illustrated sur les maillots de bain, il y avait vingt-cinq ans de cela. Il était alors d’âge moyen, marié avec des enfants. Quelque chose lui avait fendu le cœur dans son port-folio : elle paraissait éthérée, inaccessible, d’un autre monde. Il n’avait pas de mots pour la décrire. Et elle était encore plus belle aujourd’hui, plus terrestre, plus mature. Marc aimait les femmes qui avaient un peu de kilométrage.
– Fous-toi à poil, chérie ! lança Steve-O, suscitant quelques gloussements parmi l’assemblée.