Expérience, force et espoir. Anonyme
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Le peu d’argent que j’avais économisé a rapidement fondu et j’ai vendu tout ce que j’avais pour me procurer de l’argent pour boire.
Dans un hôpital, une institution catholique, une des religieuses m’avait parlé de religion et avait emmené un prêtre me rendre visite. Tous deux étaient désolés pour moi et m’ont assuré que je trouverais le salut dans la Mère l’Église. Je ne voulais rien de cela. « Si je n’ai pu cesser de boire par ma propre volonté, je ne demanderai pas à Dieu d’intervenir », pensais-je.
Lors d’un autre séjour à l’hôpital, un pasteur que j’aimais et respectais est venu me rendre visite. À mes yeux, il s’agissait d’un autre non-alcoolique qui était incapable, malgré l’autorité et l’avantage que lui procurait son état, d’aider un alcoolique.
Un jour, je me suis mis à réfléchir. Je n’étais d’aucune utilité à moi-même, à ma femme et à mon garçon. Ma consommation d’alcool l’avait même affecté. Il était devenu un enfant nerveux, irritable, qui ne se débrouillait pas bien à l’école, avait de mauvaises notes parce que le père qu’il connaissait était un ivrogne invétéré sur qui on ne pouvait compter. J’avais suffisamment d’assurances pour permettre à ma femme et à mon enfant de prendre un nouveau départ et j’ai décidé que je quitterais ce monde. J’ai pris une dose létale de bichlorure de mercure.
Ils m’ont transporté d’urgence à l’hôpital. Les médecins des urgences ont effectué les premiers traitements, mais ils ont secoué la tête. Selon eux, je n’avais aucune chance de m’en tirer. Pendant des jours, mon état est demeuré incertain. Un jour, le médecin chef est venu me voir au cours de sa tournée quotidienne. Il m’avait souvent vu auparavant à cause de l’alcoolisme.
À mon chevet, il a manifesté plus que de l’intérêt professionnel, il a tenté de me redonner le goût de vivre. Il m’a demandé si je voulais vraiment arrêter de boire et commencer une nouvelle vie. On s’attache à la moindre brindille de salut. Je lui ai dit que j’aimerais essayer une nouvelle fois. Il a dit qu’il enverrait un autre médecin me voir, quelqu’un qui m’aiderait.
Ce médecin est arrivé et s’est assis à côté de mon lit. Il a tenté de me donner de l’espoir pour l’avenir, en disant que j’étais encore jeune et que le monde m’appartenait, et il a affirmé que je pouvais vraiment cesser de boire si je le désirais. Sans me donner de détails, il a dit qu’il y avait une solution efficace à mon problème et à ma condition. Puis, il m’a simplement conté l’histoire de sa propre vie, une vie de généreuses ablutions après le travail pendant plus de trente ans, jusqu’à ce qu’il perde presque tout ce qu’un homme puisse perdre, et comment il avait découvert et mis en pratique le remède avec un succès total. Il était convaincu que je pouvais faire de même. Jour après jour, il revenait me voir à l’hôpital et me parlait pendant des heures.
Il m’a simplement demandé de mettre en pratique les croyances que je possédais déjà en théorie mais que j’avais oubliées toute ma vie durant. Je croyais en un Dieu qui dirigeait l’univers. Le docteur m’a suggéré l’idée qu’un Dieu en tant que père ne permettrait pas consciemment qu’un de ses enfants périsse et il m’a laissé entendre que la plupart, sinon tous nos problèmes, venaient du fait que nous avions perdu contact avec la notion de Dieu, avec Dieu lui-même. Toute ma vie, dit-il, j’ai agi selon ma propre volonté et non selon celle de Dieu et la seule manière infaillible d’arrêter de boire dans mon cas a été de confier ma volonté à Dieu et de le laisser régler mes difficultés.
