LUPIN - Les aventures du gentleman-cambrioleur. Морис Леблан

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LUPIN - Les aventures du gentleman-cambrioleur - Морис Леблан

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voilà tout.

      – Et moi je ne dois vous donner la liberté que contre la remise de ces papiers.

      – Question de confiance, Sire. Je me serais cru tout aussi engagé à rendre ces papiers si j’avais été libre, au sortir de prison, et Votre Majesté peut être sûre que je ne les aurais pas emportés sous mon bras. L’unique différence, c’est qu’ils seraient déjà en votre possession. Sire. Car nous avons perdu un jour. Et un jour, dans cette affaire… c’est un jour de trop… Seulement, voilà, il fallait avoir confiance.

      L’Empereur regardait avec une certaine stupeur ce déclassé, ce bandit qui semblait vexé qu’on se méfiât de sa parole.

      Sans répondre, il sonna.

      – L’officier de service, ordonna-t-il.

      Le comte de Waldemar apparut, très pâle.

      – Ah ! C’est toi, Waldemar ? Tu es remis ?

      – À vos ordres. Sire.

      – Prends cinq hommes avec toi… les mêmes puisque tu es sûr d’eux. Tu ne quitteras pas ce… monsieur jusqu’à demain matin. Il regarda sa montre.

      – Jusqu’à demain matin, dix heures… Non, je lui donne jusqu’à midi. Tu iras où il lui plaira d’aller, tu feras ce qu’il te dira de faire. Enfin, tu es à sa disposition. À midi, je te rejoindrai. Si, au dernier coup de midi, il ne m’a pas remis le paquet de lettres, tu le remonteras dans ton auto, et, sans perdre une seconde, tu le ramèneras droit à la prison de la Santé.

      – S’il cherche à s’évader

      – Arrange-toi.

      Il sortit.

      Lupin prit un cigare sur la table et se jeta dans un fauteuil.

      – À la bonne heure ! J’aime mieux cette façon d’agir. C’est franc et catégorique.

      Le comte avait fait entrer ses hommes. Il dit à Lupin :

      – En marche !

      Lupin alluma son cigare et ne bougea pas.

      – Liez-lui les mains ! fit le comte.

      Et lorsque l’ordre fut exécuté, il répéta :

      – Allons… en marche !

      – Non.

      – Comment, non ?

      – Je réfléchis.

      – À quoi ?

      – À l’endroit où peut se trouver cette cachette.

      Le comte sursauta.

      – Comment ! Vous ignorez ?

      – Parbleu ! ricana Lupin, et c’est ce qu’il y a de plus joli dans l’aventure, je n’ai pas la plus petite idée sur cette fameuse cachette, ni les moyens de la découvrir. Hein, qu’en dites-vous, mon cher Waldemar ? Elle est drôle, celle-là… pas la plus petite idée…

       Les lettres de l’empereur

      Table des matières

      – 1 –

      Les ruines de Veldenz, bien connues de tous ceux qui visitent les bords du Rhin et de la Moselle, comprennent les vestiges de l’ancien château féodal, construit en 1277 par l’archevêque de Fistingen, et, auprès d’un énorme donjon, éventré par les troupes de Turenne, les murs intacts d’un vaste palais de la Renaissance où les grands-ducs de Deux-Ponts habitaient depuis trois siècles.

      C’est ce palais qui fut saccagé par les sujets révoltés d’Hermann II. Les fenêtres, vides, ouvrent deux cents trous béants sur les quatre façades. Toutes les boiseries, les tentures, la plupart des meubles furent brûlés. On marche sur les poutres calcinées des parquets, et le ciel apparaît de place en place à travers les plafonds démolis.

      Au bout de deux heures, Lupin, suivi de son escorte, avait tout parcouru.

      – Je suis très content de vous, mon cher comte. Je ne pense pas avoir jamais rencontré un cicérone aussi documenté et, ce qui est rare, aussi taciturne. Maintenant, si vous le voulez bien, nous allons déjeuner.

      Au fond, Lupin n’en savait pas plus qu’à la première minute, et son embarras ne faisait que croître. Pour sortir de prison et pour frapper l’imagination de son visiteur, il avait bluffé, affectant de tout connaître, et il en était encore à chercher par où il commencerait à chercher.

      « Ça va mal, se disait-il parfois, ça va on ne peut plus mal. »

      Il n’avait d’ailleurs pas sa lucidité habituelle. Une idée l’obsédait, celle de l’inconnu, de l’assassin, du monstre qu’il savait encore attaché à ses pas.

      Comment le mystérieux personnage était-il sur ses traces ? Comment avait-il appris sa sortie de prison et sa course vers le Luxembourg et l’Allemagne ? était-ce intuition miraculeuse ? Ou bien le résultat d’informations précises ? Mais alors, à quel prix, par quelles promesses ou par quelles menaces les pouvait-il obtenir ?

      Toutes ces questions hantaient l’esprit de Lupin.

      Vers quatre heures, cependant, après une nouvelle promenade dans les ruines, au cours de laquelle il avait inutilement examiné les pierres, mesuré l’épaisseur des murailles, scruté la forme et l’apparence des choses, il demanda au comte :

      – Il n’est resté aucun serviteur du dernier grand-duc qui ait habité le château ?

      – Tous les domestiques de ce temps-là se sont dispersés. Un seul a continué de vivre dans la région.

      – Eh bien ?

      – Il est mort il y a deux années.

      – Sans enfants ?

      – Il avait un fils qui se maria et qui fut chassé, ainsi que sa femme, pour conduite scandaleuse. Ils laissèrent le plus jeune de leurs enfants, une petite fille nommée Isilda.

      – Où habite-t-elle ?

      – Elle habite ici, au bout des communs. Le vieux grand-père servait de guide aux visiteurs, à l’époque où l’on pouvait visiter le château. La petite Isilda, depuis, a toujours vécu dans ces ruines, où on la tolère par pitié : c’est un pauvre être innocent qui parle à peine et qui ne sait ce qu’il dit.

      – A-t-elle toujours été ainsi ?

      – Il paraît que non. C’est vers l’âge de dix ans que sa raison s’en est allée peu à peu.

      –

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