Les Néo-Ruraux Tome 1: Le Berger. Wolfgang Bendick

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Les Néo-Ruraux Tome 1: Le Berger - Wolfgang Bendick Les Néo-Ruraux

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pisteur. Nous décidâmes de nous retrouver le lendemain matin au village voisin, Auret. Devant la gendarmerie. D’une certaine manière cela allait contre mes convictions. Ma devise était : « Ne va pas à l’empereur, quand on te n’a pas appelé ! » Mais dans ce cas spécifique une exception était permise !

      La caserne des gendarmes était un bâtiment de trois étages, sur le devant duquel se trouvait un insigne lumineux bleu-blanc-rouge portant le mot GENDARMERIE. André m’attendait déjà. « Au rez-de-chaussée se trouvent les cellules. Jean-Paul, de ton village, les connaît bien. Il y a plusieurs fois passé la nuit ! », mais il ne me dit pas pourquoi. Nous montâmes les escaliers en forme de pyramide jusqu’au premier étage. Au-dessus devaient se trouver les logements de fonction des gendarmes. A travers la porte ouverte nous accédâmes à un long couloir et frappâmes à la porte de service. On nous fit entrer et André raconta ce qui s’était passé.

      Mais les gendarmes n’étaient que peu intéressés par mon collègue disparu. Ils me trouvaient beaucoup plus intéressant. « Votre passeport d’abord ! Et la carte de séjour. Vous n’en avez pas ? Mais vous devriez en avoir une ! » « Mais nous sommes en Europe, je n’en ai pas besoin ! », répondis-je. Ils m’expliquèrent que si je restais plus de trois mois en France j’en aurais besoin. « Je suis ici depuis trois semaines ! », répondis-je. « Pouvez-vous prouver ça, avez-vous un tampon dans votre passeport avec la date d’entrée ? » Bien sûr que non. Nous avions franchi la frontière comme ça. Mais je préférai ne pas leur dire. Le problème semblait se compliquer plutôt que de se résoudre ! J’avais pressenti ça ! « Ne va pas chez les flics, sauf si tu portes des menottes ! »… Entre-temps André papotait avec un autre gendarme. Ils semblaient se raconter des blagues cochonnes, car leur rire bruyant remplissait le bureau enfumé. Après un bon moment ils se trouvèrent à court de brimades et me dirent que c’était tout et que je pouvais m’en aller. « Et n’oubliez pas de demander la carte de séjour ! Ça prendra quelques mois ! » « Et mon pote ? Et le chien pisteur ? » « Pour le chien il faut voir la brigade de Castillon, et pour le copain… Des hippies il y en a plein dans le coin. Quand il y en a un qui se perd, il y en a deux qui apparaissent ! »

      Alors je descendis à Castillon en suivant le fermier. La gendarmerie du chef-lieu du canton était aussi moche que celle d’Auret et construite d’après le même modèle. Ici le fermier me quitta. Il attendait un marchand de bestiaux qui voulait lui prendre les derniers animaux restants. Pour moi la même procédure qu’auparavant recommença, en commençant par la saisie des données personnelles. Il s’avérait que le chien pisteur était un chien d’avalanches. On approchait midi. Du clocher de l’église carillonnaient les cloches. Ceci motiva les gendarmes à terminer mon interrogatoire. Je me retrouvais dans la rue, soulagé mais pas avancé d’un pouce ! J’étais heureux d’être encore libre ! Heureusement qu’ils n’avaient pas encore eu vent des rumeurs qui circulaient au village ! Ou savaient-ils déjà, mais ne voulaient-ils pas avoir du travail supplémentaire ?

      Alors je rentrai à la maison pour reprendre moi-même la recherche de Ludwig. Et voilà, qui vint à ma rencontre alors je montais la colline ? Les flics d’Auret ! J’avais l’impression d’être arrivé trop en avance ! Sans doute ceux de Castillon m’avaient retenu si longtemps afin que leurs collègues puissent fouiner chez moi sans être dérangés. Eh bien, je n’avais rien à cacher, mais je détestais les limiers. Ils me saluèrent énergiquement et voulaient savoir ce qu’on voulait faire ici plus tard. « Bien sûr de l’agriculture ! » « En communauté ? » « Plutôt en famille ! », répondis-je. Ils m’informèrent encore sur le nombre de véhicules qu’on avait le droit d’importer : « 1 voiture, 1 remorque. Le reste doit être dédouané ! »

      *

      La bouteille de lait était posée devant la caravane. Jean-Paul restait invisible. Avait-il vu les gendarmes ? Sans doute oui. Rien ne lui échappait, à lui et à sa grand-mère qui vivait au virage en sortant du village. Ça allait les faire jaser ! Je m’efforçais de manger un muesli et puis je repris la recherche du disparu. Vers le soir, en approchant la maison, je vis déjà Jean-Paul de loin, en train de fouiner. « Un jour quelqu’un le trouvera… ! », dit-il avec ambiguïté. Au lieu de répondre je préférai faire un mélange de mortier et monter les trois dernières rangées de parpaings de la fosse septique. Aujourd’hui je n’avais pas encore travaillé à la maison !

