Les Néo-Ruraux Tome 1: Le Berger. Wolfgang Bendick

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Les Néo-Ruraux Tome 1: Le Berger - Wolfgang Bendick Les Néo-Ruraux

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somme ! », répondis-je. « Les cinq premières années vous aurez une aide financière. Alors vous payerez peu. Et après cinq ans vous allez faire la compta vous-même ! » Ma tête commençait à bourdonner. Toutes ces abréviations que j’avais entendues aujourd’hui … Mais il n’avait pas fini : votre ferme se trouvant en zone de montagne, vous avez droit à l’ISM, l’Indemnité Spéciale Montagne. Celle-là dépend du nombre d’hectares et des cultures. Et vous avez des vaches ? Quand vous ne livrez pas le lait à une laiterie, vous avez droit à la Prime à la Vache Allaitante. Vous avez acheté l’exploitation en janvier. Je suis convaincu, que pour l’année en cours vous pouvez en bénéficier, car l’année agricole commence au 1er Avril ! »

      Ainsi passa l’après-midi. Puis il me raconta qu’il était en train de « retaper » une grange dans le Riberot. Bien sûr au noir, car jamais on ne lui accorderait un permis de construire. Si un jour j’avais besoin de travail, plus exactement d’argent, je pourrai y travailler pour lui ! Mais pour l’instant j’avais assez de travail et le foin n’était pas encore fini non-plus… Avant de rentrer je me rendis dans un magasin pour acheter des oranges pour faire plaisir aux enfants. Je déposai le sac derrière la banquette du combi. Puis je me mis en route.

      En quittant Foix vers l’ouest, la nationale serpentait sur plusieurs kilomètres sur le flanc de la montagne vers le Col del Bouich. Il n’y avait que peu de trafic et je prenais les virages un peu larges étant un peu pressé, les animaux m’attendaient à la maison. Mais je crois que c’était plutôt mon combi qui attira l’attention des défenseurs de la loi. Car deux de ces représentants s’ennuyaient plus haut au bord de la route en attendant leur client. « Merde, les flics ! » Cette phrase qui traverse le cerveau de chaque honnête citoyen traversa aussi le mien à la vitesse d’un éclair à la vue de ces voleurs de grands chemins. Déjà le plus jeune levait la main et se précipitait de mon côté pour me barrer la route. Je n’avais pas trop le choix et je me dirigeai vers la gauche pour m’arrêter. Le frein à main, plus une vitesse… « Bonjour ! Arrêtez le moteur et sortez du véhicule ! On peut voir vos papiers ? » Voyant que j’étais Allemand, leurs visages s’éclairèrent. « Est-ce que vous avez un titre de séjour ? », me demanda hargneusement le plus âgé. Je fouillai dans mon classeur et leur mis le papier si convoité sous le nez. Visiblement déçus, ils me le rendirent. « Est-ce que vous avez des marchandises ? » Si je ne leur répondais « rien », ils ne me croiraient pas. Alors je répondis : « Eh euh…un sac d’oranges ! » « Ouvrez la malle ! », ordonna le plus ancien. J’hésitais sachant ce qui nous attendait : les oranges, se sentant trop serrées dans la poche, s’étaient évadées, aidées par les multiples virages. A cause de mon hésitation l’instinct du vieux flic s’était éveillé et il s’approcha impatiemment. Et voilà, l’avalanche d’oranges s’échappa par-dessous le hayon ! Les fruits rebondirent légèrement sur le goudron, puis s’étalèrent en éventail sur la chaussée pentue. Le plus jeune flic, sans doute fan de foot eut le bon réflexe et stoppa net la course de deux balles, pendant que je plongeai après les autres afin de les sauver des roues pressantes d’une voiture qui approchait. Enfin j’eu ramassé tous les fruits et les mis à l’abri dans ma chemise transformée en tablier de fortune. Le gendarme le plus âgé avait saisi l’occasion et dirigea le véhicule approchant sur le bas-côté de la route pour une petite causette. Je libérai le jeune des oranges à ses pieds et fus autorisé à quitter les lieux.

