Les Néo-Ruraux Tome 1: Le Berger. Wolfgang Bendick

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Les Néo-Ruraux Tome 1: Le Berger - Wolfgang Bendick Les Néo-Ruraux

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papiers pour une vache qui n’en avait pas. Là on pouvait donner n’importe quelle date de naissance. Avec les chevaux c’était pareil. Heureusement, Jean-Paul ou son père Elie étaient souvent avec nous quand nous cherchions des animaux. Ils nous soufflaient à l’oreille quel prix était correct ou quel défaut un animal portait. Car nous en étions conscients : une bonne bête, on ne la vend pas, on la garde !

      Maurice, qui habitait le village plus bas, était un de ces maquignons. Il avait dans les 60 ans. Avec des aides européennes accordées à des éleveurs de montagne, il avait fait construire deux grands hangars pouvant contenir facilement 400 brebis. Pour gérer un tel nombre de bêtes, il avait besoin d’un domestique, Claude, qui faisait tout sauf conduire le tracteur. Dans la vallée, on racontait que Claude avait rejoint la police quand il était jeune, afin de sortir de la misère paysanne. Il avait même été muté dans la capitale où il avait été affecté à la circulation. Depuis toujours il aimait la boisson et la convivialité. Un jour, il avait été convoqué chez son supérieur, qui lui reprocha de ne pas rédiger de PV. La police devait vivre de quelque chose, tout de même ! Il fallait que ça change ! Il devait intervenir plus énergiquement et ne plus céder aux discussions ! C’était assez clair et il le prit à cœur.

      Le lendemain, alors qu’il réglait la circulation, une limousine noire traversa le carrefour à toute allure sans se soucier de ses instructions et ne s’arrêta même pas quand il siffla. Il nota le numéro et déposa une plainte. Quelques jours plus tard, il fut de nouveau convoqué au bureau du chef. Se réjouissant, il entra dans l’attente de félicitations. Mais son chef était furieux ! Il avait déposé une plainte contre l’ambassadeur d’Allemagne. On lui demanda de retirer immédiatement la plainte ! Il refusa d’après le principe : « Devant la loi, tout le monde est égal ! » Pourquoi accorder des droits spéciaux à l’ambassadeur allemand ? Ce fut la fin de sa carrière dans la police. Bientôt il fut de retour dans son village natal et donnait des coups de main aux voisins. « Paris ? Laisse tomber ! On n’est mieux nulle part ailleurs qu’ici, dans la Belleverte ! »

      *

      Le maquignon qui nous avait vendu la première vache nous fit savoir par Jean-Paul qu’il avait le cheval idéal pour nous. Jeune, dressé et en plus prêt à faire son petit ! « Calina » était son nom. Nous nous y rendîmes le soir même pour la voir car nous avions besoin d’un animal de trait et de somme afin de ne pas toujours devoir transformer la motofaucheuse en treuil. Elle était de robe baie, de taille moyenne, pas très large. Mais assez forte et surtout calme, ce qui était important à cause des enfants. Dressée était exagéré, mais elle compensait ce manque par son caractère doux et son intelligence. Jamais elle ne s’effarouchait et elle faisait des efforts pour nous satisfaire. Elie nous donna un collier et une barre de trait. J’achetai des chaînes à la foire et nous fîmes les premiers essais de transport. Tout allait à merveille ! Peut-être que mes expériences étant enfant y étaient pour beaucoup, car chez les voisins tous les gros travaux étaient faits avec un cheval. Bientôt elle mit au monde un poulain que nous baptisâmes Claudius.

      Mes préoccupations principales étaient les terres et les animaux. Doris, quant elle, s’occupait des enfants, de la maison, du jardin. Ici il y avait un peu plus de terre qu’au champ. Sans doute, dans le passé, il avait été mieux fertilisé, étant situé en contrebas de l’étable. Nous brûlâmes aussi l’immense tas de bois issu de la démolition pour avoir plus de surface disponible. Un malaise nous envahit lorsque les flammes jaillirent dans le ciel, seulement à quelques mètres devant la maison ! Le bois sec brûlait comme une allumette ! Nous avions préparé quelques seaux d’eau et le tuyau d’arrosage. Finalement, la transpiration d’angoisse fut la seule eau que nous fîmes couler ! A cet endroit, le sol se laissait travailler facilement et bientôt, nous y récoltâmes les premiers radis et salades. Nous ramassions du pissenlit et de l’oseille dans les prés. Marcelle, la mère de Jean-Paul nous montra l’ail et les asperges sauvages, qui poussaient à certains endroits. Coupés en petits morceaux, ils amélioraient notre quotidien.

