Le corsaire rouge. James Fenimore Cooper

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Le corsaire rouge - James Fenimore Cooper

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s’écria le tailleur en regardant le petit groupe que lui montrait le paysan, à coup sûr ce sont de nouveaux venus, et il peut être bon de les examiner de plus près dans ces temps de trouble. Holà! Nab, prenez cet habit, et rabattez-en les coutures, fainéante, car le voisin Hopkins est pressé par l’heure, tandis que votre langue va comme celle d’un jeune avocat dans une cour de justice. N’épargnez pas vos coudes, jeune fille; ce n’est pas de la mousseline que vous allez presser sous le fer, mais une étoffe sur laquelle on pourrait appuyer une maison. Ah! c’est que votre mère s’y entend, Pardy, et ce qui a été une fois sur son métier n’a pas souvent besoin de la ravaudeuse.

      S’étant ainsi déchargé du reste de l’ouvrage sur une servante à mine refrognée, qui fut forcée de cesser de babiller avec un voisin pour obéir à ses ordres, il sortit promptement de sa boutique, tout boiteux qu’il était depuis sa naissance, et se trouva en plein air. Mais comme nous sommes sur le point de présenter au lecteur des personnages plus importants, nous nous permettrons de différer leur introduction jusqu’au commencement du chapitre suivant.

       Table des matières

      SIR TOBY: Excellent! je découvre le mystère!

      SHAKSPEARE. Le Jour des Rois.

      Les étrangers étaient au nombre de trois, car c’étaient bien des étrangers, à ce que dit à l’oreille de son compagnon le bonhomme Homespun, qui connaissait non-seulement les noms, mais presque l’histoire secrète de tous ceux, hommes et femmes, qui demeuraient dans un rayon de dix milles autour de sa résidence; c’étaient des étrangers, et même des étrangers d’un aspect mystérieux et menaçant. Afin que d’autres puissent apprécier le plus ou moins de vraisemblance de cette dernière conjecture, il devient nécessaire d’entrer dans quelques détails sur l’extérieur respectif de ces individus, qui avaient le malheur de n’être pas connus du tailleur babillard de Newport.

      L’un, c’était celui qui avait de beaucoup l’air le plus imposant, était un jeune homme qui avait dû voir de vingt-six à vingt-sept printemps. Mais, pour se convaincre que ces printemps n’avaient pas été uniquement composés de journées paisibles et de nuits de repos, il suffisait de regarder ces couches brunes et foncées accumulées sur sa figure l’une après l’autre, de manière à donner une couleur olive à un teint naturellement blanc, sans cependant altérer en rien l’expression de la plus brillante santé. Ses traits avaient plus de noblesse et de vigueur que de régularité et de symétrie; son nez n’avait peut-être point des proportions bien exactes, mars il avait quelque chose de saillant et de hardi qui, joint à ses sourcils avancés, donnait à la partie supérieure de sa figure cet air prononcé d’intelligence qui caractérise maintenant la plupart des physionomies américaines. Sa bouche avait une expression ferme et mâle, et tandis qu’il se parlait tout bas à lui-même avec un sourire significatif, au moment où le curieux tailleur s’approchait doucement, elle laissa voir une rangée de dents brillantes qui tiraient un nouvel éclat de la couleur sombre du teint qui les entourait. Ses cheveux étaient noirs comme le jais, formant des boucles épaisses qui retombaient en désordre. Ses yeux étaient un peu plus grands qu’ils ne le sont d’ordinaire, et d’une expression très-changeante, quoique cependant plutôt douce que sévère.

