Je Suis L'Empereur. Stefano Conti
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Encore la voix, autoritaire : « Je vous dis de faire demande : elle sera acceptée ! »
« Je…Je vous remercie. »
« Au revoir. N’appelez plus jamais à ce numéro ! »
« Merci encore, bonne soirée. »
Aturk rentre de la cuisine avec un pas lente et maladroit, attentif à ne renverser même pas une goutte du verre rempli au bout d’un vin blanc de mauvaise qualité : « Alors ? »
« Tu peux faire ta demande. »
Son fils ne comprends pas l’expression : « Mais je l’ai prête depuis des mois… »
« Je te dis, fais ta demande : la place est à toi. »
« Merci, merci » Aturk se rapproche de son père comme pour lui faire un bisou. Il se limite à l’embrasser, avec un froid retour.
« Allez, va préparer le diner pour toi et ton frère. »
Le lieutenant bois à petites gorgées son vin, avant d’aller se coucher, satisfait de sa journée.
Samedi 17 Juillet
Je m'étais endormi en rêvant la Californie, je me réveille entre les bruits de clackson et un vociférer incompréhensible, pendant que le bus rentre lentement en gare. Tarse semble Palerme, célèbre, selon le film ‘‘ Johnny Stecchino ’‘, pour le trafic chaotique.
J’arrive à pieds dans ce que j’estime être le centre-ville : je passe à cote d’une porte monumentale d'époque romaine (est-ce la célèbre porte ou Antoine rencontra Cléopâtre avant de la défaite d’Aktium ?) Ici personne ne parle Allemand, je montre juste le papier avec l’adresse de l'ingénieur à au moins dix personnes : entre gestes et quelques mots en anglais, on m’indique une rue à cote du fleuve Tarsus Çayi. Des mémoires classiques me font souvenir ce qui est le Cydnus, connu dans l'antiquité pour ses eaux transparentes mais gelées, tant qu’Alexandre le Grand risqua d’y mourir noyée. Maintenant il est réduit à un dégoûtant fleuve noirâtre, j’imagine à cause des nombreuses décharges des industries pétrolières de la zone. Je sonne la sonnette du numéro 60, une sorte de pilotis : une dame ancienne et bossue ouvre la porte.
« Je cherche Fatih Persin…» je demande, un peu dans les nuages, dans ma langue maternelle.
« Italien, viens italien » sourit la dame en montrant les peux des dents qui lui restent et me faisant signe de rentrer. Ensuite elle s’enfuit montant des escaliers.
C’est une maison bizarre : appuyée pour moitié sur le fleuve, il n’y a pas de meubles particulier, mais elle est originale dans son genre. Je m'assois sure une chaise rouge en bois avec le siège en paille tressée. L’odeur de ragout de cher qui cuit lentement a rempli la demeure entière.
D’une échelle mal appuyée sur une ouverture du plafond descend un homme sur la quarantaine, grand et maigre, trop grand et trop maigre : « Bonjour, je suis Fatih » il me serre la main en parlant en turque avec la femme.
« Je suis Francesco Speri, Chiara m’a donnée votre adresse… Chiara… » je ne me souviens plus de son nom de famille.
« Rigoni » continue un peu étonné Fatih. « Que je fais pour toi ? » L'ingénieur parle l’italien avec un peu de difficulté, mais on se comprend ; tandis qu’il s'assoit, sa mère, au moins je pense qu’elle le soit, arrive avec un plateau et deux grandes tasses de café. L’aspect n’est pas trop invitant : quelque chose y flotte dedans et l’odeur est aigre, oui aigre mais non amer.
Je fais un signe de remerciement et je prends l'énorme tasse dans mes mains. « Chiara m’a dit que je pouvais vous demander de l’aide : je dois suivre la rue long du fleuve en direction du mont Taurus. Mon professeur d'archéologie était en train d’effectuer des excavations là-bas, quand… »
« Rien à voir avec le café italien, c’est vrai ? Il y a du citron dedans » explique Fatih voyant mon regard méfiant. Il sourit : « No problème, aujourd’hui samedi et je vais avec toi en moto ».
J'accepte son aide, mais pas avant avoir avale cette espèce de limonade au gout de café.
Nous partons de suite, sans casque. Sa moto est en réalité un scooter : ça ne dépasse pas les 30km par heure, mais même en ce cas, n'étant pas moi le conducteur, c’est comme en avion ! La route est longue e tortueuse : à chaque courbe je serre plus fort le pauvre conducteur ; ça me provoque un peu d'embarras, mais la peur de tomber est plus forte. On a l’impression que cette espèce de rue criblée de trous soit interminable, mais soudainement Fatih freine : il a remarqué des panneaux de travaux en cours. Nous laissons son scooter et continuons à pieds jusqu'à une pente descendante : c’est le site creusée par le professeur.
Pauvre Julien : enterrée dans une lande désolée de Montaigne, loin de ce fabuleux monde qu’il avait régnée. En réalité cela n’avait pas été son choix : en signe de haine envers les habitants d’Antakya, d'où il était parti pour l'expédition en Perse, il s'était promis de faire camp à Tarse, plutôt que de revoir ces gens. Il ne reviendrait pas vivant de cette guerre. Ses officiers, en forme d'extrême respect, décidèrent de l’enterrer ou il avait décidé de résider cet hiver : un longue, interminable, hiver.
On ne peut pas accéder à la fouille, on l’a entourée d’une tranchée rudimentaire. Un homme s’approche, il est occupé à ne pas faire envoler un énorme chapeau en paille de sa tête. Il semble être méfiant, mais dès que je nomme Luigi Barbarino il ouvre, et se présente comme assistant du professeur. Le soleil bat sans pitié. Il nous indique de le suivre jusqu'à une espèce de garage : je vois fragment de vases antiques lies en gerbes, des os d’animaux, anciens pots et des vêtements sales. Dans ce garage, recouvert de plaques d’aluminium et plein de poussière, je pense que ce type bizarre à part de travailler, y dort et mange.
J’aimerais avoir des infos sur l’incroyable découverte de l’Apostat. Avec un air contrit je demande d’abord, avec l’aide de Fatih, des nouvelles du professeur.
L’expression de mon ‘‘interprète’’ devient d’abord grimaçante et après sombre, je n’avais pas eu le temps de lui parler de la mort de ‘‘sa majesté’’ : « Il dit que trouver mort le professeur samedi passe, au pied de… comment dire grande descente ? »
L’assistant explique que le vendredi passe, avant de partir, il avait vu l'éminent archéologue faire des relèvements dans le secteur qu’il était en train de creuser et que le matin suivant il l’avait trouvé en peu plus en bas, écarté par terre. Il avait eu une attaque cardiaque et était tombé sans vie dans la falaise. Le turque n’apparait pas trop triste, peut être le fait de travailler avec le professeur lui a laissé, comme à moi, le même effet de dégout. L'assistant, de petite taille, mais de pas agile, nous précède sur le lieu de la disgrâce : il tient à nous montrer le point exact des retrouvailles.
« Et qu’est-ce qu’il y a la haut ? Une tombe ? » je demande.
« Oui, il prenait des photos là. Très important : il avait trouvé pierre avec incision, quand c’est arrivé » traduit Fatih.
Je monte à bout de souffle la petite colline, suivi par les deux. A terre s’effondrent ceux qui pourraient être les restes d’un bâtiment funéraire. Je ne vois pas par contre l'épigraphe qui devrait se trouver sur l'entrée.