Les Néo-Ruraux Tome 1: Le Berger. Wolfgang Bendick

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Les Néo-Ruraux Tome 1: Le Berger - Wolfgang Bendick Les Néo-Ruraux

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de rire. Chacun essayait sans doute de s’imaginer la scène. Pour s’habiller c’était pareil. En tout cas il n’arrivait plus à se baisser suffisamment pour rentrer le bas de son pantalon dans ses bottes. Il se leva, saisit un balai et avec le manche il inséra son pantalon dans sa botte. Leur rire s’étendit à travers le petit village. Ces descriptions détaillées semblaient plaire à sa copine.

      Il m’assura que c’étaient les meilleures bêtes du monde. Il ne vendait que les meilleurs animaux. Sinon il était prêt à les reprendre ! Mais nous connaissions l’espèce des marchands de bétail encore moins que les chèvres. En Allemagne, pendant une tempête de neige, l’un d’entre eux m’était rentré dedans avec sa Mercedes et son van. Nous étions d’accord de ne pas faire marcher l’assurance pour une pareille bagatelle ! « On va régler ça entre nous ! » J’étais d’accord avec lui. N’ayant pas d’argent sur lui il me donna sa carte et me demanda de passer lundi chez lui. Bien sûr, il resta injoignable et ses sous aussi !

      En tout cas ici les marchands d’animaux semblaient préférer une vie insouciante aux affaires. Avant d’arriver, Jean-Paul m’avait soufflé quel prix maximal payer. Et après une brève discussion nous nous mîmes d’accord. Entre-temps, Yvonne, la compagne du « maquignon », comme on appelle ici ces marchands, avait commencé à poser les assiettes sur la table. Et elle obligea tous ceux qui voulaient s’en aller à rester. Et nous aussi. Tard dans la nuit, je rentrai à la maison où tout le monde dormait déjà. Nous allâmes chercher les chèvres le lendemain.

      *

      Nous avions donc les chèvres. Nous les attachâmes avec de longues chaînes à des piquets dans les prés. Ainsi au moins elles ne pouvaient pas faire de bêtises et étaient obligées de bien nettoyer le terrain ! Parfois en les récupérant le soir pour les enfermer, elles avaient tellement enroulé leurs chaînes autour des arbres ou des ronciers, qu’elles étaient à court de souffle ! Est-ce qu’elles tournaient toujours dans le même sens, comme l’eau, quand on tire la bonde de la baignoire ? Ce serait un bon sujet de doctorat ! A la foire de Saint Girons, qui avait lieu chaque deuxième et quatrième lundi du mois, nous achetâmes quelques poules pondeuses pour nos futurs œufs, des pintades, parce qu’elles étaient si belles, et deux jeunes oies comme gardiennes. Car celles-ci avaient sauvé Rome à l’époque et allaient nous avertir des visites de Jean-Paul à l’avenir ! Il nous manquait encore une vache.

      Une fois de plus, ce fut notre pot-de-colle de livreur de lait qui nous conseilla. Deux villages plus bas que Bourguiba, un autre paysan exerçait le même commerce. Les marchands d’animaux semblaient ne pas manquer dans la région, comme l’attestaient les costumes et manteaux noirs à la foire ! On se sentait presque comme à Rome sur la place St. Pierre ! Jean-Paul nous avait expliqué que ce maquignon avait une jambe en bois. Cela l’empêchait de marcher, mais nullement de conduire une voiture ! Comme il nous l’avait dit, il avait la vache qu’il nous fallait. Petite, jeune et habituée à être menée à la corde comme un chien, ou à brouter en étant attachée à un piquet. Ça sonnait plutôt bien ! En plus elle venait de mettre au monde une petite vêle. Quand nous la regardâmes et qu’elle nous observa avec ses yeux entourés de longs cils, nous donnâmes raison au marchand. C’était notre vache ! Il ne restait qu’à se mettre d’accord sur le prix. Jean-Paul m’avait soufflé un nombre dans le dos du maquignon. Est-ce qu’il s’y connaissait vraiment aussi bien en vaches ou avait-il auparavant fixé un prix avec le marchand incluant un pourboire pour lui ? J’étais convaincu qu’il allait avoir sa part ! Après une demi-heure de marchandage au cours de laquelle le maquignon trouvait de plus en plus de qualités à la bête, qui auraient justifié un prix beaucoup plus élevé, nous nous mîmes d’accord. Nous fîmes d’abord monter la petite, puis la mère dans le fourgon du marchand, qui nous suivit jusqu’à la côte en bas de chez nous. Nous payâmes les animaux, on nous donna les papiers de la vache, puis nous les montâmes chez nous. Il fallut du temps, car la vache trouvait de l’herbe appétissante en bordure du chemin, ou alors elle attendait sa vêle qui contemplait des fleurs ou un premier papillon.

