Je Suis L'Empereur. Stefano Conti

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Je Suis L'Empereur - Stefano Conti

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nonchalance.

      « Ça dans le garage où nous avant, peu de temps, après fonctionnaire du gouvernement vient et prends tout » m’informe Fatih dans son italien incertain.

      Il faut que j'accélère les temps.

      « Je devrais aller aux toilettes » je dis en me touchant l’estomac.

      « Seulement dans le garage. »

      « Je me souviens comment y aller, vous pouvez rester là, merci. »

      Je cours vers le hangar et je commence à chercher en haletant entre une pile de boites : j’essaye de les bouger, elles sont lourdes. Sur chaque boite il y a des notes marquées avec un feutre bleu passe : ça devrait indiquer data et secteur des fouilles d'où les vestiges proviennent.

      C'était quel jour quand le professeur m’avait écrit de la découverte de la tombe ? Je contrôle dans la boite du 9 juillet : seulement de fragments de plâtre et céramique communs. Bien sûr : la découverte doit être du jour avant, vu qu’il m’a envoyé l’email le 9 matin, et ce soir même il est mort.

      Je prends la boite du 8 juillet et, je n’y crois pas, je trouve l'épigraphe !

      Un fragment en marbre, qui mesure un peu moins d’un mètre en longueur, grave en grecque : je suis presse, mais j’ai du mal à déchiffrer les lettres mal conservées ; je prends quand même quelques photos avec ma chère Nikon.

      Ensuite, avec une feuille de papier pelure qui se trouve sur la table et un crayon j’essaye d’improviser une empreinte : c’est une technique rudimentaire mais efficace que j’ai appris pendant ma spécialisation en Allemagne. En passant le crayon sur la feuille appuyée sur l'épigraphe, les lettres gravées laissent un trou vide : le papier en ressort tout gris, sauf les espaces blanc qui dénotent la forme des lettres gravées.

      J’ai déjà perdu trop de temps, je cours vers la sombre falaise : « Désolé… pas sur si ce sont les courbes du voyage, ou le raconte de la mort violente du professeur… voilà, je me suis senti mal, mais je vais mieux maintenant. De toute façon, le professeur est là ? »

      Les deux me regardent perdus.

      « Je veux dire le corps : je peux le prendre ? On m’a chargé de le ramener en Italie et… »

      « Non. C’est dans la morgue municipale. Je sais ou ça se trouve, je te ramène si vous voulez » offre courtois Fatih.

      Nous remercions l'assistante, qui s'éloigne sans quitter le regard.

      On monte à nouveau sur le scooter.

      « Gülek Boğazi » crie Fatih peu après le départ.

      Entre le bruit du scooter et ma peur je ne comprends rien.

      « Gülek Boğazi » insiste-t-il et indique un canyon naturel entre les montagnes.

      Je regarde en bas et je comprends : ce sont les ‘‘Portes de Cilice’’ le seul point de passage, depuis l'antiquité, entre l’Anatolie interne et la côte. D’ici passa Alexandre le Grand : un modèle de leader militaire pour plusieurs, inclus Julien.

      « Gülek Boğazi » je répète, et en voyant le bord de la falaise je serre encore plus fort le conducteur.

      La descente, souvent, est pire que la montée : le scooter semble n’avoir pas de freins et à chaque virage, au lieu d’admirer le paysage, je pense à l'éventualité de tomber dessous, mais au dernier moment le scooter tourne et on procède.

      Quand on arrive à l'hôpital de Tarse je suis tellement pale qu’on pourrait vouloir m’admettre en tant que patient. Fatih demande informations à un infirmier de passage : je suis mon copain d’aventures, en marchant lent au long des couloirs souterrains jusqu'à une grande chambre froide.

      Le médecin légiste fait un peu la grimace quand je montre mon passepartout de l’ambassade. Il me laisse en tout cas signer une série de documents, probablement désireux de se débarrasser du corps. Il se lève, me donne deux copies du rapport d'autopsie, il me serre la main, le bras et encore la main. Bizarre façon de saluer.

      « Ces document tu as besoin pour donner à la douane pour ramener corps à Italie » traduit Fatih, et rajoute : « Le coffre est dehors dans voiture et avec ça tu rentres à Ankara »

      Je le remercie pour la traduction et pour l’aide, je l’embrasse : on y est habitué des voyages en moto ; j’essaye de lui filer 100 euros dans la poche.

      Ce geste agace l’ingénieur : « No… mon plaisir, dit bonjour à Chiara, non, dis-lui appelle-moi si veut. Je ne dérange, mais si elle…. ça c’est mon numéro ».

      « Je ne sais vraiment pas comment te remercier, pour tout. Dis bonjour aussi à ta… mère. »

      Une ambulance est garée dehors : j’imagine que le corps est à l'intérieur. Je suis en train de monter quand deux grands types, d’aspect pas trop fiable, s’approchent. J’essaye de m'éloigner. Les deux me suivent et, en prononçant des mots incompréhensibles, ils me poussent devant un décrépis fourgon blanc : c’est le moyen de transport élu. Dans la partie postérieure découverte je vois le coffre. Les deux types, en me prenant littéralement dans les bras, me mettent derrière avec le coffre ; eux ils montent devant.

      Le terrible voyage d'allée de la nuit précédente n'était rien par rapport à celui-ci : là il y avait plein de fumeurs et je voyageais avec la tête dehors, ici je suis dehors, tout seul et avec un corps à côté ! Le coffre, attaché avec des amarres de fortune, donne l’impression de sortir du véhicule à chaque trou ; je reste dans mon coin, du côté opposé : je n’ose pas m’approcher. J’ai la terreur de me retrouver face à face avec le cadavre : dès que j’ai tristement laissé la Faculté, je n’ai jamais plus voulu voir le professeur quand il était vivant, imaginons de mort !

      Je réfléchis sur la journée que je viens de passer et sur celle qui m’attend : le seul fait de penser à la douane me donne la chair de poule, mais la tâche que le directeur de la faculté de Lettre m’as donnée est de faire rentrer le corps en Italie. Je répète l’axiome dans ma tête, comme pour me charger pendant le voyage, le vent me claque fort.

      Dimanche 18 Juillet

      Il est à peu près trois heures du matin quand le fourgon s'arrête. Je crains qu’ils veulent me laisser la, dans le rien.

      Les deux types descendent et me parlent dans une langue inconnue.

      Le plus petit, ou mieux le moins gros, répète la même phrase en faisant d’amples gestes avec les mains : je comprends devoir sortir. Je suis les deux jusqu'à une maisonnette en ruines : on dirait un air de repos, de gestion familiale/sordide. Je cours de suite aux toilettes. Voilà ce dont on parle quand on mentionne les toilettes à la turque : de dégoûtantes, malodorantes latrines sans WC.

      Je rentre après dans ce qui devrait être, par euphémisme, le bar : une dame grassouillette est en train de préparer une boisson bizarre, tandis que mes copains de voyage sont assis à une table avec une cigarette et en buvant une bière géante. Je profite pour prendre mon petit déjeuner, en évitant de regarder le conducteur qui bois et tôt le matin. Je sirote lentement l’énième café long brulant, accompagné par une focaccia avec un salami bizarre, même dans la couleur : le gout n’est pas au top, mais j’ai très

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