LUPIN - Les aventures du gentleman-cambrioleur. Морис Леблан

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LUPIN - Les aventures du gentleman-cambrioleur - Морис Леблан

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et cette salle ne diffère pas de ses voisines.

      Lupin regarda l’Empereur sans comprendre. Celui-ci se leva et dit en riant :

      – Je crois, monsieur Lupin, que vous vous êtes quelque peu moqué de moi.

      – En quoi donc, Sire ?

      – Oh ! Mon Dieu, ce n’est pas grand-chose ! Vous avez obtenu la liberté sous condition de me remettre des papiers qui m’intéressent, et vous n’avez pas la moindre notion de l’endroit où ils se trouvent. Je suis bel et bien… comment dites-vous en français ? Roulé ?

      – Vous croyez, Sire ?

      – Dame ! Ce que l’on connaît, on ne le cherche pas et voilà dix bonnes heures que vous cherchez. N’êtes-vous pas d’avis qu’un retour immédiat vers la prison s’impose ?

      Lupin parut stupéfait :

      – Sa Majesté n’a-t-elle pas fixé demain midi, comme limite suprême ?

      – Pourquoi attendre ?

      – Pourquoi ? Mais pour me permettre d’achever mon œuvre.

      – Votre œuvre ? Mais elle n’est même pas commencée, monsieur Lupin.

      – En cela, Votre Majesté se trompe.

      – Prouvez-le et j’attendrai demain midi.

      Lupin réfléchit et prononça gravement :

      – Puisque Sa Majesté a besoin de preuves pour avoir confiance en moi, voici. Les douze salles qui donnent sur cette galerie portent chacune un nom différent, dont l’initiale est marquée à la porte de chacune. L’une de ces inscriptions, moins effacée que les autres par les flammes, m’a frappé lorsque je traversai la galerie. J’examinai les autres portes : je découvris, à peine distinctes, autant d’initiales, toutes gravées dans la galerie au-dessus des frontons.

      « Or, une de ces initiales était un D, première lettre de Diane. Une autre était un A, première lettre d’Apollon. Et ces deux noms sont des noms de divinités mythologiques. Les autres initiales offriraient-elles le même caractère ? Je découvris un J, initiale de Jupiter ; un V, initiale de Vénus, un M, initiale de Mercure ; un S, initiale de Saturne, etc. Cette partie du problème était résolue : chacune des douze salles porte le nom d’une divinité de l’Olympe, et la combinaison Apoon, complétée par Isilda, désigne la salle d’Apollon.

      « C’est donc ici, dans la salle où nous sommes, que sont cachées les lettres. Il suffit peut-être de quelques minutes maintenant pour les découvrir. »

      – De quelques minutes ou de quelques années… et encore ! dit l’Empereur en riant.

      Il semblait s’amuser beaucoup, et le comte aussi affectait une grosse gaieté.

      Lupin demanda :

      – Sa Majesté veut-elle m’expliquer ?

      – Monsieur Lupin, la passionnante enquête que vous avez menée aujourd’hui et dont vous nous donnez les brillants résultats, je l’ai déjà faite. Oui, il y a deux semaines, en compagnie de votre ami Herlock Sholmès. Ensemble nous avons interrogé la petite Isilda ; ensemble nous avons employé à son égard la même méthode que vous, et c’est ensemble que nous avons relevé les initiales de la galerie et que nous sommes venus ici, dans la salle d’Apollon.

      Lupin était livide. Il balbutia :

      – Ah ! Sholmès… est parvenu… jusqu’ici ?…

      – Oui, après quatre jours de recherches. Il est vrai que cela ne nous a guère avancés, puisque nous n’avons rien découvert. Mais tout de même, je sais que les lettres n’y sont pas.

      Tremblant de rage, atteint au plus profond de son orgueil. Lupin se cabrait sous l’ironie, comme s’il avait reçu des coups de cravache. Jamais il ne s’était senti humilié à ce point. Dans sa fureur il aurait étranglé le gros Waldemar dont le rire l’exaspérait.

      Se contenant, il dit :

      – Il a fallu quatre jours à Sholmès, Sire. À moi, il m’a fallu quelques heures. Et j’aurais mis encore moins, si je n’avais été contrarié dans mes recherches.

      – Et par qui, mon Dieu ? Par mon fidèle comte ? J’espère bien qu’il n’aura pas osé…

      – Non, Sire, mais par le plus terrible et le plus puissant de mes ennemis, par cet être infernal qui a tué son complice Altenheim.

      – Il est là ? Vous croyez ? s’écria l’Empereur avec une agitation qui montrait qu’aucun détail de cette dramatique histoire ne lui était étranger.

      – Il est partout où je suis. Il me menace de sa haine constante. C’est lui qui m’a deviné sous M. Lenormand, chef de la Sûreté, c’est lui qui m’a fait jeter en prison, c’est encore lui qui me poursuit, le jour où j’en sors. Hier, pensant m’atteindre dans l’automobile, il blessait le comte de Waldemar.

      – Mais qui vous assure, qui vous dit qu’il soit à Veldenz ?

      – Isilda a reçu deux pièces d’or, deux pièces françaises !

      – Et que viendrait-il faire ? Dans quel but ?

      – Je ne sais pas, Sire, mais c’est l’esprit même du mal. Que Votre Majesté se méfie ! Il est capable de tout.

      – Impossible ! J’ai deux cents hommes dans ces ruines. Il n’a pu entrer. On l’aurait vu.

      – Quelqu’un l’a vu fatalement.

      – Qui ?

      – Isilda.

      – Qu’on l’interroge ! Waldemar, conduis ton prisonnier chez cette jeune fille.

      Lupin montra ses mains liées.

      – La bataille sera rude. Puis-je me battre ainsi ?

      L’Empereur dit au comte :

      – Détache-le… Et tiens-moi au courant…

      Ainsi donc, par un brusque effort, en mêlant au débat, hardiment, sans aucune preuve, la vision abhorrée de l’assassin, Arsène gagnait du temps et reprenait la direction des recherches.

      « Encore seize heures, se disait-il. C’est plus qu’il ne m’en faut. »

      Il arriva au local occupé par Isilda, à l’extrémité des anciens communs, bâtiments qui servaient de caserne aux deux cents gardiens des ruines, et dont toute l’aile gauche, celle-ci précisément, était réservée aux officiers.

      Isilda n’était pas là.

      Le comte envoya deux de ses hommes. Ils revinrent. Personne n’avait vu la jeune fille.

      Pourtant, elle n’avait pu sortir de l’enceinte des ruines. Quant

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