Je Suis L'Empereur. Stefano Conti

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Je Suis L'Empereur - Stefano Conti

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Mais, c’est quoi mon nom ? »

      Effectivement, je ne l’ai jamais su. « Comment t’appelles-tu ? » le petit tortionnaire sourit : « Je ne te dis pas ! »

      « Allez, dis-le moi. »

      « Tu me donnes quoi ? » il répond tout fier.

      Et mes parents s'étonnent quand je dis que je ne veux pas d’enfants : « Un bonbon ? »

      « Maman dit de ne pas accepter les bonbons des inconnus. »

      « Mais je ne suis pas un inconnu, j’habite là-haut. »

      L’enfant sort sa main droite, je lui donne un bonbon miel et menthe que heureusement j’avais dans la poche.

      « Tu vas me le dire ton nom, maintenant ? »

      Le petit serre le bras et plie la tête en avant :

      « Gian…luca ».

      « Très bien, Gianluca, est-ce que ta grand-mère est là ? »

      « A part que tu n’as pas dit s’il te plait » il remarque. « Comment s’appelle mamie ? »

      Je savais qu’il allait me le demander, mais je n’arrive vraiment pas à retenir son nom : « Federica ? »

      « Non. »

      « Elisabetta ? » j’ose.

      « Presque » il sourit, heureux de ce jeu.

      « Elisa ? »

      « Deviné. »

      « Alors, écoute moi bien : Cher Gianluca, ta grand-mère Elisa, est-elle la… s’il te plait ? »

      « Non » et il me claque la porte dans la gueule.

      Étonné devant la porte fermée, je pense à une scène de Caro diario de Nanni Moretti : il est en vacances à Salina en train de téléphoner à des copains et un enfant, avant de lui passer ses parents, le force à imiter les verses de plusieurs animaux. Heureusement Elisa a tout entendu : « Francesco, contente de te revoir, comment c'était ? »

      « A part la bureaucratie… » je coupe court.

      Elle sourit : « Pallino s’est porté très bien, voici, il arrive : il a dû t’entendre ».

      Un chat blanc potelé fait coucou derrière les jambes de ma voisine et m’accueillit avec un gémissement, presque une réprimande.

      « Merci encore, je n’aurais pas su ou le laisser. »

      Je rentre chez moi avec le félin dans les bras. Après un bon diner, nous allons tous les deux nous coucher fatigués ; ça aurait dû être une aventure pour lui aussi, ces jours dans une autre maison.

      Mardi 20 Juillet

      « Content de te revoir au boulot, c'était bien les vacances ? » demande le directeur, dès que je rentre dans la filiale de Montepulciano Stazione.

      Eh oui, je ne l’avais pas encore mentionné : après avoir laissé l’enseignement sous contrat a la faculté, j’ai terminé pour travailler au guichet d’une banque. Ce n’est pas le mieux, mais au moins c’est un poste fixe !

      Je n’ai dit à personne la raison de mon voyage, ou mieux les deux raisons : la recherche du professeur et de l’empereur.

      « C'était bien… un peu fatiguant. »

      Le plus difficile c’est de s’en sortir des questions de Vito Darino, mon collègue du guichet à côté. Comme on dit par ici ‘‘ c’est un poisson bizarre’’ : normalement tranquille et docile, il s'énerve pour rien, il devient tout rouge, après violet et enfin soudainement il se dégonfle. Il est fâché avec tout le monde, il pense que personne ne comprend rien et que, pour cela, ils ont tous été promus tandis que lui, il est resté en arrière depuis toujours. Il dit qu’il est ‘‘célibataire’’ mais le terme le plus approprié serait ‘‘vieux garçon’’ : il n’a pas de copine depuis des décennies, il parle tout le temps de femmes, mais c’est un grand misogyne.

      « Tu t’es amusé ? T’as connu une belle turquette ? » c’est toujours sa première question.

      « Non, je me suis reposé. » rien de plus faux.

      « J’ai aussi visité des lieux touristiques. »

      « T’as été ou exactement ? » il insiste.

      J’essaie de rester vague : « Bon… un site archéologique : tu sais, c’est ma passion ».

      « Bien sûr, excusez-moi professeur » se moque Vito.

      « De toute façon » j’essaye de répondre « c’est le travail que j’ai fait pendant dix ans, avant de commencer ici. »

      Vito reprend son délire en hypnotisant des improbables aventures érotiques : « Et donc, pas de femmes ? »

      « Qu’est-ce que tu veux : je commencerai à regarder les hommes. »

      J’ai compris que cela est toujours une façon géniale de fermer la conversation.

      Ensuite, collé devant l’ordinateur, je me mets en ‘‘pilotage automatique’’ dans ma routine de caisse. Certaines opérations sont longues et pénibles, autres passent légères comme les clients : dès que je les ai terminées j’oublie le numéro du compte et aussi la tête de la personne qui était devant moi.

      Ce même soir, avant de sortir de la banque, je reçois un mail du directeur de la faculté de Lettres :

      ‘‘ Chères et chers collègues,

      Je vous informe par la présente que les funérailles de notre illustre professeur Luigi Maria Barbarino, prématurément décédé à cause d’une tragique fatalité, se tiendront le Jeudi 22 à 16.30 à l’abbaye de Poppi…’’

      Jeudi 22 Juillet

      La campagne de la zone d’Arezzo, n’a rien à voir avec celle de Sienne. Autour de la ville du Palio il y a beaucoup de petit villages aussi beaux qu’on dirait faux et après il y a les collines : innombrables, petites et bien distinguées avec un seul hameau sur le sommet, entouré par des arbres. A côté d’Arezzo, au contraire, tout est plat, les cultures moins variées ; les maisons ne sont pas isolées, mais une à côté de l’autre, en laissant beaucoup d’espaces vides. Les rues aussi sont différentes : là-bas elles montent et descendent, avec plein de courbes entre des bosses et des pentes raides, ici une longue rue droite, qui ne semble jamais arriver nulle part.

      J’arrive à Poppi déjà à 15.00, j’en profite pour voir le magnifique cycle de fresques dans le château des comptes Guidi ; je découvre ainsi que quand Dante était jeune il avait participé en tant que chevalier a la célébré bataille des plaines du château : j’ai toujours imaginé le somme poète enfermé dans sa chambre en train de rêver su des mondes éthérés, je ne le vois pas du tout avec une armure en embrochant et égorgeant ses ennemis.

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