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nouveau sur les bancs du parc. Une fois de plus, j’ai eu de la veine quand tout semblait bien sombre. Un vieil ami a offert de me trouver du travail comme chauffeur d’autobus. Il a dit qu’il paierait mon uniforme et m’accueillerait chez lui si je promettais d’arrêter de boire. J’ai, bien sûr, promis. Après trois jours en fonction, le superviseur de la ligne d’autobus m’a convoqué à son bureau.

      « Jeune homme, a-t-il dit, dans votre demande d’emploi vous dites ne pas consommer d’alcool. Comme nous vérifions toujours les références de nos candidats, trois des entreprises où vous avez travaillé nous ont dit que vous étiez compétent mais que vous aviez un problème de boisson. »

      Je l’ai regardé. Tout cela était vrai, ai-je admis, mais il y avait si longtemps que je cherchais du travail que je considérais ce poste comme l’occasion de me racheter. Je lui ai répété ce que j’avais promis à mon ami, que je faisais sérieusement des efforts et que je ne buvais pas une goutte. Je lui ai demandé de me donner une chance.

      Il a dit : « Quelque chose me fait croire que vous êtes sérieux. Je crois que vous êtes sincère. Je vais vous donner une chance et vous aider à vous rétablir. »

      Il m’a serré la main en forme d’amitié et d’encouragement. J’ai quitté son bureau rempli d’espoir. « John Barleycorn* ne me conduira jamais plus à ma perte », me suis-je dit, bien déterminé.

      Pendant trois mois, j’ai fait mon trajet régulièrement sans problème. Mes employeurs étaient satisfaits. Je me sentais bien. Cette fois, j’avais vraiment cessé de boire, non ?

      En effet, j’avais bien arrêté de boire.

      J’ai rapidement remboursé mon ami qui m’avait avancé de l’argent et j’ai même fait quelques économies. Je me sentais de plus en plus en sécurité. C’était l’été et, épuisé de fatigue et de chaleur, j’ai commencé à fréquenter un bar clandestin en rentrant à la maison. À cette époque, la bière était bonne à Détroit, presque comme avant la Prohibition. Je me disais : « Voilà comment il faut faire. Me limiter à la bière. Après tout, c’est vraiment une nourriture et ça fait du bien après avoir manœuvré cet engin dans les rues de la ville. C’est l’alcool qui abat l’homme. Ce sera la bière pour moi. »

      Malgré les dures leçons que l’expérience m’avait enseignées, je n’ai pas compris que cette façon de penser était un feu rouge dans ma vie, une véritable alerte au danger.

      Comme d’habitude, le verre de bière du soir s’est allongé jusqu’à la nuit alors que je ne quittais pas le bar avant minuit. Je commençais à avoir besoin du verre du matin. Je savais d’expérience que la bière n’était pas un verre du matin – c’était bon pour se désaltérer, mais cela manquait d’effet et d’autorité le lendemain matin. J’avais besoin d’un remontant.

      Mon remontant du matin est devenu une habitude. Bientôt, il m’a fallu plusieurs remontants jusqu’à ce que je sois plutôt bien « parti » en arrivant au travail. En espaçant bien mes verres au cours de la journée, je réussissais à ne pas avoir l’air ivre, seulement à l’aise en conduisant dans les rues encombrées de la ville. C’est alors qu’est survenu l’accident.

      Dans une rue, un homme est sorti rapidement entre deux voitures stationnées en coupant ma route. J’ai viré brusquement pour éviter de le heurter, mais je n’ai pas réussi à l’éviter. Il est mort à l’hôpital. Les passagers et les témoins sur le trottoir m’ont totalement excusé. Même complètement sobre, je n’aurais pu l’éviter. L’enquête de la compagnie qui a suivi l’accident m’a exonéré, mais mes patrons savaient que j’avais bu. Ils m’ont congédié – pas à cause de l’accident – mais pour avoir bu au travail.

