Les Néo-Ruraux Tome 1: Le Berger. Wolfgang Bendick

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Les Néo-Ruraux Tome 1: Le Berger - Wolfgang Bendick Les Néo-Ruraux

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le temps et m’accompagnerait. Alors nous nous mîmes en route. D’abord par-dessus le Col de Portet d’Aspet, puis, une fois en bas, nous nous dirigeâmes vers le sud et plus tard nous remontâmes une vallée par une route en lacets. En hauteur, une station de ski était en construction. Les panneaux indiquaient « Le Mourtis ». Peu avant, nous bifurquâmes dans une petite vallée, et la route se transforma en un chemin délavé et traversa une forêt de grands hêtres. Au seul endroit un peu large étaient garées quelques voitures et épaves. « Ça devrait être par-là, j’ai déjà été ici ! », dit-il et nous garâmes le combi. Nous montâmes un sentier en zigzag en suivant un câble en acier qui servait comme monte-charge. Au terminus du câble se trouvait une vieille maison. Là vivaient des jeunes gens en communauté. Ils avaient une petite douzaine de vaches suisses et fabriquaient du fromage. Ils possédaient aussi quelques brebis, pour mieux utiliser les terres, comme ils l’expliquèrent. Ils étaient en train de fumer un joint et nous l’offrirent. Nous refusâmes. On commença à parler chiens. Ils nous avaient salués en arrivant, des petites bêtes maladroites et mignonnes, qui essayaient de grignoter nos chaussures.

      Nous regardâmes leur téléférique et leur expliquâmes notre système. Derrière la maison le terrain était plus plat. Leur problème majeur était de ne pas avoir accès à la route. Et de ne pas être branchés au réseau d’eau publique. C’était la raison pour laquelle ils ne pouvaient pas vendre leurs fromages officiellement. « Quelque réglementation européenne, mise en avant par les grandes entreprises ! De mémoire d’homme les gens ont toujours bu aux fontaines. Et tout à coup c’est interdit ! Probablement parce qu’entre-temps ailleurs tout est devenu tellement pollué qu’on ne peut plus boire l’eau de source ! Le grand business de l’avenir ! », expliquèrent-ils. Mais jamais quelqu’un ne viendrait contrôler ça. Les chiots nous avaient suivis pendant notre visite de la ferme. « Choisis-en un ! Cela en fera déjà un de moins ! » Je choisis un mâle, bien que Jean-Paul affirmât qu’une chienne serait mieux. Je leur donnai 50 francs même s’ils ne demandaient rien. Le chiot dans mes bras nous entamâmes la descente.

      Dans la voiture je demandai à Jean-Paul ce qu’il pensait du chien. « Tu as vu ses pattes ? Il deviendra bien grand ! En tout cas, les parents sont de bons chiens ! Tu as vu comment ils ont fait avec les vaches ? C’est bien, quand un petit chien n’a pas peur. Je ne sais pas si tu l’as entendu, mais quelqu’un a dit que la mère du petit avait déjà tué des moutons. Ça peut être dans le sang, mais pas obligatoirement. Surveille le bien, afin qu’il n’y aille pas trop fort, surtout qu’il ne goûte jamais de sang ! » « Qu’est-ce que ça veut dire ? » voulus-je savoir. « Eh bé, qu’il ne blesse jamais un animal pendant son travail, de telle sorte qu’il saigne ! Et ne lui donne jamais de la viande crue à manger, surtout pas des animaux qu’il doit garder ! Quand tu tues une brebis ne lui donne jamais les intestins à manger, ni d’autres déchets. Enterre-les toujours assez profond que le chien ne puisse pas les sentir. S’il les déterre une fois pourris, c’est pas grave ! » Certes, pour l’instant il n’était encore qu’une boule de poil innocente avec laquelle les enfants aimaient beaucoup jouer.

      *

      Tant que les vaches étaient encore dans l’étable pendant la nuit, nous les trayions à l’intérieur. Bien sûr, les enfants étaient toujours avec nous ou quelque part en vue. Ils s’exercèrent aussi aux pis. Heureusement les vaches se laissaient faire ! Notre fils réussit le premier à faire sortir une goutte de lait, bientôt même un petit jet du pis. D’abord il dirigea le jet dans sa bouche, plus exactement en plein dans la figure. Il s’essuya en riant. Ça lui donna l’idée d’asperger sa petite sœur qui décampa vite en pleurant.

