Les Néo-Ruraux Tome 1: Le Berger. Wolfgang Bendick

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Les Néo-Ruraux Tome 1: Le Berger - Wolfgang Bendick Les Néo-Ruraux

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de pouvoir, une fois dévissée, enlever les deux vis de la pièce qui lient le mécanisme d’entraînement à la lame. Puis retirer la lame par un côté. Si possible, mettre un peu de graisse sur les parties glissantes, rentrer la nouvelle lame dans le porte-lame et remonter le tout. Encore quelques coups de pompe à graisse (qui se trouvait dans la caisse à outils) dans le mécanisme d’entraînement, et c’était reparti !

       Je remplaçais les sections cassées dans l’appentis en bois servant d’atelier que j’avais monté à côté de la maison : je posai la lame, qui se composait de plusieurs sections triangulaires rivetées sur une barre métallique entre les mâchoires de l’étau, de sorte que la barre de métal repose sur une mâchoire et la section cassée entre les deux. Avec un ou deux coups secs avec le marteau sur le bord de la section, celle-ci coupait les rivets et on pouvait l’enlever et l’échanger. A cause des plaques servant de glissière, on avait besoin de deux longueurs de rivets. Pour aplatir les rivets au marteau, il fallait poser la barre sur l’étau fermé, mieux encore sur un bout de rail de chemin de fer trouvé à la casse qui faisait office d’enclume. Il fallait aussi, surtout après avoir touché une souche d’arbre, lorsque les doigts de la barre étaient tordus ou encore que les lames bougeaient difficilement, redresser ces doigts ou les échanger. Pour cela, il fallait retirer la lame et viser le passage de la lame.

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      L’ÉTÉ

      Ayant fauché toute la colline au-dessus de la maison, nous commençâmes à ratisser les fougères en andains, en rangées. Pour les enfants, j’avais fabriqué des râteaux et des fourches rudimentaires avec des branches de noisetier. Ils nous aidèrent. Mais notre chien aussi. Seulement celui-ci, au lieu de ramasser les fougères, les éparpillait quand il venait à trouver un trou de souris. Il y avait encore de la vie dans le sol ! Nous avions prévu d’engranger les fougères plus tard, comme litière pour l’hiver. Mais nous en fûmes empêchés par un Elie essoufflé qui monta la colline à pied pour nous demander de couper son herbe plutôt que les fougères qu’aucun animal ne mangerait ! Sa faucheuse était en panne, en plus il avait le cœur fatigué et était interdit de travail. Il nous convainquit définitivement en nous promettant cinq tonnes de foin. Alors nous laissâmes tout tomber, chargeâmes la motofaucheuse sur la remorque et descendîmes avec lui au village.

      En raison de l’avance de la végétation dans le fond de la vallée l’herbe dépassait déjà les genoux. Souvent il s’agissait de petites parcelles qu’il ne pouvait pas faucher avec son tracteur AVTO géant. Une fois le foin sec, il y amena la botteleuse, une sorte de presse avec le tracteur. Nous y poussions les andains de foin ou les apportions avec la fourche. Au fond de la vallée les terrains étaient assez plats. Souvent, les parcelles appartenaient à quelqu’un d’autre, comme nous apprîmes avec le temps. Parfois des arbres, en général des peupliers, étaient plantés dans les prés, et le terrain devait être entretenu jusqu’à ce que les arbres soient grands. Cela rendait la coupe plus compliquée et ne permettait pas à l’herbe de sécher rapidement. Souvent le propriétaire passait et touchait les arbres pour vérifier qu’on ne les avait pas coupés. C’était arrivé quelques fois parce que je coupais le plus près possible des arbres. Ensuite quelqu’un finissait de couper l’herbe autour des arbres à la faux. Il en était de même pour les bordures des prés et là où le terrain était trop raide pour la faucheuse. Quel travail ! L’herbe était très haute. Je marchais derrière la motofaucheuse, pendant que Marcelle me suivait en écartant avec la fourche une étroite bande d’herbe coupée, afin que celle-ci ne bourre pas la barre au passage suivant. Étant trop haute, l’herbe tombait par-dessus les planches à andains, fixées à chaque extrémité de la barre de coupe. Avec le temps, elle et moi formâmes une équipe bien rodée. Au début ça sentait l’herbe verte partout. Mais chaque jour, non, chaque heure, l’odeur changeait jusqu’à ce qu’enfin le parfum sucré et magnifique de foin s’épande partout, un parfum qui avait empli mon enfance et que je considère, ainsi que celui du fumier de vaches, comme le meilleur du monde !

