Expérience, force et espoir. Anonyme
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Je voulais cesser de boire, mais je ne croyais pas pouvoir y parvenir. J’ai accepté d’entrer à l’hôpital en tant que patient d’un médecin qui avait été alcoolique pendant des années et qui était devenu un nouvel homme.
C’est presque troublant – je suis sorti huit jours plus tard à peine, un nouvel homme. En langage clair, ce médecin était un homme merveilleux – il a passé plusieurs heures à me raconter son expérience avec l’alcool. D’autres membres de son groupe, peu nombreux à l’époque, m’ont rendu visite et m’ont raconté leur histoire. Je ne les connaissais pas, mais ils m’ont traité en ami. J’ai été impressionné par leur intérêt et leur camaraderie. J’ai appris leur secret. Ils avaient eu une expérience religieuse. J’étais prêt et j’ai fait de nouveau connaissance avec Dieu et j’ai reconnu Sa réalité.
J’ai trouvé que c’était facile. Je suis revenu à la vie et je suis libre depuis maintenant deux ans. J’espère ne plus jamais prendre un verre. Je refais ma réputation et presque chaque jour, on me complimente sur mon apparence.
Je vois la vie d’une manière différente. J’attends chaque jour avec bonheur parce que la vraie joie pour moi, c’est d’être sain, abstinent et respectable. Je vivais d’un verre à l’autre, sans me rendre compte des circonstances, des conditions ou même de la nature. Ma conscience de Dieu – que j’ai perdue jeune homme – est renouvelée. Dieu est amour et pardon. Les souvenirs de mon passé s’effacent peu à peu grâce à la vie à laquelle j’aspire maintenant.
PORTÉ PAR LES RAILS
Quatorze ans et en bonne santé, j’étais prêt – un Whittington américain qui avait mieux à faire pour se déplacer que de marcher. Le sifflet qui disait « libérez la voie » d’un train de marchandise traversant le passage à niveau au loin m’appelait comme une sirène. Un soir, je me suis enfui de la ferme familiale et je me suis rendu à la cour de triage lointaine. Me faufilant entre deux trains le long d’un sentier qui semblait sans fin, je me suis rendu à l’extrémité de la cour. Parfois, je passais devant une ombre silencieuse, immobile. Plus loin, un petit groupe qui discutait. Me rapprochant, j’ai écouté avec attention. Je venais de faire connaissance avec mes premiers clochards. Ils parlaient d’endroits qui m’étaient inconnus. Cette ville était bien. On pouvait se débrouiller sur le Bowery tout l’hiver si on savait s’y prendre ; cette autre ville était « hostile » ; trente jours pour « vagabondage » vous attendaient si vous ne descendiez pas du train avant que les « bœufs » ne passent le train au peigne fin.
C’est alors qu’ils m’ont aperçu. Un p’tit nouveau est toujours intéressant pour les aventuriers du rail. « Où tu vas, le jeune ? »
Je les avais entendus parler de « Dee-troit » et cela m’a semblé une bonne réponse. Je n’avais pas fait de plan, je voulais seulement partir, n’importe où, mais partir !
« Le Michigan Manifest ne devrait pas tarder ; je crois qu’il s’apprête à partir. » Le grand clochard qui m’avait parlé a saisi mon bras. « Arrive, le jeune, nous allons t’aider. »
Soudain, je me suis senti important. Je m’étais échappé ! Les deux clochards discutaient, le plus grand à propos du travail qu’il trouverait à Détroit, l’autre préférant rester sur la route. Tout à coup, celui qui m’avait soulevé a commencé à me poser des questions. Je lui ai dit que j’avais fui la ferme. De façon un peu hésitante, il m’a mis en garde contre l’habitude des trains car elle m’ensorcellerait jusqu'à ce que je ne désire que bouger. Le balancement du wagon à mesure que le train prenait de la vitesse eut sur moi l’effet d’une berceuse. Je me suis endormi.
Je me suis éveillé, il faisait jour. Mes deux compagnons étaient déjà en train de discuter. Le temps a passé. Nous avons traversé des villages. Bientôt, le train serpentait entre les usines et les énormes entrepôts, croisant les rails dans un cliquetis sonore et il est entré dans une cour de triage. Ils m’ont aidé à descendre. Nous étions à Détroit.