Je n’avais jamais considéré les choses sous cet angle, je m’étais toujours senti loin d’un Être Suprême. « Doc », comme je l’appellerai désormais, était convaincu que la loi de Dieu était la Loi de l’Amour et que tous le ressentiment que j’avais nourri et entretenu avec l’alcool venait du fait que, consciemment ou non, peu importe, j’avais désobéi à cette loi. Étais-je prêt à confier ma volonté ? J’ai dit que je tenterais de le faire. Pendant que j’étais encore à l’hôpital, en plus de ses vi-sites, j’ai eu droit à celles d’un jeune homme, gros buveur pendant des années, et qui avait rencontré « Doc » et avait essayé ce remède.
À l’époque, les anciens alcooliques de cette ville, qui sont aujourd’hui beaucoup plus nombreux, se limitaient à Doc et à deux autres personnes. Pour s’aider mutuellement et comparer leurs expériences, ils se réunissaient une fois par semaine dans une maison privée pour discuter. Dès ma sortie de l’hôpital, je me suis joint à eux. Les réunions étaient informelles. En choisissant l’amour comme commandement de base, j’ai découvert que mes efforts soutenus de mettre la loi de l’amour en pratique m’ont permis de me libérer de certaines malhonnêtetés.
J’ai repris mon travail. Des nouveaux sont arrivés et nous étions heureux de leur rendre visite. J’ai découvert que mes nouveaux amis m’aidaient à demeurer dans le droit chemin et que la vue de chaque nouvel alcoolique à l’hôpital était pour moi une leçon de choses. Je voyais en eux ce que j’avais été, ce que je n’avais jamais réussi à faire auparavant.
Me voici rendu à la partie difficile de mon histoire. Il serait bien de dire que j’ai progressé au point de me réaliser pleinement, mais ce ne serait pas vrai. Mon expérience ultérieure montre une 0morale tirée d’une leçon difficile et cruelle. Pendant deux ans après que Dieu m’eut aidé à cesser de boire, les choses se sont déroulées paisiblement. Puis, quelque chose s’est produit. J’appréciais l’amitié de mes compagnons ex-alcooliques et je me débrouillais bien dans mon milieu de travail et dans mon petit cercle d’amis. J’avais en grande partie regagné l’estime de mes anciens amis et la confiance de mon employeur. Je me sentais bien – trop bien. Petit à petit, j’ai commencé à dévier du programme que je tentais de suivre. Après tout, me disaisje, devais-je suivre un programme pour demeurer abstinent ? J’étais alors abstinent depuis deux ans et les choses allaient bien. Quel mal y aurait-il à continuer tout en sautant une réunion ou deux. Si je n’étais pas là physiquement, du moins j’y serais en esprit, me disais-je comme excuse, car je me sentais un peu coupable de ne pas y être.
J’ai aussi commencé à négliger mes contacts quotidiens avec Dieu. Rien n’a changé – du moins pas sur le moment. Puis, j’ai pensé que je pourrais me suffire à moi-même. Dès que cette idée – que Dieu était bien utile durant les premiers jours et mois de mon abstinence, mais que je n’avais plus besoin de Lui aujourd’hui – a fait son apparition, j’étais fait comme un rat. Je me suis écarté de la vie que je tentais de vivre. J’étais en réel danger. Je n’étais qu’à un pas de penser que mes deux années de formation en totale abstinence étaient ce qu’il me fallait pour me permettre de prendre un verre de bière. Le goût m’est revenu. Je suis devenu fataliste et peu après, je buvais en sachant que je me saoulerais, que je resterais saoul, et ce qui arriverait inévitablement.
Mes amis sont venus à mon secours. Ils ont essayé de m’aider, mais sans succès. J’avais honte et je préférais qu’ils ne viennent pas me voir. Ils savaient que tant que je ne voudrais pas cesser de boire, tant que je préférerais ma propre volonté à celle de Dieu, le remède ne fonctionnerait pas. Quelle idée saisissante que de penser que Dieu ne force jamais personne à suivre Sa volonté, que Son aide est toujours disponible mais qu’il faut la demander avec ardeur et humilité.
Cet état a duré des mois au cours desquels je m’étais volontairement fait