      Un jour nous avions dû traiter les chèvres contre la gale avec la sulfateuse. Elles perdaient leur poil et nous avions demandé ce qu’il fallait faire au vétérinaire. Il nous avait donné un produit à base de thym. En tout cas il ne sentait pas mauvais. Néanmoins nous ne voulions pas avoir les enfants à proximité et nous les envoyâmes jouer devant la maison. Doris tenait les animaux pendant que je leur passais le produit. Quand, après une demi-heure, ayant fini avec les bêtes, nous passâmes devant la maison, il n’y avait plus qu’Emanuel qui jouait dans le sable. Il ne savait pas où était passée sa petite sœur. Nous eûmes très peur ! Par où pouvions-nous commencer à la chercher ? À ce moment-là Jean-Paul, tout essoufflé, monta la côte en courant. « Votre petite est en bas à côté du pont du ruisseau ! J’ai voulu la monter avec ma mobylette, mais elle n’a pas voulu ! » Nous lui demandâmes de rester avec le gamin, descendîmes la colline en courant et puis nous nous précipitâmes vers la vallée avec le combi. Nous la trouvâmes pas loin du ruisseau, ne sachant plus où elle se trouvait. Voyant le fourgon, elle fit demi-tour et courut vers nous. Nous sautâmes dehors et elle courut droit dans nos bras !

      *

      A quelques mètres devant l’étable, j’enlevai une partie du talus à la pioche, coulai une dalle armée de 2,5 X 3,5 mètres. J’y construisis un grand bac avec des parpaings, environ 1,50 mètres de haut, que, une fois crépi et sec, j’enduisis avec du goudron pour fondations. Celui-ci allait servir en alternance comme fosse à purin pour les vaches ou comme réserve pour la future turbine. Nous couvrîmes le haut avec une couche d’arbres et entassâmes le fumier des vaches au-dessus. Le purin traversait la cour dans une rigole et se déversait dans le bac. Immédiatement les poules se mirent à tout éparpiller. Devions-nous les enfermer ? Nous préférâmes clôturer le tas de fumier, laissant les poules courir partout pour les serpents. Quand elles en voyaient un, un tressaillement rapide du cou et le serpent se trouvait dans le bec. Puis deux moitiés du serpent tombaient par terre, tout de suite attrapées par les autres poules qui accouraient de partout, et encore coupé en deux… La poule qui avait trouvé le serpent avait du mal à avoir sa part du butin ! Même si la tête du serpent essayait de mordre la poule, cet effort désespéré échouait systématiquement à cause du plumage des poules qui faisait office d’armure. Malheureusement la plupart des reptiles transformés en œufs étaient des orvets de couleur cuivre en non pas des vipères. Parfois nous surprenions au jardin ou sur le terrain des serpents vert clair d’une longueur de 1,50 mètres ou plus. D’après Jean-Paul ceux-ci n’étaient pas dangereux.

      Afin de garder les poules un peu éloignées de la maison et de ne pas toujours avoir leur fiente sous les semelles, notre nouveau chien, baptisé Frodo, s’avéra très utile. Il nous démontra qu’il avait hérité de l’instinct du chien de troupeau en poussant les poules devant lui. Mais quand nous le surprîmes en train de mâcher une poule morte avec ses dents de lait, il nous fallut intervenir d’un point de vue éducatif. Jean-Paul qui venait juste de se pointer nous conseilla d’enfermer tout de suite chien et poule dans un sac à patates et de bien taper le sac un bon moment avec un bâton en criant « non ! » Ça corrigera le chien une fois pour toutes ! C’est ce que nous fîmes, en l’absence des enfants bien sûr ! Le chien nous faisait pitié. Mais nous dûmes le faire, tout de suite, sinon il serait trop tard ! Quand enfin nous libérâmes le chien et la poule et posâmes la poule à côté de lui, il détourna la tête. Nous laissâmes la poule un moment dans la cour et observâmes le chien en cachette. Il ignorait la poule et faisait un détour autour d’elle, quand il traversait la cour. Le soir venu nous enterrâmes la poule. Notre méthode « orthodoxe » avait-elle donc fonctionné ?

      *

      Pour les marchands de bestiaux du coin, il semblait que nous étions une aubaine. Il y en avait un dans chaque village. Souvent il était aussi paysan. Pour les marchés et leurs transactions ils se mettaient une blouse noire et ressemblaient plutôt aux pompes funèbres. Ils étaient joviaux, invitaient à boire un verre et ne parlaient de leurs bêtes qu’en passant. Ne connaissant pas le prix et étant incapables de déterminer l’âge d’une bête, ils croyaient qu’ils auraient la vie facile avec nous. Peut-être était-ce notre méfiance subconsciente qui leur faisait croire que nous nous y connaissions en animaux ! Les chèvres et les brebis n’avaient pas de papiers ou de médailles dans les oreilles. Par contre, les vaches

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