Les Néo-Ruraux Tome 1: Le Berger. Wolfgang Bendick

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Les Néo-Ruraux Tome 1: Le Berger - Wolfgang Bendick Les Néo-Ruraux

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Vite un autre clou en travers, afin qu’elle ne puisse plus bouger ! Le premier choix coûtait plus que le double et nous ne voulions pas poser une piste de danse ! Il fallait faire attention que les jonctions ne soient pas trop près les unes des autres.

      Bientôt la maison sentit la forêt, la résine et le bois. Notre savoir-faire s’améliorait avec chaque rangée posée et nous travaillions main dans la main. Le soir venu, nous avions créé une surface de trois mètres de large devant le foyer. Un feu de cheminée s’imposait ! Pendant que je le préparais, les autres descendirent à la caravane chercher les duvets et les provisions. Bientôt nous étions allongés autour du feu et nous nous mîmes à l’aise. Nous regardions les flammes chaudes, scrutions le bois se transformer d’abord en charbon puis en braise, duquel s’échappait ci et là, comme d’un briquet, un petit jet de gaz brûlant. Bientôt nous succombions tous à sa magie hypnotique. Nous prenions conscience que depuis que l’humanité existe, le feu se trouve au centre de toute vie commune ! Il nous apparut comme le symbole de la force vitale qui nous traversait. Des souvenirs nous submergèrent, d’autres feux et d’autres lieux qui nous avaient unis. A partir de maintenant nous allions dormir dans la maison.

      *

      Ça faisait maintenant plus d’une semaine que les amis étaient là. Entre-temps nous avions commencé le plancher du grenier. Le mauvais temps avait apporté le froid et tout devenait un peu désagréable. Mais le travail nous réchauffait. C’était le soir. Nous étions dans la caravane en train de faire la cuisine. La pluie martelait le toit. Dehors l’eau s’était accumulée dans les traces des roues. Seules les chouettes étaient actives. De partout résonnaient leurs appels et réponses lugubres. J’ouvris la porte de la caravane afin de sortir pour me soulager, parce que la bière allemande provoquait une envie accrue. A ce moment j’aperçus une silhouette s’approcher à travers l’obscurité. En bondissant en zigzag elle essayait d’éviter les flaques d’eau sur le chemin. Qui est-ce que ça pouvait être ? J’allumai la torche. Puis je reconnus le sauteur. C’était Rudi, notre ami autrichien ! On ne s’attendait pas à le voir ! « Hello ! », cria-t-il, « Dommage ! Je voulais vous surprendre ! Mais Ludwig m’a déjà vu et vous a annoncé mon arrivée ! » « Ludwig – ton arrivée ? » Je ne comprenais rien. De nouveau une chouette cria. « Là, tu l’entends ? Il appelle de nouveau ! Il doit être quelque part sur la pente ! » « Rentre d’abord au sec ! », lui dis-je. Nous nous saluâmes. On se serra un peu et je posai une autre assiette sur la petite table. Quelqu’un lui donna une bouteille de bière et je remplis les assiettes. « Qu’est-ce qu’il fait Ludwig, pourquoi il ne rentre pas ? », voulait-il savoir. « Il y a dix jours que Ludwig n’est plus là. Il est rentré par autostop sans dire un mot ! », et je lui racontai l’histoire en trois mots. « Et moi, j’ai fait 1300 kilomètres pour le chercher ! Nous avions prévu de voyager encore une semaine à travers la France comme Astérix et ‘Le Tour de Gaule’ ! » « Je croyais qu’il t’avait averti ! », répondis-je. On se mit à table en échangeant des nouvelles. « Vous savez quoi ? », dit-il après un moment, « d’après ma carte, l’Espagne n’est pas loin. Demain nous y irons tous ! Par ce temps de cochon vous ne pouvez pas travailler ! » Après manger il alla chercher sa ‘mallette à échantillons’ dans la voiture et sa machine à rouler et se mit à fabriquer un pétard. Il me le tendit pour l’allumer. « Non merci ! », je refusai, « pour le chantier j’ai besoin d’une tête lucide ! Pour l’instant je reste abstinent ! » Il l’alluma lui-même. La fumée commençait à rendre l’air de la caravane plus épais. L’ambiance monta de quelques degrés. Il alla chercher son magnétophone à cassettes et y introduisit les « Dubliners ». Plus tard nous lui laissâmes la caravane et montâmes vers la maison.