      Une fois l’herbe légèrement séchée, elle était retournée et empilée soigneusement afin que les brins légèrement raidis par le soleil maintiennent l’herbe encore verte en suspens. Les râteaux glissaient vite mais aussi en douceur sur le sol, sans accrocher. L’herbe devenait plus légère avec chaque geste et se transformait peu à peu en foin odorant. Les fourches le jetaient en l’air quand il était trop compact, le retournaient simplement quand il était plus aéré, ou bien le grattaient vers le bas quand il se trouvait sur une pente abrupte. Chaque geste était précis, exercé mille fois, transmis d’une génération à l’autre. Bien sûr, nos enfants participaient avec leurs outils simples faisant en sorte que le foin s’envole en l’air comme ils avaient vu faire les chiens toujours présents, quand ceux-ci chassaient les rats sous les andains. Leurs outils n’étaient guère différents de ceux des paysans. Leurs fourches aussi étaient faites de branches d’arbres qu’ils avaient trouvées en gardant leur troupeau et qu’ils avaient façonnées au couteau en suivant les animaux. Pareillement, les râteaux étaient en bois, du frêne de préférence. Le manche était fait d’une branche de noisetier écartée sur un côté. Concernant la manipulation et l’entretien des machines, nous nous y connaissions mieux qu’eux, mais pour le travail manuel ils étaient les maîtres incontestés !

      A cause de la rosée nocturne, le foin était mis en andains le soir, ce qui avait l’avantage que même l’herbe collée au sol par le passage des machines était ramassée. Si des nuages indiquaient qu’un orage menaçait, le foin était empilé manuellement en tas avec les fourches. Ce n’était pas si facile que ça ! Il fallait le superposer en couches minces et le coiffer avec une sorte de toit qui descendait sur les côtés. Si on en avait le temps, on peignait les herbes à l’extérieur avec le râteau ou les dents de la fourche vers le bas, afin de permettre un bon écoulement de la pluie. Évidemment, avec une telle minutie on ne pouvait faire que des petites surfaces chaque jour. Le lendemain il fallait tout secouer et éparpiller de nouveau. Même après quelques jours de mauvais temps le foin ainsi apprêté était encore de couleur verte et utilisable ! Si le foin prenait une couleur jaune ou noire, il était de moins bonne qualité et il fallait un séchage plus rigoureux afin que plus tard, une fois dans la grange, il ne moisisse pas ou pire encore, se mette à chauffer au risque de mettre le feu à l’étable. Elie, « le pauvre », comme l’appelait sa mère depuis qu’il était malade du cœur, était couché sur une bâche à l’ombre ou s’occupait de préparer quelque chose à manger. Une chape de chaleur lourde couvrait les prés les après-midis. Souvent tout le clan était présent, sa sœur d’Auret avec sa fille et son mec, et tout autre membre de la famille se trouvant dans la vallée. Il régnait une bonne ambiance, on se racontait des blagues ou des évènements rigolos des autres années. Quand Esther, la mère d’Elie était là, elle commandait mais mettait aussi la main à la pâte. Avec elle on était assurés que le moindre petit brin d’herbe serait ramassé ! Même les grandes surfaces travaillées uniquement avec les machines devaient être ratissées manuellement quand tout était fini !

      Quand le foin était sec, Elie posait son chien loulou sur son tracteur avant de se hisser lui-même en haut. Puis il démarrait le moteur. Son bruissement de bulldozer remplissait alors la vallée. Comme une bête affamée, la presse accrochée latéralement à l’arrière avalait, fourche après fourche, du foin parfumé ou léchait les andains du sol pour les recracher derrière en forme de balles. Tout ça dans un nuage de poussière et le vacarme rythmique du mécanisme de compression de la machine. Parfois il manquait une ficelle. Alors on portait la balle à l’avant, coupait la ficelle restante et redonnait le foin à la « bête ». Les balles finies, appelées « bottes » étaient groupées et posées de chant afin de les protéger contre l’humidité, mais aussi pour faciliter le chargement, car ça réduisait le nombre d’arrêts du

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