Mes amis clochards se sont séparés à une intersection. Le plus grand m’a emmené avec lui en ville et nous a pris une chambre chez la « Mère Kelly », une gentille propriétaire irlandaise. « Prends patience, le jeune, a-t-il dit. Je t’aiderai de mon mieux. Je vais me trouver du travail. »
Il a trouvé du travail. Pendant près de deux ans, il s’est occupé de moi. Il était toujours vigilant, me guidant au travers des pièges et des embûches qui guettent toujours un jeune garçon. Ce clochard, Tom Casey, qui ne parlait jamais de sa vie sauf comme exemple de « ce qu’il ne faut pas faire », m’a fait ouvrir un compte à la banque et m’a forcé à le faire profiter. C’est grâce à lui que je ne suis pas devenu un « enfant des rues », que je ne suis jamais devenu clochard. Puis, un jour, il est parti. La route l’appelait, m’a-t-il expliqué, même si cela ne m’a pas semblé la vraie raison. Je n’ai jamais revu Tom Casey depuis, mais cet homme m’a donné ma première leçon concernant le principe directeur et obligatoire pour une Bonne Vie. « Aime ton prochain comme toi-même. »
À ce moment, j’étais devenu assez familier avec la ville, je n’étais pas contaminé, grâce à mon ami. Je n’étais plus le « jeune rural perdu en ville ». Je me suis rapidement trouvé du travail, mais Tom me manquait. J’ai commencé à fréquenter les salles de billard et il était évident que j’apprendrais rapidement à gérer un bock de bière et un « coup » occasionnel. Le travail ne manquait pas. Quand je ne me sentais pas bien le ma-tin, après une nuit avec les « copains du coin », je n’allais pas travailler. J’ai perdu des emplois. Mon compte en banque s’est vidé. Mes nouveaux amis des salles de billard n’étaient pas d’un grand secours. J’étais lessivé.
C’était l’été, et les bancs de parc, même durs et inconfortables, m’attiraient plus que les sordides « planques » des quartiers défavorisés de la ville. J’ai donc passé quelques nuits à la belle étoile. Jeune et plein d’énergie, je me suis cherché du travail. C’était la guerre et il y avait beaucoup de travail. Je suis devenu manœuvre dans un atelier d’usinage et j’ai rapidement progressé de la perceuse à colonne, à la machine à fraiser, au tour. Je pouvais quitter un emploi un jour et en trouver un mieux rémunéré le lendemain. Bientôt, j’avais une nouvelle pension, des vêtements neufs et de l’argent. Cependant, je n’ai jamais ouvert un nouveau compte en banque. « J’ai bien le temps pour cela », pensais-je. Je passais mes week-ends selon ma conception du « bon temps », qui se sont finalement transformés en beuveries et en débauches le samedi et le dimanche. J’ai été victime moi aussi de la boisson droguée, j’ai été battu et dépouillé de mon argent. Cela n’a eu aucun effet de dissuasion. Je pouvais toujours me trouver un autre emploi pour vivre confortablement en quelques semaines. Cependant, je me suis rapidement lassé de la routine épuisante de la consommation et du travail. J’ai commencé à détester la ville. À bien y penser, mon adolescence à la ferme ne me semblait pas si mauvaise.
Non, je ne suis pas rentré à la maison ; j’ai plutôt trouvé du travail pas trop loin. Je buvais toujours. Incapable de rester en place, j’ai emprunté un train de marchandise vers une ville du Michigan où je suis arrivé sans le sou tard dans la nuit. Je me suis mis à la recherche d’amis. Ils m’ont aidé à trouver du travail. Lentement, j’ai commencé à progresser de nouveau dans l’échelle industrielle pour atteindre finalement un poste de responsabilité comme ajusteur de machinerie dans une grande usine. J’étais de nouveau au sommet. La satisfaction de la réussite me faisait croire que j’avais désormais le droit de m’amuser de nouveau pendant les week-ends. Les week-ends se sont étendus au mardi et au mercredi, jusqu’à ce que je ne travaille plus que du jeudi