      La taille de ce jeune homme était de cette heureuse dimension qui unit d’une manière si particulière la vigueur et l’activité. Elle semblait le résultat d’une combinaison parfaite, tant les proportions en étaient justes et la grâce frappante. Quoique ces différentes qualités physiques se montrassent avec le désavantage d’un costume de simple marin tout à fait ordinaire, bien que propre et arrangé avec assez de goût, elles étaient assez imposantes pour intimider le soupçonneux tailleur, et le faire hésiter à adresser la parole à l’étranger, dont le regard paraissait attaché par une sorte de prestige sur le soi-disant négrier du havre d’entrée. Une contraction de sa lèvre supérieure, et un autre sourire étrange, dans lequel le dédain semblait se mêler aux paroles qu’il murmurait, mirent fin subitement à cette irrésolution. Il n’osa point troubler une rêverie qui semblait si profonde, et, laissant le jeune homme appuyé contre le bord de la jetée, où il se tenait depuis longtemps sans s’apercevoir le moins du monde de la présence d’aucun importun, il se hâta de se détourner un peu pour examiner les deux autres personnages.

      L’un d’eux était un blanc, et l’autre un nègre. Tous deux avaient passé l’âge moyen, et leur extérieur prouvait évidemment qu’ils avaient été longtemps exposés à la rigueur des climats et à des tempêtes sans nombre. Leur costume, tout couvert de goudron et portant plus d’une trace des ravages du temps, annonçait qu’ils appartenaient à la classe des simples matelots.

      Le premier avait une taille courte, ramassée, mais vigoureuse, et dans laquelle, par une heureuse disposition de la nature, développée peut-être par une longue habitude, le principal siège de la force se trouvait placé dans des épaules larges et charnues, et dans des bras robustes et nerveux, comme si, dans la construction de son corps, ses membres inférieurs n’avaient été destinés qu’à transporter les membres supérieurs aux différents endroits où ils devaient déployer leur énergie. Il avait une tête énorme, le front court et presque couvert de cheveux, les yeux petits, très-vifs, quelquefois fiers, souvent insignifiants, le nez gros, commun et bourgeonné; la bouche grande, semblant indiquer l’avidité, et le menton large, mâle et même expressif. Ce personnage si singulièrement bâti s’était assis sur un tonneau vide, et, les bras croisés, il examinait le négrier dont nous avons si souvent parlé, en favorisant de temps en temps le nègre, son compagnon, des remarques que lui suggéraient ses observations et sa grande expérience.

      Le nègre occupait un poste plus humble et plus conforme à ses habitudes de soumission. Dans la distribution toute particulière de la forme animale, il y avait une grande ressemblance entre les deux, si ce n’est que le dernier avait l’avantage de la taille et même des proportions. Si la nature avait empreint sur ses traits ces marques distinctives qui caractérisent la race dont il sortait, elle ne l’avait pas fait à ce point révoltant auquel elle porte souvent sa colère contre ce peuple frappé de sa réprobation. Ses traits étaient plus distingués qu’ils ne le sont d’ordinaire; son œil doux prenait aisément l’expression de la joie, et quelquefois, comme le regard de son compagnon, celle de la plaisanterie; sa tête commençait à grisonner; sa peau avait perdu la couleur luisante de jais qui l’avait distingué dans sa jeunesse; tous ses membres, tous ses mouvements annonçaient un homme dont le corps avait été endurci par un travail sans relâche. Il était assis sur une borne peu élevée, et semblait occupé attentivement à jeter en l’air de petits cailloux, déployant sa dextérité en les rattrapant de la même main qui venait de les lancer, occupation prouvant à la fois le penchant naturel de son esprit à chercher à s’amuser de bagatelles, et l’absence de ces sentiments plus élevés qui sont le fruit de l’éducation Ce jeu cependant servait à faire ressortir la force physique du nègre; car, afin de pouvoir se livrer sans obstacle à cet amusement puéril, il avait retroussé jusqu’au coude les manches de sa veste de toile, et déployait un bras qui eût pu servir de modèle pour celui d’Hercule.

      Il n’y avait certainement, dans la personne des deux matelots, rien d’assez imposant pour intimider un homme aussi pressé par la curiosité que notre tailleur. Au lieu cependant de se laisser aller tout de suite à son premier mouvement, il voulut montrer au campagnard comment on devait s’y prendre en pareil cas, et lui donner une preuve frappante de cette sagacité dont il était si fier. Après lui avoir fait avec précaution un signe d’intelligence, il s’approcha doucement par derrière, sur la pointe du pied, afin d’être à portée de tout entendre si l’un des deux matelots laissait involontairement échapper

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