      Ainsi donc, une fois de plus, je sentais que j’en avais assez de vivre en ville et je me suis trouvé du travail dans une ferme. C’est là que j’ai fait la connaissance d’une jeune enseignante, que je suis tombé amoureux d’elle, et elle de moi. Nous nous sommes mariés. Le travail à la ferme n’était pas très rémunérateur pour un jeune couple. Nous sommes allés à Pontiac, Michigan, puis dans une ville industrielle de l’Ohio. Par économie, nous vivions chez les parents de ma femme, mais pour quelque raison, nous n’arrivions pas à progresser. Je buvais toujours, mais pas autant qu’autrefois, du moins selon moi.

      Le nouvel endroit semblait idéal – nous ne connaissions personne, pas d’aventures, pas de joyeux compères pour me tenter. J’ai décidé de mettre l’alcool de côté et de vivre. Cependant, j’avais oublié un compagnon de virée qui était toujours à mes côtés, qui m’avait suivi de la ville à la ferme et de nouveau à la ville. J’avais oublié John Barleycorn.

      Qu’à cela ne tienne, j’ai respecté mon engagement pendant un certain temps – nouvel emploi, maison confortable et une partenaire compréhensive, tout cela a aidé. Nous avons eu un fils, suivi, bientôt, d’un deuxième. Nous avons commencé à nous faire des amis et nous avions un petit cercle de compagnons de travail, leurs femmes et leurs familles. Nous étions toujours à l’époque de la contrebande d’alcool. Il y avait toujours de l’alcool, mais personne ne se saoulait vraiment. Nous avions du plaisir, un répit apprécié après une dure semaine de travail. Ici, il n’y avait pas de ces débauches bruyantes que j’avais connues. J’avais découvert la « consommation sociale », comment « boire comme un gentleman sans être déplacé ». Inutile de parler du retour des expériences dont j’ai déjà parlé. La « consommation sociale » n’a pas duré. Je suis devenu le premier client du matin du bootlegger. Je ne sais pas comment j’ai réussi à conserver mon emploi. Mes patrons ont commencé à me donner les avertissements d’usage. Sans effet. J’avais maintenant compris que j’étais un ivrogne, que rien ne pouvait m’aider.

      J’en ai parlé à ma femme. Elle a demandé conseil à ses amis et aux miens. Ils sont venus me parler. Des messieurs respectables, qui ne connaissaient rien à mon problème, m’ont orienté vers la vieille formule de la religion. Je ne voulais rien entendre. Cela me laissait froid. Sans espoir, j’errais dans les artères du quartier des bars clandestins, ne pensant à rien d’autre qu’à mon prochain verre. Je réussissais à travailler tout juste assez pour m’accrocher à mon emploi. C’est alors que je me suis mis à me parler.

      « Tu es un bon à rien ! me disais-je. Ta femme et tes enfants seraient bien mieux s’ils ne te voyaient plus jamais. Pourquoi ne pars-tu pas pour ne jamais revenir ? Il faut qu’ils t’oublient. Pars, pars n’importe où, c’est la chose à faire. »

      Ce soir-là, sans chapeau ni manteau, j’ai sauté dans un train de marchandises en route pour Pittsburgh. Le lendemain, j’ai erré dans les rues de la « ville enfumée ». J’ai offert mes services dans un stand au bord de la route en échange d’un repas. J’ai eu mon repas, j’ai poursuivi ma route et je me suis assis sur le bord du chemin pour réfléchir.

      « Quel salaud je suis devenu ! me disais-je. Ma femme et mes deux enfants sont à la maison, sans argent, que peuvent-ils faire ? Je devrais faire une nouvelle tentative. Je ne guérirai peut-être jamais, mais au moins, je pourrais faire quelques dollars de temps à autre pour eux. »

      J’ai pris un autre train de marchandises pour rentrer à la maison. Malgré mon absence, mon travail m’attendait. J’allais au travail, mais rien ne marchait. Je jetais quelques dollars à ma femme les jours de paie et je buvais le reste. Je haïssais mon décor, je haïssais mon travail, mes compagnons de travail – la ville entière. Je suis parti une nouvelle fois pour Détroit où je suis arrivé avec un bras cassé. Je n’ai jamais su comment c’était arrivé car j’étais complètement saoul à mon départ. La famille de ma femme m’a ramené

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