Les Néo-Ruraux Tome 1: Le Berger. Wolfgang Bendick

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Les Néo-Ruraux Tome 1: Le Berger - Wolfgang Bendick Les Néo-Ruraux

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disparu !

      Notre but était d’éviter les autoroutes, car lors du premier voyage nous avions constaté qu’aux péages il y avait un mécanisme qui comptait automatiquement les essieux. Avec trois essieux on rentrait dans la catégorie camion ou semi-remorque. A notre grand désarroi, avant Lyon tous les panneaux du trafic des grands axes nous ramenèrent sur l’autoroute. N’ayant pas d’autre choix nous la prîmes. Par chance, elle était gratuite, sans doute pour soulager la ville du trafic longue distance. Mais nous ne l’apprîmes que plus tard ! Nous étions soulagés quand la Méditerranée fut enfin en vue. Après avoir trouvé un endroit pour garer les véhicules, nous retroussâmes les pantalons et courûmes dans l’eau. Les amandiers ornés de leurs fleurs rosées et les genêts jaunes nous indiquaient que nous étions enfin dans le Midi !

      *

      Une fois arrivés sur place, nous montâmes à la maison. Tout se trouvait dans le même état où je l’avais laissé dix jours plus tôt. Les crottes de mouton devant la maison nous prouvaient que quelqu’un avait été là-haut. Le petit champ aussi était labouré. Nous constatâmes que la couche de terre était peu profonde. Elie n’avait quasiment retourné que la couche d’herbe. En dessous on voyait le schiste gris-noir. Les enfants couraient dans tous les sens et découvrirent bientôt le tas de sable. La mère de Martin leur avait fait cadeau d’un set d’ustensiles de bac à sable à notre départ. Ainsi ils attaquèrent le tas. Je leur demandai de ne pas trop éparpiller le sable, car avant d’arriver ici nous l’avions déjà manipulé trois fois ! Mais comme ça on pouvait garder les enfants à l’œil. Nous nous assîmes devant le mur au soleil printanier. Nous repoussâmes le déchargement au lendemain. Les 1300 kilomètres nous avaient bien épuisés. Seuls les enfants débordaient d’énergie après leur longue captivité dans le combi ! Nous étions le 16 avril 1980.

      La première nuit nous dormîmes tous dans la caravane. Puis j’expliquai à Doris comment allumer la motofaucheuse et actionner le treuil. Nous montâmes nos dernières affaires. Lentement tout prenait forme et les pièces devenaient chaleureuses. Surtout, quand la cuisinière fut branchée. Au tout début le tuyau du chauffe-eau qui se trouvait dans la cave traversait le plancher de la cuisine et puis traversait, avec le tuyau de la cuisinière, le mur vers l’extérieur. Mais bientôt je montai une cheminée à l’extérieur de la maison. Ceci était plus sûr et permettait un meilleur tirage. A l’endroit où le tuyau avait traversé le mur, j’enlevais d’autres pierres et créais une autre ouverture.

      Le grenier fut habillé avec du lambris, afin de le rendre plus confortable. Ici les fenêtres étaient utilisables. Mais il manquait les carreaux. J’enlevai la croix et posai une grande vitre à la place des quatre petites. Afin de fermer les fenêtres de l’étage en dessous, nous assemblâmes des cadres au moyen de liteaux et de clous et les habillâmes avec des bâches en plastique. Malgré la latitude méridionale, les nuits pouvaient être très fraîches, et surtout les jours de pluie et de vent !