      *

      Quand, aux alentours du village, tout le foin d’Elie fut rentré, il me montra une parcelle presque plate à proximité de l’église. Celle-là se trouvait au-dessus du village, pas loin de notre route, au lieu-dit Bonrepaux. Un nom approprié pour l’endroit où se trouvait le cimetière. « Voici ton foin ! Je te le donne ! Je ne peux pas y rentrer, mon tracteur est trop large. Mais toi avec ta motofaucheuse et le combi, tu y rentreras facilement. « Ne peut-on pas rentrer par l’autre côté, où se trouve ce hangar de fortune avec les machines ? » « Dans le passé c’était possible. Il faut traverser une parcelle qui appartient à la commune. Mais celui-là a fait main basse dessus ! », et il pointa vers une maison devant laquelle deux vieilles gens étaient assises à l’ombre. « Leur fils, celui qui travaille à la papèterie a mis le grappin dessus quand il a été maire du village. Plus personne n’a le droit d’y passer, même à pied ! Il croit pouvoir utiliser mes terres et celles des autres, parce que nous ne pouvons pas y accéder. Mais il s’est trompé ! C’est toi qui vas y faire le foin ! »

      Puis nous montâmes en direction de notre ferme. A mi-chemin, après le pont en bois qui enjambait le ruisseau, il pointa sur un autre pré. « Celui-là je te le donne aussi et le pré derrière la haie. Mais la parcelle entre les deux appartient aussi à celui de la papèterie ! » « Il ne va pas me laisser passer non plus ! », répondis-je. « Je crois que si, il n’a rien contre toi. Si j’ai l’occasion je t’aiderai pour presser ou monter le foin. » « Ce sera la moindre des choses », pensai-je, « tu devrais aussi m’aider à faire le foin ! » Je ne comprenais pas bien. Il m’avait promis autant de foin qu’on en aurait fait pour lui. Et maintenant il me donnait que de l’herbe sur pied! Je voulais en savoir plus. « C’est la même chose. Tu n’as qu’à le faire ! Vaillant comme vous êtes, vous l’aurez bientôt fini ! » « Il se croit bien rusé ! » pensai-je.

      Heureusement la vieille dame qui habitait au virage du passage étroit fut d’accord pour que j’enlève sa clôture, afin d’y passer avec le combi et la remorque. Elle était vraiment aimable, nous invita à boire une bière, les enfants un sirop et nous raconta ses soucis. Et son souci majeur était justement ce voisin. Elle lui avait fait faire des travaux dans sa maison et depuis elle était comme hantée ! Souvent, autour de minuit, elle entendait des bruits, comme si quelque part un moteur électrique était installé et vrombissait. Elle en avait parlé à ce voisin qui racontait au village que la vieille était folle et voyait des fantômes. Après quatre jours nous en avions fini avec ce foin et le montâmes avec la remorque. Nous le déchargeâmes à notre « station d’aval » et le montâmes vers la maison avec le chariot-treuil. Afin de ne pas avoir à dédouaner la caravane, nous en fîmes cadeau à Peter, « l’écolo de salon » qui, à l’époque, nous avait succédé chez le fermier bio en Allemagne. A l’endroit où s’était trouvé la caravane, nous construisîmes un toit en tôle ondulée, afin d’y stocker le foin avant de le monter.

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      La maman de Doris et son frère avaient annoncé leur visite. Les enfants étaient tout excités, car grand-mère avait toujours sa voiture bourrée de surprises et de friandises. En dehors des oursons Haribo, surtout des produits bio, introuvables en France. Nous étions en train de faucher le pré derrière le pont du ruisseau, quand nous entendîmes une voiture approcher. Les enfants l’avaient reconnue les premiers et se précipitèrent. Quelle joie de se revoir ! Nous nous assîmes dans l’herbe et échangeâmes sur les derniers évènements en sirotant une bière blanche allemande sortie de la malle insondable de la voiture d’Oma. Puis tous les autres montèrent à la maison, pendant que Reiner, le frère de Doris, m’aidait à faire le foin.

      Plus tard Elie monta et pressa les balles. Cela facilitait le transport. Le propriétaire du pré voisin n’avait pas encore commencé le foin au village. On était au mois de juillet, et si nous ne nous dépêchions pas, il ne resterait que de la paille à la place du foin. Car l’herbe, une fois montée en graines, sèche vite et meurt. Le meilleur moment pour faucher est avant la montée en graine. Et bien sûr, quand le temps est favorable ! Je coupai un passage à travers le pré du voisin afin d’arriver dans notre pré. Elie étant horrifié refusa d’y passer avec son tracteur. « Il est capable de me foutre les gendarmes au cul si j’ose passer sur ses terres ! » Alors on porta tout le foin à la fourche au premier pré afin de le presser. Nous mîmes les balles faites avec l’herbe du passage debout et posions un sac en plastique dessus. Ainsi il voyait qu’on n’avait rien pris !

      *

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