      Quand la nuit fut tombée, je descendis au village. Le bar était peu fréquenté. On me demanda si Ludwig avait réapparu. J’étais sûr que Jean-Paul les avait tenus au courant de tout ! En plus, tout le monde avait vu passer les flics ! Quelqu’un mentionna qu’une personne du village avait vu dimanche après-midi un stoppeur au bord de la route, mais elle n’était pas sûre que ce soit Ludwig. Cela ne m’aida pas beaucoup. Après avoir bu deux bières, je remontai vers la caravane et passai une nuit inquiète. Le lendemain matin je pris un autre itinéraire, cette fois au-dessus de la maison, là où la forêt avait reconquis la plus grande partie des terres arables. Je découvris quelques granges en ruine, un hameau abandonné, tout un système de chemins. Je regardais dans tous les bâtiments. A l’intérieur se trouvait parfois encore du foin fané, mais noirci côté ouest à cause du mauvais temps pendant les décennies écoulées. Le fumier avait rétréci en une couche de tourbe. L’intérieur ressemblait à un village-musée. Mais je ne trouvai aucune trace de mon copain !

      Vers midi je descendis à la maison. Il faut agir ! Il faut mettre les choses au clair ! Je devrais appeler quelqu’un de sa famille ! Mais qui ? Son père ? J’avais parfois travaillé avec lui et on se tutoyait. Ou mieux, plutôt sa copine ? Tant qu’on ne l’avait pas trouvé, il demeurait encore un espoir qu’il soit en vie. Et enfin Jésus même n’avait ressuscité qu’au troisième jour ! Je descendis au village. Le bistrot était ouvert. La patronne rinçait les verres de la veille. Je lui demandai de mettre le compteur à zéro et me rendis aux toilettes. Je composai le numéro de sa copine.

      Après de longues sonneries, quelqu'un décrocha. C’était elle. Je ne savais absolument pas comment lui apprendre la disparition de Ludwig. Je décidai de le faire à la française: « Comment ça va ? Bien ? Chez vous aussi il fait beau ? » Mais bientôt je ne savais plus quoi dire. « Mais pourquoi tu m’appelles, en fait ? », voulut-elle savoir. « As-tu des nouvelles de Ludwig ? », demandais-je pour préparer le terrain. « Pourquoi des nouvelles ? Il est dans le salon sur le canapé et fait la grasse matinée ! » Je n’en croyais pas mes oreilles ! Un soulagement énorme m’envahit. Il était vivant ! Mais ensuite je fus désarçonné... « Mais depuis quand ? » demandai-je. « Tu poses de drôle de questions ! Depuis qu’il a fini le repas, bien sûr ! » « Depuis quand est-il de retour je veux savoir ?! » « Depuis lundi après-midi, environ… » « Mais ce n’est pas possible ! Ici on le cherche partout ! » « Comme ça, au moins tu ne t’ennuies pas ! », fut sa réponse. « Passe le moi ! » Après un moment j’entendis sa voix à l’autre bout du fil. « Ah, c’est toi, salut ! Quoi de neuf en France ? » « La dernière nouvelle est, qu’ici, depuis trois jours on te cherche partout ! » « Pourquoi ça ? Je vais bien ! » « Pourquoi as-tu disparu si soudainement ? » « Euh, j’ai monté la côte et il y avait Madame Ail (c’est ainsi que nous avions surnommé la mère de Jean-Paul) et nous avons parlé un peu, sans trop se comprendre. Quand je suis arrivé sur la crête, j’avais envie de boire un expresso. Alors je suis descendu de l’autre côté vers la vallée. J’étais bientôt sur la route et j’ai tendu le pouce en l’air. Et le premier qui s’est arrêté se rendait comme par hasard à Paris. Il te connaissait même, il t’a vu dans le troquet une fois. C’était super ! A huit heures du soir j’étais à Paris. Je sirotais quelques expressos et puis j’ai sauté dans le métro, sans ticket, bien sûr, et j’ai quitté le bled. Et je me suis de nouveau posté au bord de la route. Figure-toi que la France est le pays idéal pour les auto-stoppeurs ! Le lendemain midi j’étais de retour à la maison, juste à temps pour déjeuner ! » « Tu aurais au moins pu dire un mot ! » « Tu n’étais pas là ! » « Ou écrire trois lignes ! » « Je ne vais

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