      *

      La maison était enfin agréable à habiter. Puis nous nous mîmes à sortir le fumier de l’étable pour faire place aux premiers animaux. A la pioche et au crochet fourchu, nous attaquâmes la couche de fumier qui se trouvait à hauteur de genou. Nous le jetâmes en bas du talus, où Doris le reprit afin de l’éparpiller sur le futur jardin. En dessous nous mîmes à nu une surface presque plane taillée dans la roche, avec des rigoles et une évacuation en-dessous du mur. Bien sûr que tout avait souffert du temps passé et du purin ! Avec quelques bétonnières d’un bon mélange, nous remîmes tout à neuf. Nous trouvâmes même quelques colliers de vaches en bois dans le fumier. D’abord nous ne savions pas ce que c’était. Jean-Paul nous expliqua le système, car il avait le même dans son étable en bas. Les ancêtres avaient tressé, avec des lianes de chèvrefeuille – cette plante qui grimpe aux arbres et dont les fleurs blanches le printemps venu diffusent un parfum envoûtant (nous, nous les avions fumées lorsque nous étions enfants) – des maillons et les avaient unis en une chaîne. Le dernier maillon était fixé de sorte à pouvoir coulisser sur un piquet devant le râtelier, le premier passait autour d’une pièce étroite en bois de frêne formée en U, qui était attachée autour du cou de l’animal. Ceci permettait à l’animal de se coucher ou de se lever tout en l’empêchant d’embêter les voisins. Afin de détacher la bête il fallait serrer les bas de l’attache, ce qui permettait de débloquer la « clef » en bois par un quart de tour et de l’enlever. Ainsi on enlevait l’attache par-dessus la nuque et l’animal était libre. Génial ! Les anciens l’appelaient « estacadetch ». Rares étaient ceux qui savaient encore les fabriquer. La partie en forme U était découpée dans du bois de frêne vert. Ils leur donnaient leur forme au-dessus de la vapeur. Pour la « clef », la partie transversale, ils employaient du frêne sec. Les finitions de toutes les parties étaient faites à l’Opinel, le couteau de berger. Les deux extrémités de la clef étaient exactement ajustées aux ouvertures de la pièce en U. Une fois le bois du collier séché, la clef restait liée au collier et ne pouvait pas se perdre.

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      Avant de retourner le jardin nous voulions planter les pommes de terre au champ. Pendant un moment, nous essayâmes en vain d’émietter la couche de racines sur le champ labouré à l’aide des bêches. Bientôt nous abandonnâmes. Chaque sillon ressemblait à une bande de feutre épaisse, tellement solide à cause des racines ! Mais les patates devaient être plantées, l’hiver allait être long ! Alors l’un de nous souleva le tapis en feutre pendant que l’autre y glissait la patate en-dessous. Nous n’attendions pas grand-chose. Nous fûmes d’autant plus surpris lorsque, peu de temps après, les premiers germes sortirent du sol ! Nous suivîmes leurs rangs afin d’enlever l’herbe qui repoussait à la bêche, ou la recouvrîmes simplement avec du fumier. Les pommes de terre aiment l’engrais ! Peu importe qu’il vienne du bas ou du haut !

      *

      Maintenant nous pouvions enfin nous occuper de l’achat des animaux. Nous avions décidé d’acheter des vaches et des chèvres, des espèces que nous pensions connaître suffisamment. Bien sûr aussi de la volaille, pour nous et plus tard pour vendre. Nous parlâmes de nos projets à Jean-Paul, entre autres pour lui faire comprendre qu’ils devaient enlever leurs bêtes afin que l’herbe puisse repousser. Il nous raconta qu'il avait eu un troupeau de chèvres, mais il les avait vendues récemment. Des bonnes et belles bêtes de race Pyrénéenne. Peut-être le marchand les avait encore et nous les vendrait ? « N’aie pas peur, quand tu le verras. Il est énorme, il pèse dans les 200 kilos. A cause de son poids on l’appelle Bourguiba, comme le président tunisien. » Le soir nous nous rendîmes chez lui. Il était assis avec d’autres gens dans son salon, autour d’une grande table, qui prenait presque toute la pièce. Le tableau était scié dans un seul tronc d’arbre de bois exotique et faisait bien 12 cm d’épaisseur. Comment avait-on transporté une telle pièce de l’Afrique jusqu’ici ? Ils étaient tous en train de prendre l’apéritif, et à peine entrés, on nous donna un verre.

      D’après le signalement de Jean-Paul, je reconnus tout de suite le patron de la maison. Il régnait une ambiance de fête. Apparemment ils n’en étaient pas à leur premier verre ni même à la première bouteille. J’admirais la table. « Je parie que tu n’arriveras pas à la soulever ! », cria Bourguiba. « Je parie que si ! », répondis-je en me positionnant le dos contre l’avant de la table. Je pliai un peu les genoux, pris le plateau dans les mains et le soulevai avec de grands efforts. Les verres se mirent à danser. Bourguiba sembla impressionné et me remplit de nouveau le verre. Puis il demanda à sa copine de me montrer les animaux. Nous les regardâmes. Une longue robe noire, plutôt claire au niveau du thorax et des jambes, parait les animaux. De longues cornes courbées ornaient les têtes. De toute façon, qu’est-ce qu’on y connaissait en chèvres et leurs races ? Jean-Paul affirmait qu’elles étaient pleines. Il ne les avait

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