Expérience, force et espoir. Anonyme
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J’avais prévu de cacher à ma mère et à la femme que j’allais épouser que j’étais accro à l’alcool. Mais mon plan a échoué le jour de l’annonce de nos fiançailles. En route, j’ai rencontré un copain d’entraînement, je me suis saoulé et j’ai raté la réception. L’alcool m’avait asséné son premier grand coup. Ce soir-là, je l’ai vue brièvement, mais je n’ai pas eu le courage de faire face à ses parents. Notre histoire était terminée.
Pour oublier, je suis devenu très actif dans les cercles sociaux, communautaires et civiques de ma ville. Tout ceci en parallèle à mon poste au bureau du Président de l’université d’État. Je suis devenu un leader, le grand feu de paille. J’ai créé la section locale de l’American Legion et j’en suis devenu le premier commandant – j’ai recueilli des fonds et construit un superbe Club commémoratif. J’ai été secrétaire des Elks, des Eagles, de la Chambre de commerce, du Club City et j’ai été très actif dans les cercles politiques. J’étais toujours le bon gars, je contrôlais ma consommation d’alcool, je ne me laissais aller que dans les clubs privés ou quand j’étais loin de chez moi.
J’ai perdu mon poste de dirigeant du collège suite à l’élection d’un nouveau gouverneur de l’État. Je connaissais le directeur des ventes de la division des titres d’une grande société de service public sur Wall Street et j’ai commencé à vendre des actions. Les émissions et le marché étaient favorables et j’étais en bonne position. J’étais loin de chez moi et j’ai commencé à boire beaucoup. Pour fuir mes compagnons de beuverie, j’ai demandé à être muté dans une autre ville, mais cela n’a rien changé. L’alcool avait pris le contrôle, mes ventes et mes commissions ont baissé, j’étais constamment entre deux vins, vivant sur mes avances, jusqu’à ce que je sois congédié.
Je me suis pris en main, j’ai cessé de boire et j’ai pris contact avec une agence maritime, une entreprise qui faisait la promotion des voyages en Europe et des études dans la plupart des grandes universités européennes. Nous étions à l’époque de l’alcool frelaté et ma consommation d’alcool au bureau et autour a fait que je n’ai conservé cet emploi qu’un an à peine.
Je venais de me fiancer et j’ai eu la chance de me trouver un autre emploi comme vendeur pour une grande société. J’ai beaucoup travaillé, j’ai réussi et je ne buvais qu’à l’occasion. Je me suis marié et ma femme a rapidement découvert que je n’étais pas un buveur social. J’ai bien essayé de réduire, mais c’était impossible. Nous nous sommes séparés à plusieurs reprises et elle revenait. Je lui ai fait des promesses et j’ai fait des efforts sincères, mais je perdais à nouveau le contrôle. C’est alors que j’ai commencé à suivre des traitements dans des sanatoriums pour donner satisfaction à ma femme et à ma famille.
J’étais capable de travailler même si je buvais. Les bains turcs, le bromo-selzer et l’aspirine me permettaient de travailler. Je suis devenu le meilleur vendeur de tout le pays. On m’a donné des territoires plus spécialisés pour enfin être affecté au marché le plus compétitif. J’avais un gros salaire, je méritais des bonis et je remplissais mes quotas. Cependant, il y avait toujours ce point noir de ma consommation d’alcool occasionnelle. On m’a fait venir au bureau une ou deux fois pour m’avertir. Finalement, on ne souhaitait plus me supporter, même si je faisais du bon travail. Tout cela a duré cinq ans et demi.
J’ai perdu ma femme en même temps que mon travail et mes bons revenus. Ce fut un choc terrible. J’ai essayé de me reprendre mais mon dossier était bien entaché. J’étais découragé et déprimé. J’ai cherché à me consoler dans l’alcool. C’est ainsi qu’ont commencé les quatre années noires de ma vie.
Je suis rentré chez moi, dans la ville où j’avais déjà été très connu. Nous étions encore au temps de la Prohibition et j’ai fréquenté les clubs où il y avait des bars. J’en étais rendu au point où je gardais un emploi quelques jours, juste le temps d’obtenir une avance pour boire. J’ai eu des démêlés avec la loi – arrêté pour conduite en état d’ébriété et pour avoir perturbé l’ordre public sous l’effet de l’alcool.
Mes parents ont entendu parlé du traitement à l’hôpital d’État. J’ai été arrêté saoul et envoyé là par le tribunal. On m’a traité à l’acétaldéhyde liquide et j’ai été interné dans la salle des aliénés. J’ai été transféré dans une autre salle pour cas moins violents et j’y ai trouvé un petit groupe d’alcooliques et de « drogués ». J’ai appris d’eux la gravité d’être sous la tutelle du tribunal. Je pensais alors que si jamais on me libérait, je ne laisserais pas le démon alcool me remettre dans un tel pétrin. Dans les moments de grande détresse comme ceux-ci, je demandais à Dieu de m’aider.
J’ai eu de la chance, on m’a relâché après onze jours et onze nuits d’internement dans cette « académie de fous » – l’asile. J’en avais assez. Je ne souhaitais pas y revenir. Je me suis trouvé un emploi de gérant d’un club et j’ai voulu tester ma résistance. J’allais vraiment affirmer ma volonté. J’ai même tenu le bar pendant quelque temps, mais je n’ai jamais bu. Cela a duré environ trois mois.
Je me suis rendu au congrès annuel de mon ancienne division et je me suis réveillé enfermé dans une chambre d’un hôtel minable, sans mes chaussures, ma veste, mon chapeau et mon porte-monnaie. J’avais évidemment fait une vilaine rechute.
Puis vint une période de grande consommation accompagnée de grosses difficultés. Après quelques arrestations pour ivrognerie, le tribunal a décidé qu’un autre séjour à l’hôpital d’État me calmerait. Cette fois, mon séjour est passé de onze jours à onze semaines. Je commençais à trouver la situation difficile. Je suis sorti en bonne forme physique et avec la peur d’être interné une nouvelle fois, cette fois pour onze mois. Je suis resté abstinent pendant environ deux mois et je suis re-parti sur la bringue.
J’étais terriblement faible – je ne pouvais manger et j’essayais de me nourrir à l’alcool, la plupart du temps frelaté. Une fois, je me suis rendu de justesse à l’hôpital et, une autre fois, une patrouille de police m’a amené à l’hôpital au lieu de la prison. Je souffrais beaucoup d’insomnie. Trois injections au bras n’ont produit aucun résultat.
Je me requinquais et je repartais une nouvelle fois sur la bringue. C’était une lutte à mort. Je devais recevoir ma prime de militaire. J’avais droit au maximum. Des amis ont conseillé à mes parents de m’envoyer dans un hôpital pour anciens combattants avant que je ne touche l’argent. J’ai été de nouveau interné, détenu dans une prison de comté puis envoyé une nouvelle fois à l’asile. C’est devenu ma résidence d’été pendant trois mois. J’étais sur la liste d’attente pour l’hôpital des anciens combattants, mais j’avais tellement repris la forme en mangeant et en travaillant à l’extérieur qu’on m’a libéré.
Je suis rentré à la maison avec beaucoup de ressentiment à l’égard de mes parents qui avaient mis mon argent en tutelle. Je suis sorti, je me suis saoulé et je me suis retrouvé en prison – j’avais quitté l’asile à peine huit heures plus tôt. Quel pétrin – derrière les barreaux de nouveau et si rapidement ! Cependant, on m’a libéré le lendemain et cela a été mon dernier internement légal. J’ai commencé