      *

      Au-dessus de la maison au milieu d’un pré se trouvait un grand parc clôturé avec du grillage qui avait sans doute servi à l’ancien propriétaire pour y enfermer ses brebis la nuit. A l’intérieur l’herbe était plus haute que dehors, sans doute à cause du bon engrais. Nous y enfermâmes la vache, gardant la petite dans l’étable afin qu’elle ne puisse pas téter. Nous la trayions deux fois par jour en gardant un peu de lait pour nous. Avec le reste nous faisions téter le veau dans une bouteille, afin que plus tard, quand il sortirait, il ne tête plus au pis de sa mère. Au début nous enfermions la vache la nuit. Les nuits étaient encore froides et le temps assez souvent maussade. Sur un côté de l’étable il y avait encore un râtelier. Il manquait quelques barreaux que nous remplaçâmes par des tiges de noisetiers. Le vieux foin du fenil était apprécié par notre « Marie » - comme nous l’avions baptisée - les jours où elle ne pouvait pas sortir.

      Entre-temps le travail à la maison continuait. Heureusement, les travaux que nous avions au départ considérés comme urgents ne l’étaient pas tous. Car la bâtisse avait déjà tenu des siècles et ne s’écroulerait pas dans les quinze jours à venir. Elle avait même survécu à un autre tremblement de terre ! Nous étions tous en train de dormir quand un gémissement venant des profondeurs de la terre m’arracha du sommeil. Je réveillai tout le monde et les poussai à descendre dans la cour rapidement. Doris était tellement fatiguée qu’elle dit « Tiens-moi au courant quand tout sera fini ! » Mais face à notre insistance elle finit par descendre.

      Ce qui s’avérait être très urgent, c’était de clôturer les terres. Car après deux jours notre Marie avait mangé toute l’herbe du parc. Ne trouvant plus rien à l’intérieur elle avait passé sa tête par-dessus le grillage et continué de brouter. Sans vraiment s’en rendre compte, en avançant elle avait plié la clôture vermoulue et était sortie. Maintenant elle allait là où l’herbe était la plus verte. Mais il s’agissait des prés où nous avions prévu de faire du foin plus tard ! Nous l’attachâmes quelques jours à un piquet. Seulement voilà, une vache mange beaucoup plus qu’une chèvre ! Elle a aussi besoin d’eau pour boire. Il nous fallait une clôture électrique ! Alors nous descendîmes en ville, à la coopérative, pour voir ce qu’ils avaient. Ils en avaient qui fonctionnaient sur batterie non rechargeable. Une fois vide, celle-ci devait être jetée. Ce n’était pas pour nous ! Il y avait encore les vieux modèles qui fonctionnaient avec une batterie de voiture, avec un condensateur à l’intérieur et un disque en métal oscillant qui rythmait l’impulsion des décharges. Ça existait déjà quand j’étais enfant. Cet appareil avait donc fait ses preuves ! Ceci nous permettrait de charger la batterie dans la voiture, n’ayant pas de courant à la maison. Nous achetâmes également quelques rouleaux de fil de fer galvanisé afin de clôturer un grand morceau de pré. Au début la vache semblait être contente.

      *

      Mais il ne poussait pas que de l’herbe chez nous. Et en plus, c’était une espèce d’herbe sauvage, très fine avec peu de feuilles, qui avait prospéré ici par manque de fertilisation. Laisser la terre pendant une période en jachère, afin qu’elle puisse se régénérer ? Penses-tu ! Ici en tout cas c’était le contraire qui s’était produit et les prés avaient dégénéré ! Et partout des pousses semblables à des pieds de lièvres sortaient de la terre, beaucoup plus vite que l’herbe. Une fois sorties du sol elles se déroulaient, se transformant en feuilles d’un vert tendre, puis sur une tige de l’épaisseur d’un doigt, tentaient de toucher le ciel. Des fougères ! Quand je les trouvais sur mon chemin je les écrasais avec les pieds ou je les décapitais avec un bâton. Au début c’était facile, elles n’étaient que des masses vertes contenant beaucoup d’eau. Plus tard les plantes devenaient plus fibreuses et il fallait une faux ou la motofaucheuse pour les éliminer. Et il nous fallait les éliminer, car bientôt elles étoufferaient toute herbe sous leurs frondes et obstrueraient

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