      Le lendemain matin nous visitâmes le chantier et les terres. Il fut bientôt midi. Puis nous partîmes tous les quatre dans sa Simca rouge à travers le col, vers l’Espagne. La pluie s’était remise à tomber et au col on se retrouva en plein dans les nuages. Dommage, car de là, on avait une vue magnifique sur notre ferme ! Rudi descendit presque en tâtonnant la route étroite et sinueuse. Nous ne voyions que vaguement les arbres pleins de lichen et le sous-bois couvert de buis. Lentement la visibilité s’améliora. Bien sûr, les douaniers espagnols eurent quelques questions à nous poser. Au deuxième village espagnol Rudi s’arrêta. « Je vous invite tous à manger ! », dit-il en nous dirigeant vers un restaurant. Mais il était déjà trois heures passé, un peu tard, même pour l’Espagne ! On nous conseilla d’attendre le dîner. Mais c’était trop tard pour nous. Nous déambulâmes alors à travers les ruelles peu fréquentées. Des échoppes de souvenirs alternaient avec des boutiques de mode et des magasins pour alcool et cigarettes. Face à la bruine omniprésente, nous nous réfugiâmes dans un bar, commandâmes quatre verres de rouge en grignotant des cacahuètes. Soudain les verres et les bouteilles dans les étagères se mirent à danser. Tout le monde se précipita dehors. Nous restâmes, en pensant qu’un train était passé derrière le bâtiment. Quelqu’un revint, nous prit par les manches et nous traîna à l’extérieur. Il baragouina quelque chose comme « terremoto », « seismo ». Là on avait compris ! Tout le monde parlait avec excitation. Quand, après un moment, tout redevint calme, les premiers rentrèrent dans le bar. Nous les rejoignîmes et le barman paya une tournée pour la survie. Par un temps pareil même l’habituel « midi ensoleillé » paraissait gris. L’estomac vide, nous rentrâmes en France.

      *

      Lentement les gouttes se transformèrent en flocons. En approchant du col, la couche de neige sur la route s’épaissit de plus en plus. Les branches alourdies par la neige se courbaient au-dessus la chaussée. La voiture chassait dans les virages et l’avance devint pénible. Nous n’étions qu’à 100 mètres du col quand la voiture s’arrêta. Mais très brièvement, puis elle commença à reculer en glissant. Nous parvînmes tous les trois à sauter dehors et commençâmes à pousser, pendant que Rudi appuyait en vain sur les freins. « Qu’est-ce que tu as sur les jantes, ce sont des concombres, pas des pneus ! », s’étonna Rolf. « J’ai mis exprès les vieux pneus d’été, en les croyant suffisamment efficaces ici dans le Midi », se défendit Rudi. Alors c’était ça ! Et c’était à nous maintenant de pousser la bagnole jusqu’au col ! Et nous réussîmes !

      Arrivé en haut, Rudi sortit son appareil photo de la boîte à gants et déclama de façon théâtrale : « Des instants pareil méritent d’être capturés pour la postérité ! » Et paf, il reçut une boule de neige en pleine figure ! Nous le laissâmes descendre seul. C’était trop risqué, de rentrer dans sa luge ! Comme des dunes blanches les montagnes s’étalaient à nos pieds. Malheureusement les plus hautes se cachaient dans les nuages. Et sur l’une de ces dunes se trouvait notre ferme. Mais toutes ces dunes avaient la même apparence… « Je vous invite tous à manger ! », dit Rudi. « C’est la deuxième fois que tu nous invites, nous ne pouvons pas accepter ça ! », se moqua Reiner. Nous nous mîmes à la recherche d’un panneau « Restaurant ». Dans le premier bled que la route traversait en serpentant, rien ! Mais dans le deuxième nous trouvâmes un panneau « Auberge de l’Izard ». Il n’y avait que le bar d’ouvert. Apparemment c’était l’heure de l’apéro. Demander ne coûte rien ! La patronne nous observa en se demandant si ça ne vaudrait pas mieux de nous dire que le cuistot était de repos. Mais son sens des affaires fut plus fort et elle ouvrit la porte de la salle. Elle alluma les néons et nous guida dans une pièce oblongue sentant un peu le moisi, où deux rangées de tables couvertes de nappes cirées nous attendaient. Elle nous plaça à proximité de la cheminée ouverte, qui n’était pas allumée. Puis elle posa une bouteille de gaz équipée d’un dispositif de chauffage à nos côtés et demanda qu’est-ce que nous voulions boire. Bien sûr tout le monde réclama un Pastis, sauf moi, qui optai pour une bière. Rudi, parlant bien le Français, était déjà en pourparlers pour le repas.

      « La bonne dame demande si on se contenterait de quelque chose de simple, car pour l’instant ils ne sont pas bien préparés à accueillir du monde ! », expliqua Rudi. « N’importe quoi, à condition que ce soit comestible ! » Pendant ce temps

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