      Autour de nous, sur les grises pentes boisées, commençaient à briller les premiers merisiers, semblables à des torches blanches. Suivirent les épines noires et les prunes sauvages avec leurs voiles blancs. Bientôt nous aperçûmes ci et là, comme un souffle, le premier vert tendre des bouleaux. Comme si les autres arbres avaient attendu ce signal, ils commencèrent petit à petit à déplier leurs feuilles de sorte que, après une bonne semaine, les flancs des coteaux autour de nous scintillaient de toutes les nuances de vert. Les oiseaux migrateurs étaient de retour et nous réveillaient à la première lueur du jour. Nous ouvrîmes les fenêtres pour les écouter. Ici leur chant nous semblait plus intense ! Bientôt nous entendîmes le premier coucou, pendant que le vert continuait de se propager vers le haut de la montagne. A quelques endroits, sur le versant nord, persistait la dernière neige. Le printemps était arrivé !

      *

      L’herbe aussi, motivée par la tiédeur, commença à pousser et nos chèvres avaient les cornes vertes, car elles devaient brouter les feuilles sous les fougères qui se dépêchaient de sortir. La trop longue jachère n’avait pas fait du bien à nos terres. La terre semblait être morte. Les seuls vers de terre, signe de fertilité du sol, se trouvaient dans notre tas de fumier ! Dans la vallée, les gens disaient que leurs bêtes avaient déjà envie de monter sur les estives. Mais nos bêtes à nous avaient plutôt envie de descendre, les terres se trouvant en bas étant beaucoup plus vertes ! Jean-Paul et ses parents lâchaient encore leurs brebis sur nos terres quand nous n’étions pas sur place. « Bientôt elles partiront à la montagne. Puis il faudra faire le foin. Si vous voulez, vous pouvez nous aider et nous vous en donnerons la moitié pour l’hiver ». Ça sonnait bien ! Mais attendons la réalité…

      A certains endroits, les fougères s’élevaient à un mètre de haut, empêchant le peu d’herbe maigre de prospérer. Il fallait d’abord les couper sur la grande pente au-dessus de la maison. C’était une surface de presque cinq hectares parsemée d’immenses ronciers et de petits arbres qui y avaient trouvé racine. La motofaucheuse était de marque suisse avec un essieu sans différentiel. Ayant un moteur 4-temps elle consommait peu, même pas deux litres par heure et ne sentait pas mauvais comme les 2-temps. Bientôt je commençai à réussir à la manier et j’arrivais à faire demi-tour. Sur nos pentes raides c’était facile, car le poids de la machine reposait sur la roue du bas. En appuyant sur les manches, la barre de coupe se levait et il était possible de faire pivoter la machine de 180 degrés autour de la roue qui se trouvait côté vallée. Dans ce laps de temps, la machine était presque en apesanteur ou en équilibre sur une roue. Mais il fallait être prudent pour ne pas la renverser. Et c’est ce qui arriva ! Soudain la faucheuse se trouva couchée sur le dos, comme une tortue rouge géante. J’arrêtai immédiatement le moteur et fermai le robinet d’essence. Mais malgré tout, de l’essence s’écoula du carburateur et s’évapora sur le pot d’échappement. Je descendis chercher Doris et ensemble nous réussîmes à la remettre sur pied. Seule la bougie était cassée, mais il s’en trouvait une autre dans la boîte à outils. Suite à cet incident, je commandai un kit d’élargissement chez le concessionnaire à St. Girons.

       J’avais rehaussé les patins de la barre de coupe servant à régler la hauteur, afin de laisser l’herbe mais de couper surtout les fougères. D’abord, quand c’était possible et que le terrain n’était pas trop pentu, je fauchais une ou deux largeurs autour du pré. Ainsi il était plus facile de tourner et de couper une nouvelle bande de la parcelle. La largeur de coupe était de 1,50 m. Plus large, ça n’aurait pas été pratique sur ces terres irrégulières. J’attaquai les ronces seulement avec une moitié de la barre de coupe. Les petites furent coupées rapidement et parfois descendaient la côte en boule. Je rentrai dans les plus grands ronciers en avançant, afin d’arriver le plus loin possible en profondeur, avec comme résultat, que les ronces s’accrochaient à la barre ou s’enroulaient autour des roues. J’avais souvent dû libérer ma machine à l’aide de mon couteau de poche Opinel. Même

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