Je Suis L'Empereur. Stefano Conti

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Je Suis L'Empereur - Stefano Conti

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malicieux.

      Lundi 19 Juillet

      L’ambassade de l'extérieur est exactement comme on peut l'imaginer : grande, blanche, avec l’air d’une de ces villes de campagne en style victorien qu’on peut trouver aux États Unis du sud. Je m’attends un patron avec des esclaves, mais je suis accueilli par un manager avec sa secrétaire et peu de temps pour moi. Je lui donne les documents de la morgue, la secrétaire les lit distraitement : elle les tamponne, agrafe un laissez-passer et s’occupe à la même vitesse des taches bureaucratiques. A la douane aussi tout se passe mieux qu’à l'arrivée. Le redoutable fonctionnaire du vendredi n’est plus là, un homme plus courtois le remplace : je reprends finalement mon passeport ; dans le futur je ferais une copie de mes documents avant de partir (on sait jamais).

      On m’accompagne, ou mieux je suis escorté, jusqu'à me faire monter sur l’‘‘avion spécial’’ : un cargo fait pour transporter des biens, court et bas. J’estime très baisses les possibilités qu’il arrive à décoller. Je monte les escaliers jusqu'à une large entrée sur la partie postérieure (pas sur le côté), je traverse l'énorme soute, chargée d’un peu de tout ; derrière un rideau coulissant il y a une dizaine de passagers, et après la cabine de pilotage. Les sièges ne sont pas énumérés : je m’assois dans le seul qui est vide, à côté d’un monsieur qui, après m’avoir regardé de la tête aux pieds, continue à lire son quotidien. Nous attendons beaucoup, avant qu’ils autorisent le départ. J’ai oublié mon mp3 dans la valise ; pour ne pas penser au décollage je prends le rapport de ce bizarre médecin légiste : pages sur pages écrites à la main, en turque ; à la fin de la deuxième copie un résumé en anglais. Avec des termes médicaux légistes on déclare que Barbarino est mort à cause de la chute : on parle de multiples fractures vertébrales et d’une fatale à la nuque, mais pas de crise cardiaque.

      Je suis étonné : l’assistant du professeur avait parlé d’un malheur comme cause du décès. Là on dirait qu’il est mort à cause d’un coup à la tête, probablement pendant la chute. Je pose le rapport : ça sera la police qui indague.

      À ce point, incroyablement, l'avion a rejoint son niveau de vol : je me calme. Ça ne dure plus que un instant, car je me rends compte que en traversant la soute je n’ai pas vu le cercueil. Perdre une valise n’est pas sympa, mais un corps… !

      Vu que dans ce cargo je ne crois pas y avoir d’hôtesse, je profite pour me lever, faire glisser le rideau et revenir en soute. En effet un cercueil est là, je me rapproche pour être sur : le nom est correct. Mais il y a quelque chose qui me touche : une note sur le côté court. Des lettres sont gravées, à la bonne, sur le bois : DDCF. Bizarre ! Quelqu’un à la douane doit les avoir gravées, vu que pendant le long voyage dans le fourgon je ne les avais pas remarquées ; j’en suis sûr : elles n'étaient pas la avant. On dirait des initiales : ça sonne sombre et familier au même temps.

      Je reprends ma place : ce monsieur distingué est toujours en train de m’observer, du coin de l'œil.

      Je suis un peu perplexe pour la gravure et pour la fin de Barbarino : je pense aux temps passés à son service, ou mieux sous sa ‘‘dictature ’‘ ; je ne le regrette pas, humainement je devrais être triste pour lui, mais j’y arrive vraiment pas. Après tout ce que j’avais écrit et fait pour lui, il n’avait même pas été en gré de me faire obtenir un poste fixe à la faculté. Il disait que je le méritais plus que tout le reste pour mon curriculum, mais il y avait toujours quelqu’un avec des crédits extra académiques qui me passait devant : j’ai vraiment bien fait à m’en sortir.

      En arrivant à Fiumicino, je vais à la douane avec les documents turcs. Heureusement en Italie tout est plus simple : ils ne doivent que tamponner ici et là et c’est fini.

      Je pense avoir vu dans un film un célèbre dealer utiliser les cercueils des soldats américains, morts en bataille, pour faire rentrer illégalement de la drogue aux États Unis. Dans mon cas personne ne s’en apercevrait : ils n’ouvrent pas le cercueil serré et le seul chien anti-drogue qui est présent, reste dans son panier.

      Je donne le certificat du médecin légiste : « On m’a dit de vous le donner, pour que ce soit renvoyé à la Gendarmerie Nationale »

      « Ne vous inquiétez pas » réponds le fonctionnaire « on va s’en occuper. »

      Il met les documents sur une pile énorme à sa gauche, qui on dirait est là depuis plusieurs mois.

      Ce n’est pas grave si personne ne va investiguer sur cette mort. Avant de partir, la dernière question : « Que dois-je faire avec le cercueil ? »

      « Êtes-vous un familier ? » demande diligent l’employé.

      « Non… on va dire un ami. »

      « Alors vous devez la donner aux héritiers » est le verdict final.

      Je sors encore plus perplexe. Parmi la foule je vois quelqu’un avec un panneau qui porte mon nom : j’ai toujours rêvé d’arriver à l'aéroport ou quelqu’un m’attendait avec un panneau bien en évidence.

      Je l’approche : « Bonjour, je suis Francesco Speri».

      « On vous attendait » répond avec fausse courtoisie une femme de la soixantaine. « Nous aimerons vous remercier pour tous ce que vous avez fait pour nous. »

      A mon regard étonné la dame fait signe à un garçon de venir vers elle et se présente : « Grazia Barbarino, enchantée. Je suis la sœur du pauvre Luigi Maria et lui c’est mon fils : nous sommes venus pour donner un honorable enterrement à notre cher ».

      Le ton poli et cette façade Mme Parfaite n’inspirent pas la sympathie. « Vous avez fait un bon voyage ? » demande-t-elle, peu intéressée par la réponse.

      « Mes plus sincères condoléances. »

      On dirait que personne d’entre eux n’est réellement affligé ; je ne le suis non plus, au contraire je suis bien content de me débarrasser du corps.

      « Encore merci, pour tout » répète le garçon.

      Certes, ils pouvaient y aller eux-mêmes en Turquie. J’essaye de ne pas laisser mon expression me trahir : « Je vous en prie. C'était le minimum, après toutes ces années… »

      « Oui, oui, j’imagine… » coupe brusquement la dame.

      « Je vous donne une copie du rapport du médecin légiste, au cas où vous voudriez le ramener chez un avocat » je rajoute bien marquant mes mots.

      Malgré l’expression curieuse du jeune, la dame prend le document sans même le regarder : celui-là aussi sera mis de côté. En répétant mes condoléances, je me sépare du ce groupe bizarre et je vais vers le train.

      Seulement une fois que le train interurbain de Rome arrive en gare de Chiusi pour changer, je me sens à nouveau en Italie ; j’arrive chez moi vers 19.30, après avoir pris un minibus de la gare de Sinalunga a Bettolle : je suis content d’être revenu à la tranquillité du petit village ou j’habite depuis quand j’ai gagné la bourse de recherche a la Faculté de Sienne.

      Je pose ma valise et je descends de suite chez la voisine pour récupérer mon chat, qu’elle a gardé dans ces jours. Je frappe fort. Un enfant d’environ 5-6 ans ouvre la porte.

      « Salut, ta grand-mère est là ? »

      Le

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